LE MARCHÉ IMMOBILIER Technique

Publié le par Alain

Après 140 % de hausse en dix ans, le marché immobilier a commencé à ralentir en 2007, comme l’avaient anticipé la plupart des analystes. Selon les statistiques de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), publiées mardi 8 janvier, « le freinage est saisissant puisqu’en 2007 les prix des logements anciens ont progressé de 3,8 %, contre 7,1 % l’année précédente et 10,4 % en 2005, et il est plus appuyé pour les maisons (4,3 %) que pour les appartements (3,3 %) ». La tendance aussi atteint les loyers, qui n’auront, en moyenne, progressé que de 0,9 %, en 2007.

La tendance sur l’année 2007 aura été chaotique, le marché enregistrant hausses et baisses au gré de l’humeur des ménages. Attentistes avant les élections, plus enthousiastes en juillet, ceux-ci se sont montrés à nouveau circonspects à la rentrée, lorsque le Conseil constitutionnel a rejeté le projet gouvernemental de remboursement rétroactif des intérêts d’emprunts immobiliers. La crise financière a conduit à terminer l’année sur une période de doute. Ainsi, au 4e trimestre, les prix n’ont progressé que de 2,5 % par rapport au même trimestre de 2006.

Pour 2008, la Fnaim pronostique une quasi-stabilité des prix : « Tout retournement brutal du marché semble écarté, rassure René Pallincourt, son président, et [la hausse] des prix devrait se stabiliser dans une fourchette de 0 % à 2 % », anticipe-t-il. Du côté des facteurs négatifs, il observe « un moral des ménages dégradé, une fin d’année marquée par une révision à la baisse de la croissance, un recul de la consommation et un ralentissement du pouvoir d’achat, qui seront à peine compensés par les récentes mesures gouvernementales (paquet fiscal, crédit d’impôt, monétisation des RTT et déblocage de l’épargne salariale) ».

UNE ÉVOLUTION GRADUELLE

« Le fait le plus marquant est l’allongement des délais de vente, qui s’établit, en 2007, à 79 jours, contre 71 jours en 2006, remarque Hervé Bléry, président du réseau Century 21. Contrairement aux précédentes années, ce sont les villes et les quartiers les moins chers qui ralentissent le plus spectaculairement, tandis que les quartiers chics et les villes chères poursuivent leur progression ».

Paris prend ainsi le contre-pied de la tendance nationale, avec une progression des prix de 5,1 % selon la Fnaim. Nice gagne encore 4,9 %, Biarritz, 9,2 %, Antibes près de 14 %.

« La France connaît un ralentissement graduel de son marché immobilier », souligne Olivier Eluere, économiste au Crédit agricole, « ce qui contraste avec la situation en Espagne ou au Royaume-Uni. Dans ce pays, le nombre de prêts accordés a chuté de 36 % en novembre 2007 par rapport à octobre, et de 10 % en cumul sur douze mois ».

En France, les crédits à l’habitat accordés entre novembre 2006 et novembre 2007 ont atteint 148 milliards d’euros, soit un repli de 5,2 % par rapport à la même période, un an plus tôt. Ce recul s’explique plus par la baisse du nombre de transactions que par celle des prix.

La bonne résistance du marché français est soutenue par un endettement toujours plus long des acquéreurs, qui empruntent aujourd’hui sur 21,5 ans, en moyenne, soit un an de plus qu’en 2006, et la part des prêts sur 30 ans ne cesse de croître, atteignant, en septembre 2007, 16 % du total des prêts souscrits.

Un tiers des jeunes ménages s’endettent désormais sur plus de 30 ans. Autre moteur du marché, une demande supérieure à l’offre. « Les acheteurs sont encore deux fois plus nombreux que les vendeurs », souligne Bernard Cadeau président du réseau Orpi s’appuyant sur son enquête menée au dernier trimestre 2007 : 6,4 % des foyers français recherchent un logement, alors qu’il n’y a que 2,5 % de vendeurs.

LeMonde.fr du 8 janvier 2008

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