DPE : UNE RÉVISION ATTENDUE MAIS À POURSUIVRE SELON LES DIAGNOSTIQUEURS Profession

Publié le par Mathias LOVAGLIO

Majoritairement favorables à la correction du DPE pour les petites surfaces, les diagnostiqueurs immobiliers se montrent en revanche plus sceptiques sur la solution retenue, à savoir la révision des seuils de classe pour les logements de 40 m² et moins. Ils aspirent également encore à d’autres modifications pour fiabiliser l’outil.

Après l’ouverture de la consultation publique sur le projet d’arrêté modificatif du DPE qui prévoit la mise en place de seuils de classe adaptés pour les logements de 40 m² et moins, Diagactu a souhaité connaitre l’avis des diagnostiqueurs immobiliers sur cette solution. Les résultats de notre sondage montrent tout d’abord qu’ils étaient majoritaires (78,5%) à attendre des corrections afin de réduire les effets pénalisants sur les petites surfaces. « Il était temps que cette modification soit mise en place », commente ainsi l’un des sondés.

Sondage DPE correctif

Des diagnostiqueurs partagés sur la solution retenue et sa mise en œuvre

Mais, même les diagnostiqueurs convaincus de la nécessité d’apporter des modifications pour les petites surfaces ne sont pas unanimes sur la solution retenue. 45,5% d’entre eux se déclarent favorables à la modification des seuils de classe, tandis que 44,5% se disent opposés à cette proposition. Si l’on inclut ceux qui ne trouvaient pas nécessaire de corriger le DPE pour les petites surfaces, à peine un tiers des diagnostiqueurs sondés approuvent la modification des seuils de classe.

« Rustine pour cacher le problème », « bidouillage pur et simple », beaucoup estiment que ce projet d’arrêté relève avant tout d’une décision politique, un « rétropédalage manifeste de décideurs qui n’ont pas su prévoir, par incompétence, la catastrophe qu’ils allaient engendrer. La crise du logement étant ce qu’elle est, cette mesure d’opportunité prouve bien qu’ils font dire aux DPE ce qu’ils ont envie qu’ils disent » selon l’un des sondés. « Le DPE devient un diagnostic politique tout simplement, très loin de son but initial », estime un autre.

Quant à la possibilité offerte aux propriétaires de pouvoir rééditer eux-mêmes leur nouvelle étiquette sans mobiliser les diagnostiqueurs, elle ne séduit pas beaucoup plus (47,5% des diagnostiqueurs favorables à une modification du DPE pour les petites surfaces). Certains estiment être « les dindons de la farce » et doivent déjà faire de la pédagogie auprès de leurs clients, voire subir des pressions de leur part : « J’ai déjà été appelé par 20 de mes clients qui me demandent de faire la modification pour eux. Et il y a déjà des propriétaires de logements de 41 ou 42 m² qui souhaitent me faire refaire un mesurage « plus modeste »… », témoigne l’un des diagnostiqueurs interrogés.

Pire, la réédition des étiquettes par les propriétaires suscite même certaines inquiétudes d’après les commentaires recueillis : « Cette façon de faire, d’écarter les diagnostiqueurs, va encore plus dégrader le regard qu’ont les propriétaires envers les ODI qui ont « mal classé » leur logement ». Ils sont également plusieurs à émettre des craintes pour leur responsabilité, bien que les risques paraissent faibles puisque leurs calculs des estimations de consommations et d’émissions de GES ne sont pas impactés par l’arrêté modificatif. Reste qu’il n’est pas impossible que la correction des seuils de classe suscite l’incompréhension des propriétaires, incompréhension à laquelle les diagnostiqueurs devront faire face.

Stabiliser ou encore modifier le DPE ?

« La méthode n’est pas parfaite, elle est perfectible, mais c’est un bon outil pour pouvoir comparer plusieurs logements. Diagnostiqueurs, acheteurs et vendeurs, nous avons besoin de stabilité ». Comme ce diagnostiqueur, 24% des sondés pensent que le DPE ne doit plus être modifié, une condition pour restaurer la confiance en cet outil auprès de tous les acteurs.

Mais 65,5% des diagnostiqueurs interrogés attendent d’autres modifications pour poursuivre la fiabilisation du DPE. Parmi les évolutions les plus régulièrement citées, on retiendra :

  • La révision du coefficient de conversion de l’électricité, voire l’expression des consommations en énergie finale uniquement
  • Des adaptations de l’outil au bâti ancien
  • Une prise en compte plus fine de l’altitude
  • L’allègement de l’outil avec la suppression de toutes les informations n’ayant aucun impact sur les consommations d’énergie et les émissions de GES, de l’estimation des dépenses trop sujette à la fluctuation du tarif des énergies et hors des objectifs du DPE,
  • La sortie du calcul de la consommation d’ECS, quitte à la mentionner à part dans le DPE, à titre informatif.

Sondage réalisé du 14 au 27 février 2024 auprès de 207 diagnostiqueurs immobiliers

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Un commentaire

  • ETIC a écrit

    1 – il serait temps de se rendre compte qu’on est gouverné par des incompétents !
    2 – réformer le DPE en enlevant tout relevé ou constat n’ayant aucun impact sur le calcul parait évident si on veut un diag le moins cher possible, allez leur expliquer …
    3 – effectivement, prendre en compte l’énergie de fabrication de l’eau chaude (et de l’éclairage) dans l’évaluation de la performance d’un bâtiment (donc de son enveloppe et de ses systèmes directement associés) est une aberration ! expliquant en partie les mauvais classements des petits logements, l’ECS a un impact sur la consommation des équipements donc il est logique que la directive européenne ait demandé sa prise en compte, mais l’outil de mesure (le DPE) aurait du distinguer ces différents postes.
    Quand le ministère aura compris qu’il ne doit pas inviter des représentants de fédérations qui ne sont même pas diagnostiqueurs eux-mêmes mais des patrons d’entreprises du domaine, et qu’il se doit d’inviter des experts de terrain, tout changera !

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