CERTIFICATION DPE : LES DIAGNOSTIQUEURS SCEPTIQUES SUR L’EFFICACITÉ DU FUTUR DISPOSITIF, MALGRÉ DES POINTS POSITIFS Profession

Certification DPE
Publié le par Mathias LOVAGLIO

Les résultats de notre sondage consacré au futur dispositif de certification DPE révèlent que les diagnostiqueurs approuvent une partie des mesures de renforcement, mais s’interrogent sur leurs coûts pour les entreprises et sur leur efficacité réelle.

À compter de juillet 2024, les diagnostiqueurs devront se soumettre à un régime de certification DPE renforcé. S’ils peuvent être certains qu’il s’avèrera plus couteux, les diagnostiqueurs jugent-ils cependant qu’il sera efficace pour accompagner la montée en compétence de la profession et fiabiliser le DPE ?

Les diagnostiqueurs valident les renforcements, notamment pour les nouveaux certifiés…

Nous avons tout d’abord demandé aux sondés s’ils pensaient que les principales évolutions du dispositif de certification seraient bénéfiques.

Globalement, le renforcement de la formation initiale est accueilli favorablement (85,5% pour l’intégration d’une journée de terrain et 65,7% pour l’allongement de la formation initiale). Ils approuvent également à une large majorité (73,5%) la mise en place d’un tutorat obligatoire en milieu professionnel durant les 12 mois qui suivront l’obtention de la certification. En revanche, ils sont beaucoup plus partagés quant aux mesures de renforcement qui s’appliqueront tout au long du cycle de certification : les nouveaux cas test et l’allongement de la durée de la formation continue ne sont jugés bénéfiques que par la moitié de notre panel de sondés et, comme on pouvait s’y attendre, l’augmentation du nombre de CSO est largement rejetée. 12,9% des sondés seulement estiment en effet que cette évolution est pertinente. Enfin, et également sans surprise, la suppression des examens pratiques pour le renouvellement de la certification, remplacés par un simple dossier de candidature, emporte l’adhésion des sondés (76,6%).

Graphique : Pourcentage d'avis favorables pour les principales évolutions du dispositif de certification

… mais sont peu convaincus de leur efficacité

Malgré cet accueil globalement favorable réservé aux principales évolutions du dispositif de certification DPE, les sondés se montrent beaucoup plus critiques quant à l’atteinte des objectifs fixés. Ainsi, 23% seulement estiment que ce nouveau régime sera bénéfique pour eux et à peine plus d’un tiers jugent qu’il répond aux objectifs de montée en compétence de la profession et de fiabilisation du DPE (38%). Loin d’être schizophréniques, les diagnostiqueurs, et notamment les chefs d’entreprise, s’inquiètent des coûts supplémentaires engendrés par le futur dispositif et de l’efficacité réelle du seul renforcement de la certification alors que d’autres mesures leur semblent tout aussi essentielles. Des aspects probablement centraux dans leur analyse globale des implications, avec le sentiment qu’ils vont devoir être les seuls à fournir des efforts pour la fiabilisation du DPE et la montée en compétence de la filière. Les commentaires laissés par les sondés en attestent.

Enfin, malgré l’obtention d’allègements lors de la concertation avec la DHUP, l’action des fédérations n’est jugée positive que par 32,7% des sondés.

Vers l’augmentation inéluctable des tarifs

Il ne fait pas débat que le futur régime de certification DPE engendrera des coûts supplémentaires pour les nouveaux entrants, mais aussi pour les diagnostiqueurs déjà certifiés. Certains prédisent des conséquences graves mais inégales selon le statut des entreprises : « Cela engendre des coûts importants pour les petites structures : nombre de jours de formation improductifs, nombre de CSO et de préparation au CSO. Bon nombre de diagnostiqueurs jettent l’éponge et la profession va se trouver avec une pénurie de diagnostiqueurs. Il semble que les lobbyings fonctionnent à plein pour les grosses structures » ; « La lourdeur financière (incluant les coûts directs et indirects) du dispositif ne sera pas supportable pour les indépendants » ; « Coût beaucoup plus élevé et, comme d’habitude, ce sont les franchises qui vont tirer leur épingle du jeu ».

Quels qu’en soient les impacts, la voie la plus naturelle pour absorber cette augmentation serait de la compenser par une hausse de ses tarifs. 75,6% des chefs d’entreprise envisagent cette option, une proportion qui grimpe même jusqu’à 81% chez les franchisés ou les membres d’un réseau. S’il parait difficile de mesurer l’intensité de cette hausse, les entreprises pouvant faire le choix de la reporter sur le seul DPE, sur plusieurs ou sur toutes leurs prestations, la revalorisation des tarifs ne semble plus être une option mais bien une nécessité pour beaucoup. Reste à savoir si, confrontées à la concurrence et à la réalité du marché, les intentions seront bien suivies d’effets pour la viabilité d’une partie des acteurs.

