GUILLAUME EXBRAYAT : « CHACUN DOIT CONSERVER SON CALME ET AFFRONTER CETTE CRISE DANS L’HONNEUR »

Publié le par Alain

Alors que la belle unité de la filière du diagnostic immobilier affichée depuis le début de la crise sanitaire se fissure quelque peu, le président du réseau Diagamter appelle la profession à rester digne, « une valeur qui nous remboursera largement le coût de cette crise ».

 

Guillaume Exbrayat, beaucoup d’yeux sont braqués actuellement sur notre filière qui tient une partie de la solution pour faire redémarrer progressivement les ventes immobilières. Or des comportements de certains acteurs ces derniers jours fragilisent la belle unité affichée par la filière depuis le début de la crise sanitaire. 

 

Je qualifierais poliment « d’agité » le climat de la semaine qui s’achève.  J’ai eu l’occasion d’échanger en trois jours avec bon nombre de dirigeants des principales structures de diagnostic, qu’il s’agisse d’entreprises intégrées ou de réseaux de franchises, et bien sûr de responsables de la FIDI et de la CDI FNAIM dont nous sommes membres. L’unité affichée par la profession à la suite de la réunion du 16 mars est en effet en train de se fissurer. Je vois comme vous pointer des tensions stériles entre les entreprises, des tensions stériles entre les fédérations.  Gérer les tensions, rassembler, tous ceux qui dirigent un réseau connaissent la complexité de la tâche, sans jamais être sûrs d’y parvenir totalement. En 22 ans, Diagamter a su le faire honorablement, chacun le reconnaitra. Vous aurez d’ailleurs sans doute observé que Diagamter est une marque plutôt communicante, et que depuis le début de la crise du covid-19, nous avions décidé de ne pas nous exprimer en tant qu’entreprise. Nous nous autorisons quelques commentaires sur les réseaux sociaux pour souligner le travail des fédérations et raconter comment le réseau Diagamter s’est organisé pendant le confinement, comment il vit cette épreuve rassemblée !

 

Notre profession est-elle condamnée à se diviser à la moindre occasion, et ce à tous les niveaux, que ce soit pour revendiquer la paternité d’une initiative collective ou parce qu’un acteur de la filière n’a pas vu son logo sur le communiqué commun du 24 mars ? 

 

Je pense qu’il faut d’abord partager l’essentiel, les valeurs, la vision. Les énoncer car l’essentiel est non négociable, c’est le socle commun qui s’impose à tous. Puis dans un second temps, et parce que l’essentiel a été partagé, accepter les différences, la personnalité des uns et des autres, les talents, les moyens. Se fédérer n’est pas s’aliéner, se dissoudre dans le collectif, s’obliger au consensus. Se fédérer c’est simplement partager l’essentiel. Nous avons posé un acte fort le 16 mars. Nous étions 26 ou 28 acteurs du diagnostic immobilier et bien d’autres étaient légitimes pour y participer, mais il fallait agir rapidement. Au-delà de ce groupe, c’est je pense la position unanime de la profession qui s’est exprimée. Nul ne peut donc se prévaloir d’être l’auteur de l’appel au respect du confinement et la mise en chantier du guide d’intervention. Les deux fédérations FIDI et CDI FNAIM y ont joué un rôle particulier, chacun apportant ses compétences techniques, ses idées. C’est ce que l’histoire retiendra et c’est bien ainsi.

 

« Nous allons tous perdre de l’argent, nous allons tous souffrir les deux prochaines années à remonter nos activités. »

 

Mais deux semaines se sont écoulées depuis. Deux longues semaines. Les dirigeants de société mesurent peu à peu l’impact de la situation dans leurs comptes, l’issue du confinement n’est ni datée ni organisée. Le stress et la fatigue montent de partout, un dirigeant ne se soustrait pas davantage à la tension qui touche la population, qui compte ses morts. Ces deux semaines devaient nous apporter le graal : un protocole pour retravailler, sauver ce qui peut l’être. Retravailler en préservant l’essentiel, ce qui garantit l’unité : agir d’abord en préservant la santé de la population, de nos collaborateurs, puis agir au service de clients en situation d’urgence, enfin agir pour nos entreprises. C’est possible désormais, sur une petite partie de nos activités, sur des sites vacants depuis 48h, et encore vacants pendant 48h, avec des protocoles précis et respectés strictement. C’est un premier pas. 

 

Pour les fédérations, la pression sur les responsables est énorme, chacun étant investi de l’intérêt général, chacun voulant légitimement apporter des solutions à ses adhérents. Les décisions sont difficiles à faire partager, le temps toujours trop long. Qu’un mot, un logo, une phrase soit incomprise ou malheureuse, et l’unité est fragilisée. Je connais assez bien les uns et les autres. Nous nous parlons régulièrement et depuis des années. Compétiteurs, adversaires en affaire, j’ai du respect et de l’estime pour la plupart d’entre eux. J’appelle donc chacun à conserver son calme, ne pas s’enflammer à chaque escarmouche, maladresse, ou sur-interprétation.

 

Selon le dernier sondage de DiagActu, autour de 15% des entreprises restent en activité sur le terrain malgré les risques, ou semblent prêtes à redémarrer coûte que coûte avant leurs confrères en escomptant un éventuel avantage concurrentiel. Le jeu en vaut-il la chandelle alors que le marché est très ralenti ? 

 

Un petit pourcentage de la profession, marginal en nombre, mais bien visibles dans nos villes, se comporte mal en continuant le « business a usual », d’autres s’imaginent qu’on gagne un match de football en rentrant sur le terrain 10 mn avant le coup d’envoi, les buts sont plus faciles à marquer, les joueurs sont contents, peut-être aussi l’entraineur, mais vu des tribunes le spectacle n’est pas terrible, et pour tous les joueurs qui sont encore dans le vestiaire à attendre le coup d’envoi c’est assez agaçant.

 

La semaine qui s’ouvre sera notamment déterminante. Les deux fédérations doivent y jouer un rôle primordial. Ayant le privilège de travailler avec la CDI FNAIM et son président Thierry Marchand, je sais qu’un esprit de concorde et d’exigence sur l’essentiel, y prévaudra les prochains jours. J’appelle donc la profession à affronter cette crise dans l’honneur. Nous allons tous perdre de l’argent, nous allons tous souffrir les deux prochaines années à remonter nos activités. Mais sortons grandis en ayant donné au marché du BTP, au marché de l’immobilier, au grand public, à l’administration, aux médias, enfin aux politiques l’image de vrais professionnels, responsables, experts en gestion du risque. Si nous réussissons cela, nous aurons créé collectivement une grande valeur : être dignes de missions toujours plus larges, au service de la protection de population, du bâtiment, au service de la lutte contre le climat. Cette valeur nous remboursera largement j’en suis sûr le coût de cette crise.

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