NOUVELLE CERTIFICATION DPE ET MONTÉE EN COMPÉTENCE : PAROLES DE DIAGNOSTIQUEURS Profession

Publié le par Mathias LOVAGLIO

Les commentaires recueillis à l’occasion de notre dernier sondage confirment que les diagnostiqueurs sont partagés entre les apports du futur régime de certification DPE et ses conditions de mise en œuvre. Celles-ci ne marquant pas une rupture profonde avec le modèle actuel, ils s’inquiètent des coûts engendrés sans être totalement convaincus de l’efficacité d’un tel renforcement.

Formation initiale : du mieux, mais…

« Il y a besoin d’un soutien pour les nouveaux certifiés ! » : à une large majorité, les diagnostiqueurs interrogés approuvent le renforcement de la formation initiale, mais beaucoup jugent que le temps consacré au terrain reste insuffisant, sans toutefois s’accorder sur le format idéal : « 5 jours minimum de formation terrain accompagnée par un tuteur », « un mois de pratique terrain » ou encore « une période de stage de 3 mois minimum avant de s’installer » …

Beaucoup d’entre vous insistent également sur la nécessité que les prérequis en matière de techniques du bâtiment soient à minima correctement appliqués, voire renforcés, que la qualité des formations soit améliorée et que la difficulté des examens de certification soit augmentée. Pour y parvenir, certains plaident pour un véritable diplôme : « Si l’on veut que la filière monte en compétence et que la profession soit respectée, il faut une formation tel qu’un BTS ou un IUT. Formation continue ou en alternance. 2 ans de formation me parait un indispensable à notre métier si nous sommes le centre des enjeux de santé publique et environnementaux ».

Les OC et les OF seront-ils à la hauteur des enjeux ?

Les organismes de formation et de certification sont d’ailleurs dans le viseur d’une partie des sondés. Petit florilège : « Ce sont les organismes de formation et de certification qu’il faut faire monter en compétences. Si les contrôles sont faits par des gens qui n’ont pas le niveau technique mais simplement un niveau administratif, cela ne résoudra jamais rien aux problèmes du DPE » ; « savoir qu’en 2050 les émissions de GES devront avoir baissé de tant de % ne font pas qu’un ODI sait réaliser un DPE en sortie de formation. Qu’on nous apprenne plutôt à quel endroit mesurer une fenêtre ou une porte, comment traiter les chiens-assis, etc. » ; « Le in situ durant la formation se faisait avant que cela ne passe en distanciel. C’était une plus-value. Une formation sans terrain n’avait pas de crédibilité. C’est la course à l’OF le moins cher qui a mis à mal les formations en les réduisant à un bidule sous PDF. OF et OC étant de mèche (certains ont les mêmes propriétaires-actionnaires…), les certifications sont devenues des validations minables de ces formations tout aussi minables, entrainant évidemment un niveau minable sauf pour ceux qui, curieux, vont un peu plus loin que l’arrêté compétence » ; « Tant que des organismes de formation vendront le diagnostic pour nouvel Eldorado et que des gens, non issus du bâtiment, avec trois mois de formation et les certifications en poche, pourront arriver sur le marché, ce sera la merde. Que ce soit pour le DPE, comme pour les autres diagnostics. Je suis des fois en judiciaire, avec des diagnostiqueurs qui n’ont jamais vu de termites mais qui font des diagnostics quand même. Quant aux jours de terrain, oui, pourquoi pas, mais SURTOUT pas avec un centre de formation. Obligation de faire la formation dans un centre, et le terrain dans un autre qui n’a aucun lien d’intérêt avec le premier. Selon mon regard d’expert judiciaire, le niveau est en train de baisser, d’une manière générale ».

Un cycle de certification plus coûteux, mais pour quels bénéfices ?

Seulement un diagnostiqueur sur deux estime que l’augmentation du nombre de jours de formation continue est bénéfique. « Il était nécessaire de renforcer le niveau de compétence des techniciens, mon expérience m’a appris qu’à chaque formation ou échange, je consolidais ma connaissance du métier », explique l’un d’entre eux. Cependant, l’augmentation des coûts engendrés par le renforcement de la formation continue et surtout des CSO inquiète nombre d’entre vous : « un dispositif allégé pourrait être mis en place pour ceux qui ne font pas l’objet d’écarts lors des opérations de surveillance précédentes. La lourdeur financière (incluant les coûts directs et indirects) du dispositif ne sera pas supportable pour les indépendants ».

L’augmentation du nombre de CSO, rejetée par plus de 82% des sondés, focalise plus particulièrement l’attention. Aux yeux de certains, il ne s’agit que « d’une surveillance supplémentaire et non une montée en compétence » avec des impacts financiers lourds pour une efficacité qui reste à démontrer : « Les contrôles sur ouvrage sont une perte de temps, engagent un effort financier important, et une logistique difficile à mettre en œuvre, surtout pour les petits cabinets (absence de marché à commande, délai d’intervention souvent courts, difficile d’organiser un rdv avec les auditeurs sur un seul rdv) ». « Un contrôle des DPE par l’IA ou des algorithmes de la base Ademe aurait été moins couteux et plus performant », estime l’un d’entre vous.

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2 commentaires

  • SoCH a écrit

    Excellent article merci !
    Tout à fait d’accord avec la personne qui est expert judiciaire.
    Cela fait plus de 25 ans que je suis dans la profession et j’ai une vraie formation – collaboratrice d’architecte.
    Je suis passionnée par mon métier et j’enrage de voir que n’importe qui peut valider un bac+2 et devenir diagnostiqueur immobilier en signant un gros chèque.
    Les formations sont insuffisantes, les certificateurs interprètent les textes comme ils le veulent …
    Tout ceci n’est qu’une machine à pognon qui permet à n’importe qui de donner de la matière aux journalistes en caméra cachée et ainsi porter préjudice à des vrais professionnels sérieux et soucieux de faire leur travail de manière impartiale.
    Une infirmière pour se mettre à son compte doit justifier d’une expérience dans une structure d’au moins 3 ans !
    Notre profession participe à la sauvegarde de la santé et de la sécurité des gens, à la sauvegarde de notre environnement, à celle de la santé des travailleurs, etc.
    Les enjeux sont énormes, pourquoi un boulanger pourrait s’instaurer opérateur du jour au lendemain, sans même passer par la case apprentissage avec un tuteur ???
    C’est un scandale !
    Je pense également que la méthode 3CL est insuffisante et orientée …
    Tant que ce métier sera géré par un conglomérat d’idiocrates donneurs de leçons.
    Donnez-nous un vrai cadre …
    Un vrai organisme professionnel des diagnostiqueurs.
    Merci

  • ETIC a écrit

    Ça fait malheureusement longtemps qu’on réclame la création d’un ordre, il faudrait s’interroger du pourquoi ce refus par le ministère. A croire que ce bordel est organisé/voulu afin de pouvoir rejeter encore et toujours l’opprobe sur ceux qui doivent opérer pour mieux cacher les lacunes, incohérences, erreurs et politiques pernicieuses inventées par ces technocrates qui sont hors de contrôle de ces politicards incompétents.
    Ces gens là sont en train de dėconstruire l’organisation de ce pays, peut être tout simplement parce qu’il n’a plus les moyens de ce niveau de civilisation… ce qui contribuera à tous nous faire plonger.

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