FRAUDE À LA CERTIFICATION : « LIBÉRER LA PAROLE DES DIAGNOSTIQUEURS » Profession

Certification
Publié le par Mathias LOVAGLIO

La certification est l’un des piliers du métier de diagnostiqueur immobilier. Personnelle et nominative, elle garantit la compétence du professionnel au point qu’on l’assimile à un véritable permis de travail. Pour autant, depuis sa mise en place il y a plus de 15 ans, des affaires de fraude à la certification font épisodiquement surface. Bien qu’il soit difficile de mesurer l’ampleur réelle de ces pratiques au sein de la filière, un diagnostiqueur a souhaité témoigner pour que les langues se délient. Une affaire qui n’est pas sans rappeler celle de Simon Chicot qui a fait condamner son ancien employeur pour des faits similaires.

« Je suis entré dans cette entreprise en 2013 » explique ce diagnostiqueur, dont nous avons préservé l’anonymat. « Très rapidement, je me suis aperçu que plein de choses n’allaient pas : heures supplémentaires non payées, formulaire d’intervention rempli à mon nom alors que j’étais en arrêt maladie, etc. ». Sans parler d’autres pratiques peu déontologiques : « dans cette entreprise, il m’est arrivé de réaliser seul 2 500 DPE pour un bailleur social en un mois et demi. Mon employeur me disait clairement : Ne rentre même pas dans les logements. Regarde l’extérieur et vas sur Google Maps ».

Une situation qui l’incite, au bout de quelques années, à se tourner vers les Prud’hommes. S’il a été surpris d’être débouté en première instance, ce diagnostiqueur et son avocat ont tout de même décidé de faire appel et le verdict devrait tomber d’ici peu dans cette affaire.

Mais c’est après avoir quitté cette entreprise le 31 décembre 2019 qu’il va découvrir le plus grave pour lui : sa certification DPE a continué d’être utilisée par son ancien employeur. « Dernièrement, sur l’Observatoire de l’Ademe, je vois des DPE enregistrés postérieurement à mon départ. J’ai alors poussé un peu plus loin mes recherches et je me suis rendu compte qu’il y avait entre 200 et 300 DPE sur factures enregistrés à mon insu. Tous semblent liés à un gros appel d’offres sur lequel je ne suis jamais allé. Pour moi, il est impensable que l’on utilise ma signature. Je ne vais pas laisser passer cela et j’étudie actuellement la possibilité de porter l’affaire au pénal », prévient-il, même s’il a conscience que cette procédure pourrait s’étaler sur plusieurs années. Et quand on lui demande s’il peut s’agir d’une erreur administrative de saisie, il réfute catégoriquement l’hypothèse.

Aujourd’hui employé dans une autre entreprise où les choses se passent mieux, il espère, grâce à ce témoignage, « libérer la parole des diagnostiqueurs » et les inciter à dénoncer ces pratiques, selon lui, quasiment institutionnalisées : « dans beaucoup d’entreprises, tout le monde utilise la certification de tout le monde et pas seulement pour le DPE », conclut-il.

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4 commentaires

  • ETIC a écrit

    PFFFF……
    Qu’ajouter, hormis le fait qu’il faut enfin comprendre que nous vivons dans un état mafieux : https://www.youtube.com/watch?v=EveWWX3fB2M

  • Pascal CLERC a écrit

    Et on parle des OF dont les formateurs sont surveillants dans l’OF qui n’est pas loin .. quand ils ne donnent pas les bonnes réponses aux QCM.
    Vous me direz certains n’ont peur de rien, même pas des études statistiques du COFRAC … et ils vont même jusqu’à mettre en avant leur taux de réussite des ODI qu’ils ont formés … qui vont en immense majorité chez l’OC ami(e)

  • Patrick MOUTIER a écrit

    Je suis diagnostiqueur et lors de la préparation d’un audit énergétique, ou j’ai eu besoin du DPE qu’un confrère avait effectué, j’ai remarqué que le numéro ADEM était fantaisiste et lors de me recherche je me suis aperçu que ce diagnostiqueur n’avait pas de certification valide pour ce domaine.
    Je ne l’ai pas dénoncé, pensant que cela était provisoire et que tout allais rentrée dans l’ordre, et aussi, ne sachant pas ou m’adresser.

  • Damien JAEGLÉ a écrit

    J’ai également déposé une plainte cet été à la gendarmerie pour usurpation d’identité.
    En effet un confrère ayant perdu sa certification, mentionnait mon nom et mon numéro de certification dans ses rapports, mais avec son entête et une signature bidon.
    Je m’en suis aperçu quand une de ses clientes mécontente m’a téléphoné en trouvant mes coordonnées sur internet.

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