ILS ONT TENTÉ L’ALTERNANCE, RETOURS D’EXPÉRIENCE Devenir diagnostiqueur immobilier
Face à des formations initiales jugées trop courtes et purement théoriques, l’alternance émerge comme une alternative crédible. Diagactu a recueilli les témoignages croisés de Luc Masson, un diagnostiqueur fraîchement diplômé via l’alternance, et d’Alexandra Roblin, directrice générale du groupe DUO-DIAG qui y recourt régulièrement pour développer ses équipes, afin de décrypter ce modèle qu’ils recommandent.
Lorsqu’il a décidé de se lancer dans le diagnostic immobilier, Luc Masson a rapidement écarté l’option d’une formation classique de quelques mois. « Avec tout ce qu’il faut connaître du métier, il est pour moi impossible d’être opérationnel tout de suite après seulement trois mois de formation », affirme-t-il. Un constat partagé par beaucoup de chefs d’entreprise qui regrettent souvent que les nouveaux entrants soient mal préparés aux réalités du terrain.
L’alternance, étalée sur un à deux ans, offre une autre approche avec une formation qui combine théorie et pratique métier sur le terrain (une semaine de cours pour trois semaines en entreprise dans le cas de Luc Masson). Ce format permet de passer les certifications au fur et à mesure et surtout de mettre en application immédiatement les apprentissages. Se donner le temps d’apprendre tout en étant rémunéré et allier théorie et « partie très pratique sur le terrain » ont été décisifs dans son choix.
Une démarche engageante pour l’entreprise
Pour les cabinets, le recrutement d’un diagnostiqueur certifié classique sans expérience implique une longue (et coûteuse) période d’intégration de plusieurs semaines. Durant cette phase, le tuteur dédié est « bien moins productif avec un planning allégé pour qu’il puisse accompagner les nouvelles recrues », confie Alexandra Roblin. Quitte à investir dans la formation de ses nouveaux collaborateurs, elle a opté à plusieurs reprises pour l’alternance. Le tuteur transmet non seulement la méthodologie technique, mais aussi la culture d’entreprise et les processus internes (utilisation du logiciel, gestion client). Le groupe DUO-DIAG encourage d’ailleurs cette transmission en attribuant une prime d’activité au maître d’apprentissage, reconnaissant le temps et l’énergie investis. L’entreprise va même jusqu’à faire suivre des formations spécifiques aux tuteurs, souvent proposées par les Opco et les organismes de formation, pour accentuer la dynamique de binôme.
Luc Masson, qui a eu deux tuteurs au sein de son cabinet, dont le référent technique, a pu être rapidement mis dans le bain : « À chaque fois que j’étais sur le terrain, c’était en binôme avec lui pour qu’il m’explique bien toutes les pratiques ». Et son entreprise a tout fait pour le mettre dans de bonnes dispositions puisqu’il a pu bénéficier de demi-journées de bureau pour réviser avant les passages de certification.
De l’apprentissage au CDI : un pari gagnant-gagnant et durable
L’alternance est, pour Alexandra Roblin, « le mode de recrutement idéal même si les aides financières ont diminué ». Elle n’est pas utilisée pour pallier un surcroît d’activité, mais comme « une véritable voie d’embauche ». L’objectif est clair : former et fidéliser. Sur les six apprentis accueillis par DUO-DIAG depuis 2014, trois sont d’ailleurs toujours en CDI au sein du groupe et deux se verront proposer une embauche à l’issue de leur alternance.
L’intérêt pour l’entreprise est de minimiser les risques liés au recrutement : « On dispose de quelqu’un qu’on connaît, dont on maitrise les compétences, que l’on a aussi façonné à la culture d’entreprise et à nos méthodologies », explique la DG de DUO-DIAG.
Pour Luc Masson, l’alternance a été un tremplin sécurisant. Immédiatement après son diplôme, il a été embauché dans le cabinet où il a effectué son alternance. Bien qu’il ne se soit pas senti totalement autonome dès le premier jour, il a bénéficié de la confiance de son employeur et du soutien de ses collègues. Il conseille aux jeunes et aux personnes en reconversion de ne pas avoir peur de cette voie. L’alternance « c’est une autre mentalité. Ce n’est pas du 8h/18h assis sur une chaise tous les jours devant un prof ». Il insiste toutefois : « Il faut aussi s’accrocher, il faut réviser, il faut bosser énormément à côté quand même parce que c’est un métier qui demande beaucoup de connaissances ».
Si une entreprise en deçà de 4 ou 5 personnes aura du mal à dégager le temps nécessaire au tutorat, l’alternance s’affirme comme un levier d’intégration intéressant pour des cabinets plus importants. « C’est vraiment un facilitateur d’embauche dans notre activité », conclut Alexandra Roblin.
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