VALÉRIE LÉTARD, MINISTRE DU LOGEMENT DE PLEIN EXERCICE Profession

Valérie Létard, ministre du Logement et de la Rénovation urbaine
Publié le par Mathias LOVAGLIO

Pour la première fois depuis 7 ans, le logement aura les honneurs d’un ministère de plein exercice. Présentée comme une spécialiste du sujet, Valérie Létard aura la charge de redynamiser un secteur en difficulté. La constitution du gouvernement Barnier a également été l’occasion de remodeler la hiérarchie des ministères et donc des priorités de l’action gouvernementale.

Valérie Létard, ministre du logement de plein exercice

Pour la première fois depuis l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République en 2017, le logement dispose d’un ministère de plein exercice. À 61 ans, Valérie Létard vient en effet d’être nommée ministre du Logement et de la Rénovation urbaine, succédant ainsi à Guillaume Kasbarian (transféré à la Fonction publique) pour le Logement et à la secrétaire d’État chargée de la Ville et de la Citoyenneté Sabrina Agresti-Roubache.

Très ancrée dans son territoire de Valenciennes, Valérie Létard a occupé de nombreuses fonctions locales (présidente de la communauté d’agglomération de Valenciennes, conseillère départementale du Nord, première vice-présidente du conseil régional des Hauts-de-France, etc.) et fut élue plusieurs fois sénatrice du Nord depuis 2001. Elle fut d’ailleurs vice-présidente du Sénat entre 2017 et 2023. Depuis juin 2019, elle est également membre du conseil d’administration de l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine). Adhérente à l’Union des démocrates indépendants (UDI) depuis 2012, Valérie Létard est élue députée en juillet dernier et décide alors de siéger au sein du groupe Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires).

Proche de Jean-Louis Borloo, ancien titulaire du poste à deux reprises entre 2002 et 2007, Valérie Létard est présentée comme une spécialiste du logement. L’ancienne secrétaire d’État chargée de la Solidarité puis des Technologies vertes et des Négociations sur le climat durant la présidence de Nicolas Sarkozy avait d’ailleurs été pressentie en 2017 pour prendre les rênes du secrétariat d’État au Logement avant de refuser le poste finalement dévolu à Julien Denormandie.

En tant que sénatrice, Valérie Létard a présidé la commission spéciale relative à la mise en application des mesures de « Zéro artificialisation nette » (ZAN) adoptées dans le cadre de la loi Climat et Résilience. Une loi dont elle aura désormais la charge de poursuivre le déploiement, notamment sur son volet logement. La Fédération française du bâtiment (FFB) « applaudit son arrivée » et la dit « mobilisée sur ces deux sujets depuis longtemps et engagée au service des territoires ».

Numéro 13 du gouvernement, Valérie Létard aura la lourde charge de redynamiser un secteur en difficulté et sera observée sur le maintien et l’atteinte des objectifs de rénovation énergétique du parc immobilier résidentiel.

Un paysage ministériel recomposé

La création d’un ministère du Logement et de la Rénovation urbaine de plein exercice s’accompagne d’une véritable reconfiguration de l’organisation gouvernementale.

Tout d’abord, Agnès Pannier-Runacher, ancienne ministre de la Transition énergétique sous le gouvernement Borne (2022-2024) et ministre déléguée à la Forêt sous le gouvernement Attal (2024), prend la tête d’un ministère élargi de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques. Cette dernière thématique met en évidence l’importance que lui accorde le Premier Ministre, à l’origine de la loi Barnier, adoptée en 1995, qui a permis de définir de grands principes qui régissent le droit de l’environnement (principes de précaution, de pollueur-payeur, etc.) et de créer le fonds Barnier pour l’indemnisation des victimes de catastrophes naturelles. Néanmoins, les promesses du second mandat d’Emmanuel Macron (« La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas ») semblent loin et le ministère de la Transition écologique n’occupera que le 9e rang dans la hiérarchie du gouvernement. Fidèle du président de la République, Agnès Pannier-Runacher sera épaulée par Olga Givernet, ministre déléguée chargée de l’Énergie, un sujet qui quitte donc la tutelle du ministère de l’Économie et des Finances, Antoine Armand, successeur de Bruno Le Maire à Bercy, ne reprenant pas le flambeau.

On notera également la création d’un grand ministère du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, au 3e rang de l’ordre protocolaire, qui revient à Catherine Vautrin. L’ancienne ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités du gouvernement Attal sera assistée de trois ministres délégués : Françoise Gatel chargée de la Ruralité, du Commerce et de l’Artisanat ; le président du conseil départemental de l’Essonne et administrateur d’Île-de-France Mobilités François Durovray chargé des Transports ; le maire de Lorient Fabrice Loher chargé de la Mer et de la Pêche. Le précédent ministère de Catherine Vautrin est « démantelé » au profit de Geneviève Darrieussecq (MODEM) à la Santé et à l’Accès aux soins, Paul Christophe (Horizons) aux Solidarités, à l’Autonomie et à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes, et Astrid Panosyan-Bouvet (Renaissance), qui a notamment activement soutenu la réforme de l’assurance chômage, au Travail et à l’Emploi. Enfin, Rachida Dati conserve son portefeuille de la Culture.

La nomination du gouvernement Barnier vient clore plusieurs semaines de flou politique consécutif aux résultats des élections européennes puis législatives. Sixième attributaire du Logement sous Emmanuel Macron, il faut tout d’abord souhaiter enfin un peu de stabilité à Valérie Létard qui disposera désormais d’une marge de manœuvre probablement plus conséquente en quittant la tutelle de la Transition écologique. Il reste à savoir si cette émancipation ne se traduira pas par un reniement des engagements pris en matière de rénovation énergétique des logements, d’autant plus si le gouvernement doit parfois composer avec le soutien du Rassemblement national hostile à de nombreuses mesures de la loi Climat et Résilience, à l’image de la proposition de loi visant à lever l’interdiction de location des passoires énergétiques, récemment redéposée à l’Assemblée nationale.

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