DRIPP : LE RÔLE PIVOT DES DIAGNOSTIQUEURS DANS LA LUTTE CONTRE LE SATURNISME INFANTILE Technique

DRIPP - Alexis Maisondieu (Diag Habitat)
Publié le par Mathias LOVAGLIO

Mission peu connue du grand public, le Diagnostic du risque d’intoxication par le plomb des peintures (DRIPP) incarne cependant la vocation des diagnostiqueurs immobiliers à œuvrer à la prévention des risques sanitaires. Alexis Maisondieu et Bastien Hulin (Diag Habitat) présentent les particularités de cette mission permettant, selon les cas, de protéger la population du saturnisme et d’identifier l’origine des intoxications au plomb.

L’annuaire des diagnostiqueurs immobiliers certifiés ne recense que 71 certifications plomb avec mention, certification indispensable pour réaliser les Diagnostics du risque d’intoxication par le plomb des peintures (DRIPP) ainsi que les contrôles après travaux en présence de plomb consécutifs à un DRIPP. Si peu de diagnostiqueurs possèdent la mention plomb, c’est tout d’abord en raison de la rareté de la mission mais aussi en raison de circonstances d’intervention particulières parfois difficiles. Pour autant, cette mission joue un rôle essentiel dans la lutte contre le saturnisme.

Une mission de service public

Le DRIPP est réalisé dans le cadre d’une enquête administrative diligentée après le dépistage d’un cas de saturnisme sur une personne mineure ou en cas de risque d’exposition d’une personne mineure. « Nous sommes mandatés suite à une demande de l’Agence régionale de santé (ARS) ou de la Direction départementale des territoires (DDT) », explique Alexis Maisondieu, directeur technique de Diag Habitat, diagnostiqueur depuis 17 ans et certifié plomb avec mention. « Le périmètre de la mission est défini par le donneur d’ordre. Quand un cas de saturnisme est avéré, on nous demande en général de diagnostiquer le logement. Mais on peut aussi nous demander d’investiguer tous les endroits où l’individu atteint de saturnisme a l’habitude d’aller. Par exemple, quand il s’agit d’un appartement, nous allons aussi inspecter la cage d’escalier et les abords extérieurs de l’immeuble. L’objectif est de déterminer comment la personne a été intoxiquée ou, dans le cadre d’une situation d’insalubrité, comment les personnes pourraient être intoxiquées ».

La méthodologie à conduire pour un DRIPP s’apparente à celle d’un CREP, mais elle comporte certaines spécificités que nous décrit Alexis Maisondieu : « Si l’identification des Unités de diagnostic (UD) et le nombre de mesures à réaliser s’organisent comme pour le CREP, les investigations pour un DRIPP se concentrent uniquement sur les surfaces dégradées. Nous mesurons la teneur en plomb et pouvons, en cas d’incertitude, recourir à l’analyse d’un prélèvement d’écaille. Nous devons également déterminer le pourcentage de surface dégradée sur chaque élément positif au plomb. Un croquis permet de localiser les mesures positives de façon claire. Et, surtout, le rapport inclut des préconisations de travaux pour éliminer le plomb sur l’unité de diagnostic dégradée ».

Si des travaux de retrait interviennent après la réalisation d’un DRIPP, la réglementation impose des mesures surfaciques des poussières (tests lingettes) qui, là aussi, ne peuvent être confiées qu’à un opérateur certifié plomb avec mention.

Des interventions plutôt rares, dans des contextes parfois difficiles

« Nous sommes mandatés par le propriétaire qui doit se soumettre à cette obligation imposée par l’Administration. Lorsque nous intervenons pour la première fois, le propriétaire, mais aussi très souvent le locataire en cas de bail, sont présents. Cela peut engendrer certaines tensions d’autant plus que, la plupart du temps, le contexte social est difficile », explique Alexis Maisondieu. « Les bailleurs ont également l’obligation de reloger les locataires à leur charge pendant la période des travaux ». Si la mission est délicate, elle n’en demeure pas moins indispensable pour éviter des intoxications en cas d’insalubrité ou bien identifier l’origine d’une intoxication, parfois même de façon indirecte comme Alexis Maisondieu en a déjà fait l’expérience : « Nous avons été mandatés pour réaliser le DRIPP d’un appartement dans lequel vivait un enfant atteint de saturnisme. Mais nos investigations n’ont pas mis en évidence la présence de plomb dans le logement. C’est le médecin qui s’est ensuite aperçu que le garçon avait un collier avec un médaillon en plomb qu’il portait à sa bouche en permanence. En éliminant la piste des peintures du logement, le DRIPP a contribué à identifier la cause de l’intoxication ».

Bien qu’essentielle à la protection des populations, la réalisation de DRIPP reste une activité marginale au sein de Diag Habitat. « Nous avons le monopole sur certains départements où nous sommes implantés et les demandes sur l’année se comptent sur les doigts d’une main », précise Bastien Hulin, co-fondateur de Diag Habitat et vice-président de la CDI FNAIM. Avec le temps et la rénovation des logements anciens, les risques ont fort heureusement diminué même s’ils ne sont pas éradiqués. Cette rareté relative peut d’ailleurs s’avérer problématique lorsqu’il s’agit d’organiser son contrôle sur ouvrage avec son organisme de certification : « Ce sont des situations complexes et nous ne pouvons pas réintervenir sur ce genre de missions, d’autant plus que les travaux doivent être faits rapidement. Notre OC demande à ce qu’on le prévienne quand nous avons un DRIPP mais, bien souvent, les délais sont trop courts pour lui », explique Alexis Maisondieu. « Dans le cadre de la surveillance, on se doit également de fournir un certain nombre de rapports », ajoute Bastien Hulin, « et il faut donc exercer un minimum pour pouvoir transmettre le tout à son OC ».

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