DU MANDAT AU DIAGNOSTIC : CES ANCIENS AGENTS IMMOBILIERS QUI SE SONT RECONVERTIS Profession
Quitter la vente pour enfiler la lampe frontale : de plus en plus d’anciens agents immobiliers font le pari du diagnostic. Moins de vitrines, plus de concret, et surtout l’envie de redonner du sens à leur pratique.
« J’étais agent immobilier, mais ça stagnait », confie Souad Boukhedenna, aujourd’hui project manager chez A+Diags. « J’avais fait le tour. Quand une petite entreprise de diagnostic a été mise en vente, je me suis dit : pourquoi pas ? Ce métier, c’est une gymnastique intellectuelle permanente. On cherche et on essaie de comprendre. Et surtout, on aide les clients à économiser et à mieux connaître leur logement. » Même changement de cap pour Juliette Dos Santos, treize ans d’agence derrière elle. « Dans l’immobilier, on arrondit les angles en permanence. Dans le diagnostic, on dit les choses telles qu’elles sont : il y a de l’amiante, ou il n’y en a pas par exemple. C’est plus exigeant. » Depuis, elle n’a plus quitté le terrain, même si elle avoue ne pas avoir imaginé la lourdeur des contrôles ou la méfiance que suscite parfois la profession, elle assume sans regret : « C’est un métier difficile, mais passionnant. Je n’échangerais plus ma lampe frontale contre une carte de visite. »
Changer de regard sur le bâti
Pour Smeralda Marzano, dix ans d’agence ont suffi. « Ce qui m’a décidé, c’est la dimension santé et sécurité. Quand un client renonce à une maison à cause d’une toiture en fibrociment, on mesure l’importance du diagnostic. » Elle souligne la complémentarité entre les deux univers : « Avoir été agent aide à mieux vulgariser les anomalies. Je sais ce que les acquéreurs ne comprennent pas. » Mais elle prévient ceux qui voudraient suivre son chemin : « Ce n’est pas un eldorado. Il faut deux à trois ans pour être vraiment bon, et s’accrocher. » Elle qui était « la plus technique de l’agence », parle d’un « métier de valeur ». Même philosophie pour Mickaël Niel, seize ans d’immobilier avant la reconversion : « Je saturais des visites, des compromis et des revirements de dernière minute. Le diagnostic, c’est l’inverse : on est seul et dans le concret. C’est plus technique ! »
D’un métier d’image à un métier de fond
Tous partagent le même constat : le diagnostic n’est pas plus simple que la vente, c’est juste différent. Moins de pression commerciale, plus de rigueur. « Il n’y a plus de négociations, c’est plus de la conformité », résume Juliette Dos Santos. Mickaël Niel le confirme : « Je suis passé du commercial au technique. Le diagnostic, c’est plus solitaire et plus exigeant physiquement. » Ce qu’il regrette ? « L’instabilité des réglementations. Mais au moins, on sait pourquoi on travaille. On touche au concret, à l’énergie avec le DPE ou l’audit, à la sécurité avec l’électricité ou le gaz et à la santé avec l’amiante et le plomb. » Et s’ils expliquent cette instabilité par le fait que la profession est encore jeune et parfois mal comprise, la majorité s’accorde sur un point : ils ne reviendront pas en arrière. « Le diagnostic, conclut Souad, c’est un vrai métier d’expertise. On ne vend pas des rêves, on apporte des réponses. »
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