CERTIFICATIONS AUDIT ET DPE : H. POGAM (AOCP) OBSERVE UNE ÉVOLUTION FAVORABLE Interview

Hervé Pogam (AOCP)
Publié le par Mathias LOVAGLIO

Hervé Pogam, président de l’Association des organismes de certification de personnes (AOCP), revient sur les premiers mois d’application des nouveaux régimes de certification pour le DPE et l’audit énergétique. Malgré les difficultés rapportées, il constate une nette amélioration des taux de réussite au QCM audit énergétique. Une évolution favorable qui s’explique par des aménagements décidés par la DHUP et par une meilleure préparation des diagnostiqueurs.

Les premiers retours sur le passage des examens de certification DPE et d’extension de certification pour l’audit énergétique font état d’un taux de réussite très bas. Qu’en pensez-vous ?

Pour l’audit énergétique, les premiers résultats ont effectivement montré un taux de réussite très faible, mais ce taux est en train de s’améliorer et nous arrivons maintenant globalement à 60% de réussite à la première tentative, et à presque 80% après rattrapage.

En ce qui concerne le DPE, le discours actuel est dérangeant car nous ne disposons pas encore du recul nécessaire pour dresser un bilan objectif. Tous les OF qui font de la formation longue ont fait certifier leurs candidats avant juillet 2024 et il n’y a pas eu de formation en juillet/aout. La plupart des formations longues n’ont recommencé qu’à la mi-septembre et les premières certifications ne sont intervenues que depuis novembre. Sur quels chiffres probants se basent ceux qui disent, depuis plusieurs semaines, que la nouvelle certification DPE ne fonctionne pas ?

Des aménagements sont cependant intervenus rapidement afin d’améliorer le taux de réussite aux QCM, quels sont-ils ?

Au départ, les OF avec lesquels l’AOCP est en contact n’avaient pas mis en place un temps de préparation suffisant pour la partie théorique de l’audit énergétique. La DHUP a alors fait le choix de communiquer aux OF près d’un quart des questions de la base nationale pour le DPE et 10% des questions de l’audit énergétique afin de leur permettre de finaliser leur formation. Les OF se sont mis en ordre de bataille en prévoyant un temps plus conséquent de préparation aux QCM. La DHUP a aussi permis aux OC d’indiquer le nombre de bonnes réponses attendues pour chaque question. Les résultats se sont alors améliorés et on devrait atteindre 85% de réussite après rattrapage. Ce n’est pas dramatique et celui qui voudra quand même passer sa certification malgré ses échecs fera une pause pour se préparer minutieusement. Avec ces adaptations, je n’ai pas non plus d’inquiétude à terme concernant le taux de réussite au QCM de la certification DPE.

Des candidats estiment que certaines questions du QCM ne sont pas en adéquation avec le contenu de la mission audit énergétique. Qu’en pensez-vous ?

Il parait toujours compliqué de juger de la pertinence des questions sur la base du contenu de la partie théorique de l’arrêté de compétences. Avant la mise en place de la banque nationale de questions, chaque OC interprétait les connaissances à maitriser comme il le souhaitait. Je prends l’exemple d’un item de l’arrêté de compétences : la connaissance des principes constructifs des bâtiments. On peut très bien demander ce qu’est un linteau et correspondre à cet item. Mais on peut tout aussi bien poser une question beaucoup plus compliquée et répondre également à cet item.

Il est vrai que la DHUP, lorsqu’elle a chargé le CSTB d’élaborer un référentiel de questions, lui a demandé un niveau plus élevé, en cohérence avec les critères de l’arrêté de compétences, et ceci afin de répondre à l’objectif de consolidation des connaissances des candidats. Mais je le rappelle souvent : qui aurait dit, il y a 4 ans, qu’un diagnostiqueur « classique », DPE sans mention, se verrait inscrire dans le tableau ministériel d’auditeur au même titre qu’un architecte ou qu’un bureau d’études ? D’ailleurs, eux aussi ont dû montrer patte blanche en se formant et en s’assurant. Il faut maintenant que la profession se montre à la hauteur de cette responsabilité.

Ne trouvez-vous pas compréhensible que des diagnostiqueurs pratiquant l’audit énergétique depuis plusieurs mois rechignent à l’idée de devoir repasser par la case formation ?

L’urgence de la mise en œuvre de l’audit énergétique au 1er avril 2023 a conduit le prescripteur à ouvrir la porte trop rapidement, en permettant aux diagnostiqueurs de devenir auditeurs avec une ou deux journées de formation et sans examen. Il est tout à fait normal que les diagnostiqueurs acceptent mal le fait qu’au bout d’un an et demi, on leur explique qu’ils ne savent pas comment faire des audits énergétiques et qu’ils soient dans l’obligation de retourner en formation pour 10 jours. Mais il faut que certains prennent davantage conscience de l’investissement demandé, notamment sur la partie théorique en e-learning qui est parfois survolée comme en témoignent les temps de connexion que nous rapportent les OF. Le QCM reste accessible à condition de s’investir pleinement dans sa préparation.

