3 QUESTIONS À SMERALDA MARZANO Interview

Smeralda Marzano
Publié le par Mathias LOVAGLIO

Italienne installée dans le Nord de la France depuis 14 ans, Smeralda Marzano est diagnostiqueuse indépendante depuis deux ans. Avec un franc-parler empreint de bonne humeur, elle partage avec nous son parcours, son quotidien aux côtés de son mari… et sa vision engagée de la profession.

Smeralda, quel a été votre parcours avant de devenir diagnostiqueuse ?

J’ai toujours travaillé dans le bâtiment et l’immobilier. En Italie, je travaillais chez Leroy Merlin, c’est d’ailleurs là que j’ai rencontré mon mari, Sébastien Marchal. Puis on a déménagé dans le Nord de la France. Lui est devenu diagnostiqueur immobilier, moi agent immobilier. J’aimais bien, j’étais très commerciale, mais à un moment j’en ai eu assez. Le diagnostic m’avait toujours attirée pour son côté technique et juridique, alors je me suis lancée et j’ai passé mes certifications il y a deux ans.

Quand je suis sortie de certification, je n’étais pas du tout prête à être seule sur le terrain. C’est impossible. La formation initiale, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Il faut un vrai diplôme de diagnostiqueur, qui mette en avant la pratique, pas seulement la réglementation. Aujourd’hui, c’est inadmissible de lâcher des certifiés sans expérience sur le terrain. Moi j’ai eu la chance d’être épaulée par mon mari, mais il m’a fallu six mois pour me sentir un peu autonome, et même encore aujourd’hui j’ai encore parfois besoin de soutien. On n’arrête jamais d’apprendre. Même mon mari, certifié depuis dix ans, a encore des doutes. Le métier évolue sans cesse !

Comment vivez-vous le fait de travailler avec votre mari ?

Franchement, ça se passe bien. On entend souvent qu’il ne faut pas travailler en couple, mais chez nous ça fonctionne. À la base, je voulais créer ma propre société, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas très logique car même en travaillant ensemble, notre organisation ferait que nous n’allions pas nous voir à longueur de journée. Lui s’occupe plutôt des dossiers amiante avant travaux et des clients entreprises, moi je m’occupe des particuliers. Et il n’a pas intérêt à commenter mon travail ! (rires)

Quant à vivre dans le Nord… Ici, on dit que les gens sont sympas, même sans soleil. Les Italiens aussi sont sympas, mais avec du soleil ! (Rires) Disons qu’on s’habitue. Je suis venue par amour — mon mari m’a convaincue en me disant que Lille, c’était tout près de Paris. Pour une Italienne, Paris c’est le sud de la France… Je n’avais pas bien regardé la carte ! (rires) Mais je retourne très souvent en Italie, et puis ça fait maintenant 14 ans qu’on est ici. On survit !

Vous êtes adhérente à l’Onedi et très active sur LinkedIn. Pourquoi cet engagement ?

Parce qu’il faut agir. On râle beaucoup — c’est très français, mais aussi très italien — mais à un moment il faut faire bouger les choses. Dans notre métier, on voit de tout et parfois n’importe quoi. La création d’un ordre des diagnostiqueurs permettrait d’apporter plus de crédibilité à notre métier, et surtout de protéger le public des dérives car c’est bien de ça qu’il s’agit.

Aujourd’hui, il y a trop de mélange entre organismes de formation et de certification. On nous demande d’être impartiaux — c’est normal ! Quand j’étais agent immobilier, jamais je n’aurais demandé à mon mari de faire les diagnostics des biens que je rentrais. Il y a une éthique à respecter.

On veut nous imposer de nouveaux outils, comme les QR Codes, mais ce ne sont pas toujours des vraies solutions. La fraude existe, bien sûr, mais elle est minime : on parle de 1,7 % de DPE erronés. La réponse n’est pas dans la surveillance permanente des diagnostiqueurs. Ce qu’il faut, ce sont des règles claires, des contrôles adaptés et des sanctions justes. Et ça, un ordre pourrait l’apporter.

Aujourd’hui, nous n’avons aucune crédibilité aux yeux du public ou des médias. On ne parle que du DPE, mais notre métier c’est aussi la sécurité et la santé : l’amiante, le plomb, le gaz, l’électricité… On l’a oublié. Il faut redonner du sens à notre rôle. L’Onedi ne vend rien, elle rassemble des professionnels qui veulent faire avancer le métier.

Vous avez une information à nous transmettre, un témoignage à nous relayer, ou une idée d’article ?
Contactez la rédaction de Diagactu !

Cet article vous a plu ? Partagez-le !

Un commentaire

  • ETIC a écrit

    Le VRAI souci c’est les pré-requis nécessaires à l’exercice d’un métier très technique car on ne peut comprendre les objectifs de ce qu’on nous demande que si on a une réelle compétence.
    Sinon, autant assimiler les infirmiers aux chirurgiens car après tout, il suffit de tenir un scalpel, et çà tout le monde sait faire …
    En réalité, on ne fait que débattre qu’avec des gens qui n’ont rien à faire dans un métier TECHNIQUE mais qu’on a validé que sur des objectifs juridiques (qui ne sont pas plus compris).
    Il faut impérativement supprimer les VAE et autres assimilations de niveau bac+2 et se restreindre à ne prendre que des Bac+2 techniques et dans des compétences techniques rejoignant celles nécessaires à la réalisation de diagnostics : connaissance en matériaux, en mécaniques (RDM), en électricité, en combustion, en aéraulique, en dessin technique, en math, en physique, en thermique, en bâtiment, et j’en passe …
    Avec tout mon respect pour eux.

Laisser un commentaire

Ces articles pourraient vous intéresser...

RETOUR AUX ACTUALITÉS
EXIM

NOS OFFRES D'ABONNEMENT