DPE BASHING : "LES DIAGNOSTIQUEURS MÉRITENT LE RESPECT", RÉAGIT LA FIDI Profession

Publié le par Mathias LOVAGLIO

La Fédération interprofessionnelle du diagnostic immobilier (FIDI) réagit à son tour à l’article au vitriol de l’UFC-Que Choisir.

 

La réussite de l’objectif de neutralité carbone en 2050 mérite le respect. Les diagnostiqueurs aussi !

L’UFC- Que Choisir a publié un nouvel article intitulé « Diagnostic énergétique : Quel scandale !». Avant même d’exposer nos positions et convictions sur les diagnostiqueurs, ce titre nous interpelle.

Est-il scandaleux de prendre des mesures fortes pour améliorer la performance énergétique du parc de logements français, deuxième poste de consommation énergétique du pays ?

Est-il scandaleux de viser la réduction drastique des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) pour agir en faveur d’une stabilisation du réchauffement climatique à un niveau acceptable pour les prochaines générations ?

Invoquer le scandale et en rendre les diagnostiqueurs immobiliers responsables est aussi choquant qu’inexact.

Le nouveau DPE opposable est un des pivots des politiques publiques permettant d’atteindre l’objectif 2050. Le DPE est le constat, le jour de la visite, de la performance énergétique et climatique du bien, traduit par une étiquette échelonnée entre A et G. Dans la partie « recommandations », le DPE n’est ni une étude thermique ni une étude préalable des travaux à réaliser. Il informe le propriétaire de pistes de travaux possibles pour améliorer le classement.

Inexactitudes, raccourcis et mises en cause infondées

Méconnaissance du socle de la méthode de calcul

L’article est émaillé de mises en cause systématiques des diagnostiqueurs, alors que certains résultats présentés comme « des aberrations » correspondent aux objectifs du nouveau DPE et à la méthode, développée par les pouvoirs publics et fournie aux professionnels pour calculer les notes.

Le moteur de calcul est conçu pour favoriser les énergies peu émettrices de GES au détriment des énergies fossiles. La classification finale est souvent plus sensible au changement d’énergie qu’aux modifications structurelles, si l’énergie de base est dite fossile.

Par conséquent, les travaux indiqués pour améliorer l’étiquette prévoient souvent un changement de source d’énergie/de système de production d’énergie, à fort impact sur l’émission de GES.

Les auteures ne comprennent pas pourquoi des diagnostiqueurs proposent de remplacer un poêle à granulés par une pompe à chaleur air/air. Évidemment, sans les connaissances techniques nécessaires, cela peut paraître aberrant. Pourtant, la raison est simple : un poêle a au mieux un rendement de 90-95 %, là où une PAC a un rendement entre 300 et 400 %. Si l’on veut atteindre les objectifs de performance énergétique imposés par la réglementation, ce choix est logique.

Méconnaissance des conditions pour qu’un DPE soit fiable

Pour effectuer un DPE sûr, le diagnostiqueur doit disposer d’informations primordiales pour caractériser certains éléments du bien.

Si ces informations ne sont pas attestées par des documents indiscutables, la méthode oblige le diagnostiqueur à utiliser une « valeur par défaut », qui dégrade automatiquement les notes et, par conséquent, le classement final :

  • La date de construction qui se trouve sur le titre de propriété,
  • Les caractéristiques des chaudières qui se trouvent sur des factures ou contrat de maintenance,
  • Les paramètres d’isolation…

Hélas, de nombreuses informations ne sont pas transmises au diagnostiqueur, ce qui dégrade donc la note, car elles sont remplacées par des valeurs par défaut.

Les auteures de l’article omettent de préciser la nature et la teneur des documents mis à disposition des diagnostiqueurs, ou concluent – à tort – que l’ensemble des murs de l’un des biens est isolé alors que seule une partie minoritaire de la construction l’est suite à une rénovation…

Dans le cas de la maison de la Drôme, de nombreux documents ont été remis … La note des DPE est la même.

Méconnaissance de la réglementation

Pour ce qui est de la maison du Var, les auteures s’étonnent du fait que tous les diagnostiqueurs soient « passés à côté de l’atout majeur de cette maison » qui « grâce à ses panneaux photovoltaïques et à sa batterie virtuelle, est à 100 % d’autoconsommation d’électricité une bonne partie de l’année ».

Là encore, sans les connaissances techniques nécessaires, cela peut paraître aberrant. Pourtant, là aussi, la raison est simple : la méthode réglementaire utilisée pour le DPE ne prend en compte le photovoltaïque que très marginalement, ça n’a quasiment aucun impact sur la performance énergétique. Ce n’est donc pas un oubli des diagnostiqueurs, c’est la réglementation qui veut ça. Et c’est même logique : l’objectif n’est pas de compenser l’effet « passoire thermique » en produisant plus d’énergie, même gratuite, mais de réduire cet effet et d’utiliser le surplus d’énergie gratuite à d’autres usages.

La FIDI, consciente des améliorations à apporter sur les failles du DPE et sur la formation des techniciens, se mobilise depuis 2020 et n’a pas attendu des enquêtes à charge et peu transparentes pour agir.

Nos objectifs sont :

Bien expliquer la démarche et la méthode pour que tous les acteurs, propriétaires, professionnels de l’immobilier et diagnostiqueurs apportent leur connaissance afin qu’un DPE soit le plus fiable possible. N’oublions pas qu’en moyenne un bien comporte plus d’une centaine de points de contrôle « DPE ».

Être en lien avec les pouvoirs publics pour leur remonter les dysfonctionnements du terrain.

Faire des propositions pour l’amélioration de la formation professionnelle, de la certification et de sa surveillance.

Les diagnostiqueurs ne nient pas des erreurs réalisées par la profession, avec une méthode qui a nettement évolué ces dernières années, ainsi que la difficile pédagogie à faire auprès du propriétaire pour obtenir les éléments fiables.

Le sujet est complexe, avec des enjeux trop importants pour tirer des conclusions fausses et publier des articles aux titres excessifs « aguicheurs », qui participent à entretenir un climat de suspicion.

La neutralité carbone et la lutte contre le réchauffement climatique ne sont-ils pas des sujets suffisamment importants pour publier des articles objectifs ?

 

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Un commentaire

  • Stéphane DAPREMONT a écrit

    Merci d’essayer de défendre une profession qui n’a pas les moyens de faire le ménage elle-même.
    Le filtre à l’entrée de la profession ayant été dévoyé par des simili VAE, ce qui a permis de laisser entrer des personnes sans réelles compétences de base ce qui leur enlève les scrupules à faire n’importe quoi et surtout permis aux quelques grosses société de recruter à moindres frais.
    Tout çà, sous couvert d’une organisation COFRAC hypocrite (sans résultat efficace), pour ne pas dire mafieuse (j’assume mes propos, j’en ai les preuves).

    Est-ce que ce communiqué a été diffusé au ministère concerné? Qu’en dit-il? Pourquoi eux-mêmes n’en font ils pas puisque l’article fustige aussi la méthode?
    Pourquoi Que choisir ne fait-il pas un réel travail d’enquête en vérifiant auprès de diagnostiqueurs anciens ce qu’il pense de ce système et de ses dysfonctionnements, ils en apprendraient certainement plus…

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