ASSURANCES : UNE INSTABILITÉ CHRONIQUE POUR LES DIAGNOSTIQUEURS Profession

Publié le par Mathias LOVAGLIO

Trois phénomènes, étroitement liés entre eux, affectent l’assurance RC Pro des diagnostiqueurs immobiliers depuis plusieurs années : le taux important de sinistralité, le turn-over des acteurs de l’assurance et la hausse des tarifs. Notre sondage, réalisé du 5 au 13 décembre, confirme malheureusement ces tendances puisque 35% des sondés vont devoir changer d’assureur et 69% vont subir une augmentation, parfois importante, de leur prime d’assurance. La sinistralité, quant à elle, est traitée dans un autre article.

Le turn-over des assureurs s’accélère

Après le retrait de MMA, partenaire historique de la FIDI, fin 2022, plusieurs autres assureurs ont annoncé leur désengagement du marché de la RC Pro des diagnostiqueurs à la fin de cette année : la Mavit, commercialisée par le courtier Diagnos, HDI ainsi que certaines caisses régionales de Groupama. 22,5% des entreprises de diagnostic immobilier sondées se retrouvent donc dans l’obligation de changer d’assurance en 2024 en raison du retrait de leur assureur 2023. Elles n’étaient que 18% à être confrontées à cette situation l’an dernier lors de notre précédent sondage.

Au-delà des cas de retrait des assureurs, d’autres diagnostiqueurs immobiliers font également le choix du changement pour 2024, notamment en raison de l’augmentation de leur prime d’assurance par leur assureur 2023. Ce motif est ainsi invoqué par 31,5% des sondés qui vont changer d’assurance en 2024 alors qu’ils n’étaient que 14,3% l’an dernier.

Au total, c’est plus d’un tiers des diagnostiqueurs sondés (35%) qui va changer d’assureur entre 2023 et 2024, un chiffre en hausse de 4% par rapport à l’an dernier. 56% d’entre eux affirment rencontrer des difficultés à se faire assurer et 38,5% ne savent pas encore auprès de quel assureur ils souscriront leur contrat RC Pro 2024.

Pour certains sondés, la problématique de l’assurance est désormais récurrente chaque année, comme pour ce diagnostiqueur récemment débarqué dans le métier : « en moins de 2 ans d’activité, j’ai déjà changé 2 fois de RCP : MMA en 2022 avant son retrait du marché, Allianz en 2023 avant son augmentation de près de 30% de prime d’assurance, et maintenant AXA via LSN depuis fin 2023 ! »

Des tarifs qui poursuivent leur hausse

Comme les années précédentes, une hausse des primes d’assurance interviendra en 2024. Elle concernera près de 69% des sondés contre 62% l’an dernier et 65% en 2022. Cette hausse procède, dans la majorité des cas, d’une décision unilatérale de l’assureur (69%). Dans 21% des cas, elle est également la conséquence d’un changement d’assureur, contraint ou volontaire.

Si la proportion de sondés subissant une augmentation de leur prime d’assurance reste sensiblement la même, c’est surtout l’intensité de la hausse qui parait plus importante que l’an dernier comme le montre le tableau ci-dessous. Elle excède largement une simple répercussion de l’inflation sur le montant des primes pour la plupart des sondés puisque 54,5% d’entre eux vont subir une augmentation de 10% et plus, alors qu’ils n’étaient que 41% l’an dernier.

Répartition des sondés en fonction de l’évolution annuelle du montant de leur prime d’assurance

Évolution du montant de la prime d’assurance Comparaison 2023 par rapport à 2022 Comparaison 2024 par rapport à 2023
Baisse 5% 6%
Stable 33% 25,5%
Hausse inférieure à 10% 21% 18%
Hausse comprise entre 10 et 19% 23% 21%
Hausse comprise entre 20 et 29% 7,5% 7%
Hausse comprise entre 30 et 39% 7% 7%
Hausse comprise entre 40 et 49% 3% 4%
Hausse de 50% et plus 0,5% 11,5%

 

Pour 11,5% des sondés, la hausse de leur prime d’assurance va même atteindre ou dépasser les 50% ! Si, pour une partie d’entre eux, cette augmentation est liée à l’évolution de leur chiffre d’affaires (12%), à une extension de leur couverture (29,5%) ou à la conséquence d’un sinistre (17,5%), dans près de 71% des cas, elle est la résultante d’un changement d’assureur, ces conditions pouvant être cumulatives.

Lorsqu’on leur demande leur avis sur le montant de leur prime d’assurance au regard des risques de leurs activités, les sondés sont donc plus nombreux que l’an dernier à le juger trop élevé (51% contre 48%), tandis que 47% l’estiment normal et 2% trop faible.

Une instabilité qui suscite une incertitude grandissante

76,5% des diagnostiqueurs sondés se déclarent désormais inquiets quant aux évolutions de leur assurance RC Pro dans les prochaines années, un chiffre en hausse de 8 points par rapport à la fin 2022. Les mouvements d’assureurs associés à l’augmentation désormais habituelle de leurs tarifs pèsent nécessairement sur le moral des diagnostiqueurs immobiliers. Ce sont d’ailleurs les deux principaux motifs d’inquiétude avancés par les sondés, loin devant l’impossibilité de contracter une assurance après un sinistre.

Dans ce contexte, plus d’un quart de l’ensemble des diagnostiqueurs sondés affirme avoir rencontré des difficultés pour se faire assurer (26,5%). Des situations qui pourraient malheureusement bien se multiplier à l’avenir, s’ajoutant à l’augmentation prochaine des coûts de formation/certification pour le DPE et l’audit énergétique et aux difficultés économiques que traversent certains diagnostiqueurs en raison d’un marché immobilier en berne.

Panel du sondage

Sondage réalisé du 5 au 13 décembre 2023 auprès de 224 diagnostiqueurs immobiliers. Composition du panel :

  • 11 % des sondés appartiennent à un réseau ou une franchise (15% en 2022)
  • 26% des sondés appartiennent à une ou plusieurs fédérations (45% en 2022 avec une surreprésentation des adhérents FIDI en raison de l’arrêt du contrat groupe)
  • 1,75 diagnostiqueurs / cabinet (+0,15 par rapport à 2022)
  • 10 ans d’ancienneté moyenne des entreprises (10 ans en 2022)

 

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