GRENELLE DE L'ENVIRONNEMENT Technique

Publié le par Alain

Des participants au Grenelle de l’environnement redoutent une réduction de l’ambition écologique

Le constat est largement partagé parmi les participants au Grenelle de l’environnement : « Ça ne va pas bien. » Ils s’étaient quittés très satisfaits, le 25 octobre, après les annonces du président de la République, qui couronnaient trois mois de travail. Depuis, un malaise s’est installé. Pour la première fois, organisations non gouvernementales (ONG), syndicats, patronat, collectivités locales et administration doivent se retrouver, le 20 décembre, autour du ministre de l’écologie Jean-Louis Borloo. Il devra convaincre que la flamme est toujours là.

Le seul collège à ne pas exprimer de mécontentement est le patronat. Les autres multiplient les réserves. Sur la méthode, d’abord. « On découvre les décisions dans la presse, on n’est associés à rien, on ne sait plus où on en est », résume Bernard Saincy, de la CGT. Voilà qui tranche avec la concertation permanente du Grenelle. Mais surtout, la teneur des décisions annoncées inquiète. « L’esprit n’est pas respecté, la lettre non plus, affirme Yannick Jadot, de l’Alliance pour la planète. Il y a une vraie réduction des ambitions. »

Premier sujet de contentieux : les transports. « L’écoredevance sur les véhicules particuliers annoncée ne correspond pas à ce qui avait été décidé, relève Jean-Pierre Bompard à la CFDT. Le principe d’une écopastille annuelle, et pas seulement à l’achat, avait été acté. » De même, alors que l’arrêt de l’augmentation des capacités routières et aéroportuaires, sauf « cas de sécurité ou d’intérêt local », avait été entériné, le gouvernement a multiplié les annonces de poursuite de projets d’infrastructures.

L’absence de traduction budgétaire du Grenelle suscite également des critiques. Ainsi, l’Association des régions de France « s’étonne et s’inquiète qu’aucun aménagement n’ait été apporté au budget 2008 (actuellement en discussion), afin que les annonces en matière de développement des transports collectifs puissent être mises en oeuvre ».

L’autre dossier qui fâche est celui des organismes génétiquement modifiés (OGM). Le projet de loi, qui doit être présenté, mercredi 19 décembre, en conseil des ministres, mentionne la liberté de « produire et consommer avec et sans OGM », ce qui fâche les écologistes, car le « avec » ne figurait pas dans les conclusions des tables rondes. D’autre part, Jean-Louis Borloo avait promis d’activer la clause de sauvegarde sur le maïs MON 810, qui permet de suspendre la commercialisation d’une plante autorisée dans l’Union européenne.

Pour l’instant, le gouvernement a suspendu par arrêté la commercialisation du MON 810, dans l’attente d’un avis de la Haute Autorité sur les OGM, dont les membres viennent d’être nommés. « C’était la solution la plus efficace et la plus rapide », commente-t-on au cabinet de Jean-Louis Borloo. Mais les ONG continuent à réclamer la clause de sauvegarde, seule garantie, selon eux, qu’aucun OGM ne sera cultivé en 2008. Ils boycottent les réunions de la Haute Autorité, dont ils sont membres.

Beaucoup dénoncent la reprise en main par l’administration. « Elle n’est plus une force motrice pour le politique, mais un frein », affirme Arnaud Gossement, porte-parole de France Nature Environnement. Autre source de difficulté : les décisions issues du Grenelle sont désormais entre les mains de tout le gouvernement. « On a senti comme un goût de revanche chez les grands corps et dans les ministères », constate Jean-Paul Besset, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. Au ministère de l’écologie, on admet la difficulté. « On ne peut pas vivre en autarcie, les décisions doivent être validées au niveau interministériel, fait-on valoir. Il faut faire partager l’esprit du Grenelle et ce n’est pas évident. »

Tous les participants réclament désormais un nouveau départ. La Fondation Nicolas Hulot propose de réunir tous les mois un groupe de suivi, où siégeraient les cinq collèges. « Pas pour rediscuter des mesures, mais pour préserver la dynamique du Grenelle, qui doit rester le moteur », explique Jean-Paul Besset. Le 19 décembre, M. Borloo présentera les comités opérationnels chargés de mettre sur pied les mesures concrètes issues du Grenelle. Plusieurs lois seront présentées au Parlement au premier semestre 2008.

Article paru dans l’édition du journal Le Monde du 19.12.07.

Cet article vous a plu ? Partagez-le !

Laisser un commentaire

EXIM

NOS OFFRES D'ABONNEMENT