DÉSAMIANTAGE Technique

Publié le par Alain

« L’autre scandale de l’amiante » par François de la Chevalerie, entrepreneur
Aujourd’hui, seulement 3,5 % des bâtiments abritant de l’amiante ont été traités en France. Quelles sont les raisons de cette étonnante situation alors que le danger de l’amiante est connu ?

Compte tenu des capacités de traitement actuelles, il faudrait deux siècles avant de débarrasser le territoire d’un matériau dont la nocivité a été reconnue en 1997. De fait, les pathologies liées à l’inhalation de poussières amiantées sont nombreuses : fibroses pulmonaires, plaques pleurales, cancer de la plèvre, cancer bronchique. Selon une période d’incubation courant entre 15 et 20 ans, l’amiante tue inexorablement. 10.000 cas déjà diagnostiqués, 100.000 morts d’ici 2025 ! Pas moins de 42.000 personnes ont déjà demandé réparation au Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (Fiva). La situation française n’est pas exceptionnelle. Une étude réalisée à l’hôpital Erasme à Bruxelles suggère qu’un adulte européen sur sept présenterait des signes pulmonaires d’exposition à l’amiante. Selon ce document, 25.000 nouveaux cas de cancers (10.000 mésothéliomes, 15.000 cancers du poumon) sont provoqués chaque année par l’amiante en Europe et en Amérique du Nord.

Malgré un état des lieux alarmant, pourquoi l’enlèvement de l’amiante n’est-il pas entrepris de manière systématique ? Pourquoi tant d’immeubles demeurent-ils imbibés d’amiante au risque et péril de leurs occupants ?

Souvent méconnue, la raison de cette situation tient au coût exorbitant des opérations à engager. En moyenne, 1.350 euros la tonne retirée. A cela, s’ajoutent des charges substantielles : immobilisation du bâtiment pendant la durée des travaux, transfert du personnel vers un autre site, réorganisation de la logistique, etc. Les frais à couvrir sont lourds. Par exemple, pour un immeuble doté d’une superficie de 10.000 m2, le coût approche 30 millions d’euros.

Même si l’obligation de désamianter ne devrait relever que de la seule urgence sanitaire, la réalité est autre. Dans le secteur privé, la décision de procéder aux opérations de désamiantage dépend généralement de la direction de l’entreprise. Celle-ci en évalue la pertinence au regard de ses coûts généraux, d’autres priorités. Faute de trésorerie, certaines entreprises s’en exonèrent. Si d’autres y répondent, certaines s’imposent par ailleurs d’égales économies. L’opération est ardue ! Qui plus est, le montant des travaux est rarement établi. Sur les chantiers menés en Ile de France, les dépassements de budget avoisinent 25 %. Compte tenu de ces éléments, les sociétés gestionnaires de parc immobilier se trouvent dans l’impossibilité d’entreprendre les travaux d’un seul tenant. Pour les plus solides d’entre elles, un plan échelonné sur plusieurs années est mis en place. Cependant si certaines entreprises administrent directement leur patrimoine, d’autres en externalisent la gestion auprès de sociétés de conseil spécialisé dans l’immobilier d’entreprise. Inévitablement, ces dernières se montrent frileuses à suggérer à leur client un surcoût si, comme c’est souvent le cas, elles leur garantissent des charges d’exploitation à taux faible. Parfois la multiplication de propriétaires hébergés sur un même site conduit à une quasi impossibilité de faire. Comment créer un « besoin commun » parmi les 90 propriétaires alors que chacun prétextera d’une situation particulière. Comment faire valoir à une personne issue du golfe arabique qu’il devra débourser 150.000 euros pour son 400 m2 alors que dans son pays nulle loi ne l’y oblige ? De telle sorte que le désamiantage de la tour s’apparente à la quadrature du cercle. A cette situation s’ajoute la crise immobilière. A chaque exercice, les actifs immobiliers d’une entreprise sont réactualisés en fonction du prix du marché. En cas de baisse, il faudra envisager une dépréciation d’actifs, ce qui grèvera les comptes. Les gestionnaires seront alors tentés de reporter les opérations de désamiantage dans l’attente d’un marché plus prospère.

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