J-M VERNEY (AFIDEN) : « LES OF SERONT PRÊTS AU PRINTEMPS 2024 À APPLIQUER LE NOUVEAU DISPOSITIF DE CERTIFICATION DPE » Profession

Jean-Marc Verney, président de l'AFIDEN
Publié le par Mathias LOVAGLIO

Quelques semaines après son élection à la présidence de l’AFIDEN (Association pour la formation innovante en diagnostics, énergie et numérique), Jean-Marc Verney, fondateur d’Irilus Formation, livre son sentiment sur la réforme de la formation DPE. S’il s’inquiète des coûts supplémentaires pour les entreprises, il se félicite cependant que « les remontées des OF aient été écoutées » et estime que le report au 1er juillet 2024 permettra aux OF de se préparer à appliquer le nouveau dispositif.

Pouvez-vous nous présenter l’AFIDEN et ses objectifs ?

L’AFIDEN regroupe des organismes de formation liés au diagnostic immobilier et plus largement au domaine du contrôle, qu’ils soient OFDTI ou non (SS4, SS3…). Nous avons adopté une gouvernance collégiale avec une vision globale car chaque organisme a son propre mode de fonctionnement. Créée il y a plusieurs années, l’association a été réactivée au printemps dernier afin de participer à l’élaboration de l’arrêté compétences DPE. Les diagnostiqueurs et les organismes de certification, par l’intermédiaire des différentes organisations professionnelles qui les représentent, avaient déjà l’écoute de la DHUP. En tant qu’OF, nous ne voulions pas être la troisième roue du carrosse. La DHUP était demandeuse de retours, mais nous sommes une trentaine d’OF et cela ne l’intéressait pas d’avoir autant de retours différents. Au sein de l’AFIDEN, nous essayons de mutualiser les réflexions afin de faire remonter des propositions concrètes et constructives, ainsi que des alternatives plus judicieuses aux mesures qui ne nous semblent pas pertinentes.

Notre but est vraiment de regrouper un maximum d’organismes de formation de bonne volonté et de faire remonter au niveau des pouvoirs publics des choses constructives pour ne pas être pris au piège de devoir appliquer ce qui nous est imposé. Nous voulons être des apporteurs d’idées et instaurer une communication fluide et claire avec la DHUP au service de la montée en compétence de la profession. Plus nous serons nombreux, plus nous aurons l’oreille de la DHUP.

L’arrêté compétences DPE étant désormais publié, quels sentiments vous inspire le futur dispositif de certification ?

Au niveau de l’AFIDEN, nous sommes plutôt contents que nos remontées aient été écoutées. Nous sommes parvenus à un équilibre acceptable qui ne sera pas difficile à mettre en place. Certains d’entre nous s’étaient d’ailleurs déjà positionnés sur ces axes de développement. J’y vois un vrai côté positif : le cadre est vraiment axé sur la montée en compétence du diagnostiqueur avec des cas test, du terrain, même si je trouve qu’une journée n’est pas suffisante. Mais cela reste un minima et les OF peuvent toujours décider d’aller plus loin sur la formation terrain.

Bien évidemment, cela va générer des coûts supplémentaires. Pour la formation initiale, généralement prise en charge dans le cadre d’une reconversion professionnelle, il reste cependant à savoir si les financeurs suivront cette augmentation des budgets. Aujourd’hui, il faut compter autour de 6 ou 7 000 € pour un pack « reconversion professionnelle ». Comment les financeurs, Pôle emploi ou OPCO, vont-ils réagir quand, en 2024, ils verront arriver des devis qui vont passer probablement autour des 10 000 € ? Alors que nous sommes en manque d’effectifs, seront-ils encore disposés à financer dans ces conditions ? Je n’ai pas la réponse.

C’est également un vrai budget pour la formation continue, notamment pour les indépendants et les petites structures. Si la montée en compétence des diagnostiqueurs est un point positif de l’arrêté, le surcoût en est la contrepartie. Alors qui va le supporter ? Est-ce que ce sera supportable ? Cela reste un gros point d’interrogation…

Comment les organismes de formation vont-ils s’adapter aux nouvelles exigences de cet arrêté ?

