« PERSONNE NE NOUS AVAIT PRÉVENUS » : LES DÉBUTS DIFFICILES D’UN DIAGNOSTIQUEUR SOLO Profession

Clément Sanna
Publié le par Mathias LOVAGLIO

Depuis la réforme de la certification DPE et audit énergétique entrée en vigueur le 1er juillet 2024, les conditions d’accès dans le métier de diagnostiqueur immobilier se sont durcies. Clément Sanna, jeune professionnel installé en Ardèche, raconte ses débuts compliqués, et alerte sur le déficit d’information des futurs diagnostiqueurs quant aux obligations liées à la certification.

Ingénieur en chimie des matériaux hautes performances, passé par la Base navale de Toulon en tant que Responsable Lots de Travaux, Clément Sanna a décidé de revenir en Ardèche, sa région d’origine, pour y créer son entreprise de diagnostic immobilier. « Je ne suis pas issu du monde du diagnostic, mais j’ai toujours baigné dans le monde du chauffage par mon père qui est thermicien », raconte-t-il. C’est pourquoi, il souhaitait faire du DPE et du conseil énergétique le cœur de son activité.

Clément termine ses formations initiales au printemps 2024, ouvre son entreprise à la mi-juillet et commence à exercer en septembre. Mais, très vite, il se heurte aux effets de la réforme des régimes de certification DPE et Audit énergétique : complexité du parcours, manque de lisibilité des obligations, et surtout des coûts jugés exorbitants.

Un parcours semé d’embûches administratives et financières

Clément déplore en effet un manque de clarté sur les nouvelles obligations de tutorat et de contrôle sur ouvrage (CSO), apparues avec la réforme. « On est lâché seul dans le grand bain et je suis tombé des nues car personne ne nous avait prévenus des obligations liées au nouveau régime de certification DPE et Audit énergétique ». Clément ne pensait donc pas qu’il serait aussi vite sollicité par son organisme de certification (OC) pour un CSO de première année, qu’il devrait effectuer un tutorat ou encore que son habilitation pour réaliser l’audit énergétique serait aussi vite menacée. « La seule chose qu’on m’a dite en formation, et je m’en souviens très bien, c’est que nous devions nous attendre à payer les pots cassés, mais on ne nous a jamais dit comment et combien ».

« À peine 15 jours après l’ouverture de ma société et avant même d’avoir réalisé mon premier DPE, j’ai reçu un mail de mon OC me demandant une mission réelle pour le CSO. » Clément découvre aussi qu’il doit réaliser un tutorat. « Sur le principe, je trouve ça normal que les débutants soient contrôlés et le tutorat était très enrichissant et m’a beaucoup appris ». Mais Clément regrette le coût élevé de ces démarches obligatoires, difficilement soutenables pour un débutant : 1 400 € pour le tutorat, 1 200 € pour le CSO, 1 650 € pour la surveillance documentaire (seul point sur lequel Clément avait été informé), soit plus de 4 200 € en quelques mois. « Il faut se calmer, ça fait beaucoup. Tout cela donne l’impression que la certification est devenue un business à part entière. Je n’ai pas toutes les données d’entrée pour savoir combien cela coute aux OF et aux OC, mais financièrement, cela fait beaucoup trop surtout pour une première année d’exercice. »

Parce qu’il est sur un secteur non concerné par les termites et qu’il a fait le choix de ne pas s’équiper pour le diagnostic plomb afin de maitriser ses investissements, Clément va finalement devoir abandonner ses certifications pour ces deux domaines. « Bien sûr, je pourrais réaliser des fausses missions pour conserver mes certifications et faire en sorte que mon OC me dise que je travaille bien et que je sais rédiger un rapport, mais ce n’est pas comme cela que je conçois le métier : je veux faire les choses bien et avec rigueur. » Un moyen d’économiser aussi quelques centaines d’euros sur ses opérations de surveillance et ses obligations de formation continue à venir.

L’audit énergétique, une opportunité envolée

Ayant passé ses certifications avant le 1er juillet 2024, Clément a pu se former à l’audit énergétique et obtenir une attestation provisoire qui arrivait à échéance le 28 février 2025. Alors qu’il pensait pouvoir la prolonger jusqu’en avril 2025, Clément apprend en février qu’aucune prorogation n’est possible. Une mauvaise surprise, alors même qu’il recevait à ce moment-là un flux de missions venant de confrères locaux qui ne proposaient plus l’audit énergétique. Cette opportunité s’est donc brusquement arrêtée à la fin février. Surtout, ne disposant pas d’une attestation prorogée, Clément ne peut donc pas satisfaire aux conditions dérogatoires du décret n° 2023-1219 du 20 décembre 2023 et se voit donc contraint d’attendre plus d’un an avant de pouvoir passer l’extension de certification audit énergétique. Personne ne l’a informé en amont de ces modalités. « Je trouve très bien que la formation initiale soit plus complète car, franchement, la formation en deux jours pour l’attestation, c’était incohérent. Mais me retrouver dans l’impossibilité de passer l’extension de certification à cause des deux ans d’expérience requis m’a fortement impacté. Comme tout diagnostiqueur qui débute, je n’ai pas des missions tous les jours. » Il a le sentiment qu’on bride injustement les nouveaux entrants à qui l’on fait payer les erreurs de quelques diagnostiqueurs peu scrupuleux.

Une passion intacte malgré les doutes

« Je ne demande qu’à travailler et convaincre par mes actions, mais j’ai l’impression d’être mis financièrement à l’épreuve en permanence. Heureusement que j’ai eu des aides régionales et que je touche encore un peu de chômage, sinon je ne sais pas comment je tiendrais. » Malgré ces difficultés qui influent sur son moral, Clément garde intacte sa motivation pour le métier. « Certes, le lancement de l’activité s’avère plus délicat que prévu, mais quand je travaille, je prends du plaisir et vis très bien le métier.»

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Un commentaire

  • ETIC a écrit

    Normal qu’ils ne l’aient pas prévenu vu que c’est une arnaque organisé comme d’habitude sur le dos des pauvres, pour mieux engraisser ces of et oc incompétents.
    Par contre l’excuse de « on m’a pas prévenu  » est toujours facile mais il faut être aveugle car il suffit de chercher à s’informer sur diagactu et quotidiag notamment pour se rendre compte du désarrois que vie le monde des diagnostiqueurs, sauf à nous prendre pour des cons en souhaitant rafler la mise. Toutes ces infos sont dans des textes!

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