3 QUESTIONS À DOMINIQUE KRENC Interview

Publié le par Mathias LOVAGLIO

Entrepreneur aux multiples casquettes, Dominique Krenc (FORMADIAG, K2D, KDIAG…) répond aux questions de Diagactu. Fort d’une expérience de vingt ans dans le diagnostic immobilier, il revient sur son parcours et défend le rôle de filtre joué par la formation et la certification pour garantir la qualité des diagnostiqueurs. Il reste néanmoins lucide sur les problématiques et les dérives que connait encore la filière.

Dominique, pouvez-vous nous présenter votre parcours aux nombreuses facettes ?

Ingénieur Gadzart de formation, j’ai travaillé pendant dix dans les VRD au sein de grands groupes du BTP. Lassé de ces structures, j’ai décidé de créer, avec ma mère, le cabinet d’expertises K2D Expertises à cheval entre Menton et Marseille en 2005 après m’être progressivement formé aux diagnostics immobiliers. J’ai ensuite fait l’acquisition de deux autres cabinets sur Marseille et sur Salon-de-Provence. En 2018, j’ai racheté le centre de formation FORMADIAG au sein duquel je travaillais déjà comme formateur historique depuis 2011. Je m’occupe essentiellement des formations portant sur les missions hors certification comme le DTG, le 3PT, l’EDD, l’assainissement non collectif ou encore la sécurité piscine. Enfin, je possède aussi un cabinet basé à Nice qui s’occupe de la gestion sociale & des risques professionnels des gardiens d’immeubles pour le compte de syndics de copropriété. Tout cela représente une quinzaine de collaborateurs regroupés au sein de la holding DoK Solutions.

Parallèlement, j’ai créé une licence de marque qui s’appelle KDIAG et qui ne compte, pour l’instant, qu’un seul licencié à Marseille, Florent Camp, mais que je souhaite développer sur le pourtour méditerranéen. Désormais qu’il est opérationnel, Florent va m’appuyer pour accompagner la dizaine de licenciés que je vise à terme.

Enfin, j’interviens auprès de l’Unis et de la Fnaim pour informer sur les questions énergétiques et les pathologies du bâtiment et je suis engagé à la CDI Fnaim puis dorénavant au sein de l’Alliance du diagnostic immobilier car je pense qu’il est important de porter notre voix et défendre notre métier auprès du ministère.

Vous gravitez depuis 20 ans dans le monde du diagnostic immobilier, quelle est votre vision de ce métier et de ses évolutions ?

Je suis entré dans le métier avant la mise en place des certifications. Nous avons ensuite connu une période, autour de 2009, où le diagnostic immobilier a été perçu comme un Eldorado alors que rien n’était vraiment encadré. Pôle Emploi (ancien France Travail) finançait toutes les formations ce qui attirait toute sorte de profils dont une part importante n’a finalement jamais exercé.

Au travers de mon organisme de formation, je constate une bonne évolution. Ceux qui s’orientent dans ce métier viennent pour réussir et non pour profiter d’un système. Entre la formation, la certification, les surveillances, il faut être véritablement motivé. Selon moi, ces contraintes ont été plutôt bénéfiques. Quant à l’avenir, je suis plutôt positif car la transition énergétique ne fait que démarrer et le DPE est au cœur du réacteur.

À propos de DPE, quel est votre regard sur le débat actuel autour d’un phénomène de complaisance lancé par la publication de l’étude Krno et plus largement sur le DPE bashing que les diagnostiqueurs subissent depuis maintenant plusieurs années ?

Quel que soit le métier, il y a toujours des brebis galeuses et des gens qui travaillent mal. Mais je trouve qu’il y en a beaucoup moins aujourd’hui qu’en 2010 lorsque pléthore de personnes sont entrées dans le diagnostic immobilier sans être faites pour ce métier.

Le risque avec la complaisance, c’est de nuire à son cabinet et d’être pris par la patrouille. Il y a une réglementation et une méthode à respecter et qui produisent la note que l’on doit obtenir. Notre rôle principal est alors un rôle de conseil. Ce n’est ni dans notre intérêt, ni dans celui des donneurs d’ordre de faire des DPE de complaisance. Ce n’est pas qu’un bout de papier. Un DPE bien fait, et pour lequel on a transmis tous les documents nécessaires à la mission du diagnostiqueur, est très proche d’une étude thermique et se révèle très fiable. D’ailleurs, cela ne concerne pas que le DPE. Je peux citer l’exemple de clients qui préfèrent qu’on mentionne dans le rapport des matériaux amiantés plutôt que de payer des prélèvements. Ils ne réfléchissent pas aux conséquences et c’est alors à nous de faire preuve de pédagogie et de s’opposer à ce type de demande.

Pour pérenniser son activité, il faut être sérieux. Et cela vaut aussi pour les organismes de formation. Chez FORMADIAG, tous nos formateurs sont des salariés, nous ne faisons pas appel à des formateurs externes comme certains le font sans forcément être regardants sur leur compétence. La proximité entre certains OF et OC pose aussi question et je pense qu’il vaut mieux travailler avec des OF et des OC totalement indépendants.

Enfin, la formation professionnelle, c’est aussi du business et certaines personnes tentent de profiter du système. Je ne trouve pas ça normal que sur les 36 organismes de formation, seulement 11 disposent d’un titre RNCP. Parmi les 25 autres, certains louent le titre à des OF qui le possèdent. Je ne m’en cache pas, ayant été sollicité, j’ai loué le nôtre. Mais nous avons rapidement arrêté parce que nous estimions que le niveau des formations n’était pas au rendez-vous. En plus, cette location nous faisait perdre des stagiaires alors que nous devons assumer toutes les démarches pour l’obtention et le maintien du titre. À ceux-là, maintenant je dis : passez votre propre titre !

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