Il est encore un peu tôt pour évoquer tout ce qui sera mis en place, même si nous avons déjà des pistes pour correspondre à l’arrêté compétences. Chacun le voit avec sa propre organisation et cela dépendra aussi des OC, mais aussi de nos propres certifications en tant qu’OF. Nous sommes encore un peu dans le flou. C’est pourquoi nous avons accueilli le report au 1er juillet 2024 comme une bouffée d’oxygène et nous serons prêts au printemps prochain.

Chez Irilus, nous sommes certifiés en distanciel mais nous travaillons d’ores et déjà sur une certification en présentiel, en axant cette partie présentielle essentiellement sur le terrain. Nous essayons de nous organiser pour que nos stagiaires aient une partie en situation réelle, par petits groupes, dans une maison ou un appartement, non pas pour être conforme à l’arrêté mais pour que, pédagogiquement, le stagiaire en tire un bénéfice. Cela n’est pas simple, notamment en matière de coûts, mais nous devrions trouver la bonne solution d’ici la fin de l’année.

Quelles sont les grandes réflexions qui vont être menées dans les prochains mois au sein de l’AFIDEN ?

Nous aurons tout d’abord des réflexions en interne sur la mise en place du futur arrêté compétences DPE au 1er juillet 2024. Pour la formation initiale, il s’agit surtout de ne pas confondre formation terrain et formation présentielle, même si l’arrêté manque de précisions sur le cadre dans lequel la formation terrain doit être mise en œuvre. Au sein de l’AFIDEN, chacun s’adaptera en fonction de ses moyens et de ses idées, mais nous partageons cette vision qu’il faut vraiment une mise en situation sur le terrain. La DHUP a du mal à faire la part des choses entre le présentiel, du travail en salle, et la formation terrain qui est une véritable mise en situation réelle. Je crains que cela ne se termine parfois dans une salle avec une grille de VMC et un rouleau de laine de verre…

Très vite, nous allons aussi devoir nous pencher sur le référentiel de compétences à venir pour l’audit énergétique réglementaire. En fonction du projet d’arrêté, nous devrons apporter notre pierre à l’édifice, valider les choix en matière de montée en compétence pour la profession et identifier ce qui est réalisable ou non. Il faut bien évidemment se poser la question des coûts pour les diagnostiqueurs, car la DHUP n’est pas toujours consciente de cette problématique. En tant qu’OF, nous pourrions nous satisfaire d’une augmentation du nombre de jours de formation, mais nous sommes les partenaires des diagnostiqueurs. Nous pouvons former un diagnostiqueur pendant six mois, mais s’il travaille mal, cela ne changera rien. Notre objectif c’est vraiment de faire l’interaction entre la DHUP et les dispositifs qu’elle souhaite mettre en place pour faire monter en compétence la profession, mais aussi, avec notre expérience, de leur expliquer qu’il faut savoir rester mesuré avec des temps d’apprentissage raisonnables.

Avec les nouvelles dispositions pour le DPE et celles à venir sur l’audit énergétique réglementaire, peut-on imaginer qu’une mutation s’opère parmi la profession avec l’émergence de spécialistes des questions énergétiques ?

Ce métier était au départ un métier d’indépendants et de solos qui faisaient tous les diagnostics. Ce modèle « généraliste » commence cependant à avoir du plomb dans l’aile. Nous avons beaucoup de demandes de formation de la part de personnes qui veulent se spécialiser dans l’énergie, plutôt que devenir diagnostiqueur immobilier. Bien évidemment, ce phénomène est lié au contexte médiatique et nous les freinons dans leur enthousiasme car nous ne connaissons pas réellement les débouchés commerciaux d’un tel positionnement aujourd’hui. Malgré tout, cela s’est fait dans l’amiante et il n’est pas impossible que cela arrive également pour le domaine énergie, voire pour les missions en copropriété avec le DTG et le PPT. Ce métier qui était généraliste, et il le restera toujours en partie pour la location et la vente, pourrait voir apparaitre un métier dans le métier, notamment avec les nouveaux arrivants. Dans les cabinets de quelques salariés, de la même manière qu’il peut y avoir un spécialiste de l’avant travaux, on pourrait voir dans les équipes un spécialiste de l’énergie. Quel est leur intérêt, avec la charge financière que cela implique, d’avoir tous leurs techniciens avec toutes les certifications existantes ?

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