3 QUESTIONS À JEAN-MARIE BOURGEADE Interview

3 questions à Jean-Marie Bourgeade
Publié le par Mathias LOVAGLIO

En complément de sa retraite, Jean-Marie Bourgeade s’est lancé dans le métier de diagnostiqueur immobilier avant d’arrêter son activité au bout de quelques mois. Une courte expérience qui lui a tout de même permis de tirer quelques enseignements sur la profession et ses difficultés actuelles.

Jean-Marie, pouvez-vous nous expliquer dans quel contexte vous vous êtes lancé dans le diagnostic immobilier ?

Électronicien de formation et jeune retraité, j’ai souhaité me lancer dans le diagnostic immobilier en Haute-Garonne, au sud-est de Toulouse. Je me suis d’abord formé au DPE et à l’audit énergétique avant de compléter par le mesurage, le risque termites et les ERP. Je n’ai pas souhaité passer les autres certifications dans un premier temps en pensant pouvoir me limiter à ces domaines. Mon plan était surtout de me concentrer sur le DPE avec prolongement audit si besoin.

Pourquoi avoir finalement fait le choix de cesser votre activité au bout de quelques mois ?

Dans les faits, cela s’est passé de manière décevante car mon activité n’était pas vraiment rentable. En effet, je comptais miser sur le DPE (plus l’audit énergétique), mais la suppression du besoin de DPE pour les aides au titre de la rénovation mono-geste m’a fortement pénalisé. Cela représentait un gisement important de demandes de DPE isolé. Les propriétaires ne souhaitent pas – et de plus en plus souvent ne peuvent pas – engager des rénovations globales. Mais ce gisement des DPE mono-gestes s’est tari. Étant retraité par ailleurs, je n’avais pas besoin à 100% de cette activité pour vivre et j’ai préféré arrêter avant janvier 2025, pour m’épargner une CFE de 800€ (pour un coin de bureau dans ma maison). Si j’en avais vraiment eu besoin pour vivre, je pense que j’aurais réagi et passé les autres certifications pour dégager une rentabilité. Pour autant, la menace de l’abaissement du seuil de franchise TVA m’incite à ne pas trop regretter…

D’autres facteurs ont-ils également pesé dans votre décision d’arrêter le diagnostic immobilier ?

En quelques mois, j’ai identifié plusieurs facteurs convergents qui m’ont incité à faire ce choix. L’absence de tarification minimale pour les DPE pousse à une surenchère à la baisse. Quand on arrive à des DPE à 60€, même pour un petit appartement, il n’est pas possible d’être rentable si on veut bien faire son travail. Même constat pour le termite, où les exigences sont fortes et où toute non-détection peut avoir des conséquences sérieuses… Il faut arrêter de brader le diagnostic. Un autre point est l’excès de contrôle des diagnostiqueurs. Certes, il est important d’être contrôlé, mais encore faut-il que ces contrôles soient pertinents. Si je prends l’exemple du DPE, il faudrait davantage hiérarchiser les critères de contrôle pour identifier ceux qui sont véritablement déterminants et impactants sur les résultats. Par ailleurs, je suis passé à plusieurs reprises derrière des diagnostiqueurs qui avaient été très vite dans leur DPE, sans même monter vérifier l’isolation effective des combles, par exemple. Au moment du contrôle sur ouvrage (CSO), ces diagnostiqueurs vont soigner leur DPE, mais une fois passé ce contrôle, ils reprendront le rythme habituel imposé aux salariés des grosses boîtes, c’est-à-dire un package de diagnostics le matin, un package de diagnostics l’après-midi. Je pense que le système de contrôle et de surveillance des diagnostiqueurs est inadéquat et démotivant, en particulier pour le DPE.

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