BILAN POSITIF POUR L’ACTIVITÉ DES DIAGNOSTIQUEURS EN 2022, AVANT UNE ANNÉE 2023 QUI S’ANNONCE PLUS INCERTAINE Profession

Publié le par Mathias LOVAGLIO

Selon les chiffres issus de notre sondage, l’activité des entreprises de diagnostic immobilier s’est bien portée en 2022 avec une croissance médiane de l’ordre de 5%. Mais le ralentissement du marché immobilier, associé à un contexte politique et économique moins favorable, inquiète de plus en plus.

Autour de 5% de croissance en 2022

Le bilan de l’année 2022 est globalement positif pour les cabinets qui ont répondu à notre sondage. 55,5% d’entre eux ont vu leur chiffre d’affaires augmenter en 2022 par rapport à 2021. Sur l’ensemble du panel, l’augmentation médiane se situe autour de 5%. Les franchisés semblent être ceux qui ont connu les meilleurs résultats avec près de 65% de cabinets ayant un chiffre d’affaires en hausse et une médiane à +11%. Côté solo, les évolutions de chiffre d’affaires sont plus modérées : un cabinet sur deux présente un CA en hausse (médiane à +3,5%) et surtout près de 30% d’entre eux déclarent un CA en baisse contre 25,5% sur l’ensemble du panel. Bien évidemment, la croissance de leur activité reste limitée par l’absence de développement de leurs effectifs, mais ces résultats pourraient traduire un véritable infléchissement de tendance si ils devaient se confirmer. En effet, dans le cadre de notre Observatoire des entreprises de diagnostic immobilier, nous avions mesuré un taux de croissance annuel de 8,4% pour les solos sur la période 2019-2021.

Évolutions du chiffre d’affaires (CA)

TOUTES ENTREPRISES SOLO FRANCHISES
% d’entreprises présentant un CA 2022 en hausse par rapport à 2021 55,5% 50% 64,5%
% d’entreprises présentant un CA 2022 stable par rapport à 2021 19% 21% 16,7%
% d’entreprises présentant un CA 2022 en baisse par rapport à 2021 25,5% 29% 18,8%
Variation médiane du CA 2022 par rapport à 2021 +5% +3,5% +11%
Taux de croissance annuel (2019-2021) +4,9% +8,4% 8,7%

 

Belle dynamique pour l’avant travaux/démolition, revirement de tendance sur les ventes

Si l’on décompose l’analyse des évolutions de chiffre d’affaires par grands secteurs d’activité, ce sont les missions travaux/démolition qui se révèlent les plus dynamiques. 61% des cabinets pratiquant cette activité affichent une hausse de la part de CA provenant de ces prestations (variation médiane de l’ordre de +7%). Plus en retrait, les diagnostics avant transaction et les missions « immeubles » (DTA, DTG, DPE collectif) connaissent également une progression, mais celle-ci est limitée à 3%. Surtout, un quart des cabinets semblent connaitre une baisse de leur part de CA émanant des diagnostics avant vente et location.

Vous êtes d’ailleurs une large majorité à noter un ralentissement des mises en vente sur votre secteur d’intervention (74%). Une tendance ressentie au niveau national, mais avec des disparités régionales dans son intensité (84% en Île-de-France contre 64% en PACA). Vous constatez également un ralentissement des mises en location, même si cette tendance semble moins marquée que pour les ventes (39% des sondés constatent un ralentissement, 50% une stabilisation). Là encore, toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne, l’activité location semblant se maintenir en Nouvelle-Aquitaine, tandis qu’elle parait chuter en Occitanie (48% des sondés constatent un ralentissement).

La confiance des diagnostiqueurs s’effrite

Ces chiffres confirment le ralentissement annoncé du marché immobilier, notamment de la vente où environ 100 000 transactions en moins sont attendues en 2023 selon différentes prévisions. Conséquence directe, vous êtes désormais plus nombreux à vous déclarer inquiets (38%) que confiants (35,5%) pour votre activité dans les prochains mois, alors que ces tendances étaient encore à l’équilibre l’an dernier lors d’un sondage réalisé à la même époque. Parmi les autres sources d’inquiétude, beaucoup citent le contexte économique peu favorable (difficultés d’accès au crédit, inflation, crise énergétique, grèves contre la réforme des retraites, etc.), mais aussi le DPE Bashing.

La pression sur les tarifs est également souvent évoquée dans un contexte inflationniste qui rogne obligatoirement sur les marges. « Nous sommes la seule profession en pleine inflation qui a des CONcurrents qui cassent les prix » affirme d’ailleurs l’un d’entre vous, tandis qu’un autre explique que « les plateformes font un tort énorme aux indépendants avec une politique du bas prix », même s’il reste optimiste en estimant que « le marché fera de la place aux gens sérieux pratiquant des tarifs rémunérateurs ».

De leur côté, les plus confiants mettent en avant la stabilité et la fidélité de leur réseau de prescripteurs, mais aussi le développement de nouvelles prestations. « Le contexte est ce qu’il est, je suis positif et notre activité est très polyvalente. Il faut savoir diversifier et sans cesse chercher de nouvelles niches », explique ainsi l’un des sondés.

L’audit énergétique réglementaire et le projet de PPT à la rescousse ?