Cela aura tout de même une vertu, celle de faire un peu de ménage et de permettre peut-être aux tarifs de se fixer à un bon niveau. Cela ne me dérange pas de perdre 10 à 15% de certifiés si c’est pour écarter ceux qui n’ont rien à faire dans ce métier.

Il n’en demeure pas moins que l’investissement financier reste important pour les diagnostiqueurs qui souhaitent se former à l’audit énergétique.

Les OC aussi ont fourni des efforts pour s’adapter à cette situation compliquée. Les examens sont organisés en présentiel, ce qui représente un coût, et, de plus, il faut gérer les nombreux rattrapages. Il est vrai que l’extension de certification pour l’audit énergétique constitue un véritable investissement pour les diagnostiqueurs, de l’ordre de 5 000 € en tenant compte du manque à gagner. Mais il ne faut pas oublier que c’est aussi une véritable opportunité, qui a notamment permis à certains de tenir la tête hors de l’eau alors que le marché immobilier tournait au ralenti. Ceux qui ont fait le choix de se former connaissent le potentiel du marché, d’autant plus que la deuxième étape arrive au 1er janvier 2025. À eux de s’en donner les moyens. En revanche, si cela met à mal leur modèle économique, alors il est peut-être préférable de ne pas y aller. Le poids financier plus important de ce nouveau dispositif ne me parait pas pour autant démesuré au regard du marché et de la responsabilité qui sont en jeu.

Ceux qui veulent faire de l’audit énergétique doivent aussi accepter quelques contraintes. La grande majorité des auditeurs actuels vont vraisemblablement transformer leur attestation en extension de certification d’ici la fin du 1er trimestre 2025. Alors oui, les débuts de ce nouveau dispositif ont été un peu compliqués, mais tout finira bien par rentrer dans l’ordre.

 

L’Association des organismes de certification de personnes (AOCP) regroupe 8 OC : ABCIDIA, B2C, CESI, Ginger Cated, I.Cert, LCP, Qualixpert et Technicert.

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5 commentaires

  • Denis DELHOMMAIS a écrit

    Bonjour,
    Je suis particulièrement surpris par certains propos, notamment quand je lis que « nous arrivons maintenant globalement à 60% de réussite à la première tentative, et à presque 80% après rattrapage. »
    Peut-on avoir l’exemple d’une session d’examen où il y a eu plus de 50% de réussite au QCM?
    A priori, hier, il y aurait eu une session avec 2 reçus sur 12.

  • Christophe CASSAGNABÈRE a écrit

    Bonjour,
    Egalement très surpris par ces propos, à ce jour sur 4 cessions regroupant 74 postulants, le taux de réussite est de 9,54% (soit 7 reçus), quand bien même le taux de réussite serait de 20%, le problème reste entier.
    Je ne pense pas que 90% ou 80% des non reçus soient tous des incompétents, le problème reste donc entier quant à la formation et aux contenus des Qcm.

    • Alain PERIE a écrit

      Bonjour Christophe, dans l’itw, le président de l’AOCP constate une nette amélioration au sein de ses propres OF et de ceux des autres membres de l’association, mais la situation reste très aléatoire selon les OF et les sessions. Les niveaux de préparation et d’adaptation des contenus de formations, et celui de sensibilisation des stagiaires, sont encore très hétérogènes. Nous relevons nous aussi des exemples de sessions à fort taux d’échec. Pour cela aussi, tous les OF (ils sont nombreux…) ne sont pas au même niveau… Alain

  • Denis DELHOMMAIS a écrit

    Bonjour,
    Si l’on veut une montée en compétences des diagnostiqueurs, il faut nécessairement une montée en compétences des OF.
    Malheureusement, j’ai constaté que certains OF n’étaient pas à la hauteur de la tâche.
    Cependant, le problème n’est pas seulement du côté des OF. Il y a de manière évidente des problèmes avec le QCM.

  • Stéphane- CIRRI a écrit

    Bonjour à tous, je viens de participer à ma deuxième session QCM Audit, et évidemment j’ai retrouvé des collègues de ma première session mais également de nombreux autres qui avaient aussi raté la première session. Du coup, d’une petite salle avec un diagnostiqueur par table, nous sommes passés à une grande salle et deux par table. Nul doute que d’ici quelques mois nous nous retrouvions tous à Eurexpo !!!!
    Plus de 15 avec de telles questions…. c’est pas gagné.
    Voilà un retour de terrain objectif.
    A bon entendeur salut….

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