ÉPISODE 3 : QUE PENSENT LES DIAGNOSTIQUEURS DU DISPOSITIF DE CERTIFICATION ? Profession
Les diagnostiqueurs sont impactés par la certification depuis maintenant 18 ans. Entre pistes d’amélioration, évaluation des coûts ou simplement retours d’expérience, ils ont aussi leur avis sur le sujet.
Alexandre Rocchi, Cabinet Le Diagnostiqueur Immobilier, Pinsac : « Je suis certifié depuis 2023 et je trouve que les certifications nous ajoutent pas mal de poids sur les épaules. Je suis certifié AMF en finance durable et ce titre est valable à vie. Il y a beaucoup moins de pression quant au respect des échéances pour les contrôles de ce fait. Un exemple : avec les nouvelles règles de certification DPE, mon OC m’a contacté car il avait reçu une alerte, étant donné que je réalise environ 200 DPE par an et sur un territoire de quatre départements. Pour ne pas perdre ma certification, j’ai dû justifier tous mes déplacements grâce à Google Maps. Je suis seul et devoir me justifier ainsi a été terrible. Je serais plutôt pour suivre des formations complémentaires au long de notre carrière. De même, pour l’amiante, le dépôt obligatoire des documents sur SI-Amiante est une bonne chose, mais c’est compliqué. Un accompagnement serait pas mal. J’ai l’impression que le vendeur nous voit aujourd’hui d’un mauvais œil, que le futur acquéreur peut potentiellement nous chercher des noises et que le certificateur ne cherche pas à nous faire monter en compétences. Pour moi, il aurait fallu simplifier la certification en regroupant l’audit et le DPE. »
AC Diag Immo, Pont-sur-Yonne : « La certification est le minimum pour professionnaliser le métier. Elle est nécessaire, mais elle nous coûte cher. Nous sommes actuellement en plein CSO et en contrôles documentaires, ce qui représente 50 % de notre chiffre d’affaires du mois. Nous constatons également que les CSO sont biaisés, car c’est à nous de choisir le dossier, et certains en profitent. À l’inverse, j’ai fait le choix d’une situation complexe afin que l’examinateur puisse m’aiguiller et me conseiller pour développer mes compétences. Les contrôles devraient être inopinés. Il en va de même pour les surveillances documentaires. Aujourd’hui, c’est à nous de corriger nos erreurs. Sinon, on nous retire notre certification. Pourtant, ce devrait être aux certificateurs de nous donner la réponse afin que nous puissions apprendre. À la place du CSO, nous prônons plutôt un accompagnement, plusieurs fois par an, pour évoquer nos interrogations liées au terrain. »
Cabinet anonyme, Rennes : « Je suis certifié depuis 2019 et la certification a quelque chose de drôle : si, par exemple, on prend un médecin ou un coiffeur, ils passent leur diplôme et ensuite ils peuvent exercer toute leur vie, pas nous. On remet sans cesse notre travail en question. C’est bien que les diagnostiqueurs soient contrôlés, mais on choisit nos dossiers, donc ça biaise l’examen. Si l’examinateur choisissait, cela permettrait de repérer les mauvais diagnostiqueurs. Je pense que la certification a tout de même permis d’en évincer certains par rapport à il y a 10 ou 15 ans. Depuis la réforme du DPE en 2021, je pense que ce nombre a encore diminué. C’est la formation initiale qui doit être revue, car elle est trop légère. En trois mois, on est censés maîtriser l’ensemble des domaines et ne pas faire d’erreurs. Elle devrait peut-être durer six mois. »
Nicolas Profillet, Diag précison (89) : « Je ne sais pas si l’évolution de la certification va dans le bon sens ou pas, car je ne suis qu’à la quatrième année du premier cycle. Je ne peux pas comparer, mais sur le principe je peux tout de même dire que je trouve cela intéressant de vérifier la qualité de nos rapports. J’ai fait ma surveillance DPE il y a un mois et elle m’a permis de progresser. En revanche, lorsqu’il y a un écart et que l’obligation de se reformer plane sur nous, ça donne le sentiment que l’on doit passer encore une fois à la caisse sans résoudre le problème. Il y a la mention DPE aussi, qui est surprenante : dans un immeuble comprenant un commerce et deux logements, elle n’est pas nécessaire, mais si on enlève ces logements, il faut la mention. Je pense que ça aurait été plus logique de laisser la mention à tout ce qui relève plutôt de la copropriété. Pour les autres domaines, on est moins surchargés. Présenter les rapports la première année est aussi complexe, car il faut déjà que l’on trouve un employeur rapidement. Même si on est consciencieux dans son travail, on reste stressé, alors que des confrères font n’importe quoi. »
Ultime épisode de notre série sur la certification, Diagactu organise un webinaire intitulé « 18 ans de certif : comment parvenir à un système qui fasse l’unanimité ? », lundi 3 novembre à 17h30 (accessible à tous).
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Un commentaire
AC Diag Immo il est très dommageable pour la profession qu’un OC, par ailleurs Bureau de contrôle, fasse fi des règles qui lui sont applicables. J’espère que le COFRAC lit ces actualités.