L’appréciation se fait aussi en fonction de sa situation

Ces chiffres globaux méritent cependant parfois une analyse plus fine en fonction de la typologie de répondants. Celle-ci permet de faire apparaitre des appréciations divergentes, en premier lieu entre les salariés et les chefs d’entreprise. Sur toutes les mesures et leurs conséquences, les salariés se montrent plus positifs avec parfois des écarts importants comme en atteste le graphique suivant. Moins concernés par les problèmes de financement que les chefs d’entreprise, ils accueillent de façon plus favorables les différentes mesures de renforcement, y voyant peut-être plus facilement une opportunité de monter en compétence et d’améliorer la qualité de leur travail. Même s’ils ne sont qu’une minorité à penser que ce nouveau régime sera bénéfique pour eux (35,9% contre 19,9% des chefs d’entreprise), ils sont 51,3% à juger qu’il répond aux objectifs de montée en compétence de la profession et de fiabilisation du DPE, là où les chefs d’entreprise ne sont que 34,6%. Enfin, ils se montrent également moins sévères envers l’action des organisations professionnelles durant la concertation avec la DHUP, 44,4% des salariés la jugeant positive contre seulement 30,7% des chefs d’entreprise.

Graphique : Pourcentage d'avis favorables pour les principales évolutions du dispositif de certification en fonction du statut des sondés

On relève également des divergences d’appréciation selon le statut des chefs d’entreprise. Les solos se montrent notamment beaucoup moins favorables à la mise en place d’un tutorat que les chefs d’entreprise avec salarié(s) (59,3 contre 75,6%). « Le tutorat favorise grandement les réseaux, franchises et grandes entreprises de diagnostic immobilier au détriment des créations et TPE existantes », commente d’ailleurs l’un des sondés Les solos se révèlent également plus critiques envers l’action des fédérations : seulement 13,2% d’entre eux estiment en effet que leur action durant le processus de concertation fut positive. Un taux très faible qui illustre peut-être plus fortement que jamais le sentiment d’un manque de représentation des solos au sein des organisations professionnelles. Les chefs d’entreprise avec salarié(s) sont en revanche plus nombreux à être satisfaits de cette action, même si cela reste une opinion minoritaire (34,7%).

Lire aussi : Nouvelle certification DPE et montée en compétence : paroles de diagnostiqueurs

Panel du sondage

Sondage réalisé du 31 août au 6 septembre 2023 auprès de 353 sondés dont 12% de techniciens salariés et 84% de chefs d’entreprise de diagnostic immobilier (16,5% sont franchisés ou membre d’un réseau et 18,5% sont des solos sans technicien salarié).

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4 commentaires

  • Hervé LEFEBVRE a écrit

    Voilà un sondage qui en dit long. Malheureusement, nous ne sommes pas écouté par les hautes sphères. On l’a vu au webinaire ou tout le monde se caressait dans le sens du poil. Et sur 2 heures d’auto congratulations sur leur travail, ils ont pris 2 malheureuses questions de diagnostiqueurs. ECOUTEZ LES TRAVAILLEURS. on a des idées et arretez de nous ranconner.

    • caso Bruno a écrit

      **Titre : Le Métier de Diagnostiqueur Immobilier : Incompréhension et Nécessité d’une Meilleure Représentation**

      La profession de diagnostiqueur immobilier, essentielle pour assurer la sécurité, la performance énergétique et la conformité des biens immobiliers, se trouve souvent mal représentée ou incomprise lors des décisions politiques ou réglementaires. L’absence de ces experts lors des réunions décisionnelles démontre une lacune préoccupante dans le processus d’élaboration des politiques.

      D’abord, le métier de diagnostiqueur est souvent réduit à sa dimension technique. Or, au-delà des chiffres et des rapports, il y a un facteur humain primordial qui est trop souvent négligé. Un diagnostic, c’est aussi la compréhension de l’habitat, une écoute attentive du propriétaire et un conseil éclairé.

      Ensuite, les logiciels de qualification des données, censés faciliter le travail des diagnostiqueurs, doivent être revus. Une approche plus didactique est nécessaire pour permettre à tous de travailler efficacement, sans se perdre dans des fonctionnalités complexes ou superflues.

      La tendance actuelle vers un climat répressif, avec des coûts croissants pour les TPE, profite essentiellement aux grandes enseignes. Ces dernières, cherchant souvent à réduire leurs coûts, ont tendance à privilégier l’embauche de salariés moins expérimentés, au détriment des seniors qui ont pourtant accumulé des années d’expertise.

      Il serait bien plus judicieux de favoriser une approche pédagogique. Plutôt que de mener des « contrôles » souvent vécus comme des sanctions, pourquoi ne pas organiser des journées d' »assistance évaluation » ? Ces moments seraient l’occasion d’échanges constructifs, de formation et d’amélioration continue.

      Le métier de diagnostiqueur immobilier mérite une reconnaissance à la hauteur de son importance. Il est temps que les décideurs comprennent sa valeur et impliquent davantage ces professionnels dans les discussions qui les concernent directement.

  • MR a écrit

    Exact Hervé, on en revient au même point argent argent ! Une bonne majorité prônent un encadrement de tarifs, qu’est-ce qui ressort ? Les prix vont d’augmenter. Messieurs les décisionnaires retournez faire du diag sur le terrain la profession par en sucette, nos frais vont finir par couter plus cher que les frais d’agences et de notaires !

  • Eric QUENDOZ a écrit

    Entierement d’accord avec Hervé. Mais le pire, c’est que ca fait des années que tout les diagnostiqueurs le disent et que rien ne bouge, dans le bon sens !

    Et la, c’est reparti, pour les mêmes conneries (rajouter des couches au mille feuille et aucune amélioration)
    Nos « représentants », ne nous représentent pas, ils font juste semblant d’écouter …….

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