QUI EST GUILLAUME KASBARIAN, NOUVEAU MINISTRE DU LOGEMENT ? Profession
Guillaume Kasbarian a été nommé ministre du Logement le jeudi 8 février 2024. Peu connu du grand public, son profil ne fait pas l’unanimité au sein d’un secteur en crise et confronté à de grands défis.
Un « Marcheur » de la première heure
Guillaume Kasbarian a été nommé, ce jeudi 8 février 2024, ministre délégué en charge du Logement auprès de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Il succède ainsi à Patrice Vergriete, « transféré » au ministère des Transports.
Diplômé de l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec), Guillaume Kasbarian occupe plusieurs postes de consultant et de manager dans des sociétés de conseil avant d’être élu député d’Eure-et-Loir en 2017 sous l’étiquette La République en Marche à laquelle il adhère dès sa création en 2016. Réélu en 2022, il prend alors la présidence de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale.
Sé déclarant attaché à la propriété privée « principe fondateur de notre République et de notre Constitution », Guillaume Kasbarian lance plusieurs actions afin de revoir la procédure d’expulsion des squatteurs qui aboutiront à l’adoption de la loi controversée du 27 juillet 2023 visant à protéger les logements de l’occupation illicite, dite loi Kasbarian. Sur le volet de la rénovation énergétique des bâtiments, il intervient pour minimiser la portée d’une mesure du projet de loi énergie et climat qui consistait à soustraire jusqu’à 5% du produit de la vente d’un bien immobilier mal isolé afin de financer sa rénovation. À l’automne 2020, Guillaume Kasbarian vote pour la réintroduction des pesticides néonicotinoïdes au nom de la défense de la filière betterave. Plus récemment, Il a voté en faveur d’une proposition de loi visant à rabaisser l’abattement fiscal des meublés de tourisme.
À bientôt 37 ans, Guillaume Kasbarian devient, déjà, le 3e ministre du Logement du second mandat d’Emmanuel Macron. Il aura notamment en charge de répondre à la crise du logement, dossier placé parmi les urgences du gouvernement selon le Premier Ministre Gabriel Attal.
Une nomination polémique
L’annonce de la nomination de Guillaume Kasbarian a immédiatement provoqué des remous chez certains acteurs de la filière. Si la FNAIM, par l’intermédiaire de son président Loïc Cantin, salue « son engagement pour le logement à l’Assemblée nationale, comme en témoigne son travail sur la loi pour protéger les logements contre l’occupation illicite, [qui] sont des gages d’un futur dialogue de qualité », les acteurs du monde social se montrent beaucoup plus réservés. Le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert, espère « que le nouveau ministre délégué au Logement sera plus attentif aux souffrances des mal-logés et aux difficultés que connaissent nos concitoyens en matière de mal-logement qu’il ne l’a été au moment où il a porté une loi qui a fait beaucoup de dégâts » (AFP). Eddie Jacquemart, président de la Confédération nationale du logement, évoque même « une déclaration de guerre aux locataires » et « une véritable gifle à tout le secteur du logement » (France Info). Pour Le Monde, cette nomination du porteur de la loi anti-squat est « une provocation à l’encontre du secteur, habitué à ce que ce ministère suive une politique d’orientation plus sociale ». Enfin, Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au logement (DAL), aurait préféré « pas de ministre du Logement plutôt que Kasbarian ! ».
Alors qu’une grande loi sur le logement est annoncée au printemps, le profil de Guillaume Kasbarian inquiète bon nombre d’acteurs et il lui faudra d’abord convaincre si le secteur tout entier veut avancer uni sur les grands défis de la crise du logement, de la rénovation énergétique et de l’amélioration de l’habitat.