Si le DDT demeure, selon 51% d’entre vous, une activité porteuse sur votre secteur d’intervention, vous êtes nombreux à attendre également des retombées bénéfiques de l’audit énergétique réglementaire (45%). Plusieurs sondés voient dans cette nouvelle mission une opportunité de compenser le ralentissement ressenti sur les transactions. Le renouvellement des DPE antérieurs à 2018, dont la validité est désormais échue, constitue également une soupape de sécurité. Enfin, la « diversification » vers l’avant travaux/démolition ou les missions « immeuble », notamment avec l’arrivée du projet de PPT et des DPE collectifs, permet à certains de rester confiants.

Quel impact sur le développement des cabinets ?

Vos inquiétudes pourraient avoir une incidence sur le marché de l’emploi en raison des perspectives de croissance réduites. 7% des cabinets déclarent ainsi envisager de réduire leurs effectifs (13% en Île-de-France). Alors qu’au printemps dernier, 26,5% des chefs d’entreprise envisageaient de recruter un salarié certifié, vous n’êtes plus que 15% à prévoir d’augmenter vos effectifs en 2023. « Les chefs d’entreprise recherchent plutôt à assoir leur activité qu’à se développer. Ceux qui souhaitent tout de même se développer vont s’orienter vers des profils à valeur ajoutée, même junior, avec un vrai bagage en techniques du bâtiment, voire en économie du bâtiment, pour les faire évoluer vers l’audit énergétique réglementaire. Ce sont des profils plus rares », constate Fanny Moratal, directrice du cabinet Diafym RH.

Autre signe de morosité ambiante, 12% des sondés étudieraient une reconversion professionnelle dans un autre secteur que le diagnostic immobilier (3,5% au printemps 2022). Un chiffre qui atteint même 18% en Île-de-France. Même si cette proportion est probablement surestimée en raison du contexte actuel, elle traduit néanmoins un sentiment de lassitude des chefs d’entreprise entre une activité moins dynamique, des charges qui augmentent (assurance, inflation, etc.) ou encore une concurrence qui tire les prix vers le bas. Nous avons d’ailleurs pu constater cette lassitude dans certains de vos commentaires : « je quitte le métier, marre des certifications. J’ai passé mon CAP électricien », « la baisse des tarifs accompagnée de la baisse de volume de transaction conduit inexorablement au dépôt de bilan », « difficultés de rentabilité dans un marché en baisse conjoncturelle », « fermeture de l’entreprise, trop de prix à la ramasse » …

 

Sondage réalisé du 12 au 18 janvier 2023 auprès de 334 chefs d’entreprise dont 49% de solos, 17% de franchisés. 10% des sondés ont débuté leur activité en 2022

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2 commentaires

  • ETIC a écrit

    La France n’aime pas les indépendants!
    Surtout s’ils sont techniques car on préfère que les tech soient soumis à ces chers littéraires (qui nous coutent bien cher vu à quoi ils servent et ce qu’ils apportent).
    Donc l’état monte des usines à gaz pour faire en sorte que seuls les grosses structures puissent assumer toutes les charges inutiles car ils savent très bien que tout ce qu’ils demandent ne peut être suivi correctement par un indépendant (suivi ASN, bilans amiante, certificateurs, évolutions réglementaires incessantes puisque systématiquement erronées ou incohérentes, formations à répétition (vu qu’on a qu’un petit cerveau de petit technicien, on oublie vite! ), …) sans compter les autres charges que doit gérer une entreprise classique (code du travail, de la consommation, gestion, compta, informatique, web, marketing, commerce, gestion des locaux, et j’en passe).
    Donc, inéluctablement, ce métier rentrera dans le rang, et on ne retrouvera plus que deux ou trois grands groupes qui saura bien exploiter les ODI, comme çà leur pdg pourra se payer quelques millions et nos élites seront contentes car elles pourront ainsi se faire payer leurs campagnes électorales véreuses et ainsi perpétuer ce système mafieux de caste que personne n’ose dénoncer.

    Vous expliquez comment , vous , qu’une entreprise existant depuis 17 ans, ayant conquis son marché prouvé par la monté du CA dans les premières années et qui, depuis plusieurs années, voit son chiffre baisser alors que dans le même temps s’installe dans son secteur un odi par village!
    Tout çà ne peut mener qu’à une surconcurrence, donc à une baisse des prix, entrainant de fait une baisse de qualité et pour ceux qui ne suivent pas cette logique, une baisse du chiffre.
    En effet, sur un constat tel que celui-ci, on ne peut que baisser les bras et se barrer.

    • Marc HELEINE a écrit

      Je suis d’accord avec cette analyse, mais j’ajoute que les pouvoirs publiques comptent sur nous pour faire la pédagogie qu’ils ne sont pas capable (ou ne souhaite pas) de mettre en place. Qui n’a pas eu un prescripteur lui demandant des informations sur le logement décent et le seuil de 450 kWh/an.m² d’énergie finale!!! Que de temps consacré en explications notamment auprès des agents immobiliers et des administrateurs non informés. Ce n’est pas notre job. Et pendant ce temps les organisme de formation tourne à plein régime avec des formations initiales réduite à peaux de chagrin. Résultat, un ODI fraîchement certifié n’est pas en capacité d’assurer les missions que nous avons à lui confier avant plusieurs mois. Je plein les cabinets qui ont recruté récemment… La baisse d’activité, si elle permet de former les nouveaux arrivant n’arrange pas la trésorerie.
      Pour autant je ne baisse pas les bras…

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