LES DIAGNOSTIQUEURS PEU MOTIVÉS PAR LA RÉÉDITION DES DPE Technique

Réédition DPE
Publié le par Mathias LOVAGLIO

À moins de deux mois de la fin de la période de réédition des DPE, Diagactu a sondé ses lecteurs afin de connaitre leur état d’avancement dans cette opération et leur sentiment sur son déroulement. Les résultats de notre enquête montrent que les rééditions avancent avec des effets semble-t-il limités. L’opération se heurte à des difficultés, voire à la résistance de certains.

Le processus de réédition progresse

Début janvier, un peu plus de 10% des DPE concernés avaient été réédités, ce qui avait conduit le ministère de la transition écologique à prolonger la période de réédition de deux mois jusqu’au 30 avril.

Deux tiers des sondés environ (65%) ont déjà procédé à une réédition de DPE. Parmi ces deux tiers, 93% ont effectué des rééditions obligatoires (logements antérieurs à 1975 classés F ou G) et 48,5% des rééditions sur demande (logements antérieurs à 1975 classés D ou E). Environ un quart des sondés déclarent avoir terminé la mise à jour de l’ensemble des DPE qui devaient obligatoirement être réédités. Des chiffres qui montrent un avancement certain de la démarche, tout du moins pour une majorité des sondés.

À terme, près de 45% des sondés envisagent de rééditer tous les DPE obligatoires d’ici la fin avril, un chiffre qui monte à 53% si l’on ne tient compte que de ceux qui ont déjà commencé à rééditer.

Des changements de classe loin d’être majoritaires

Si les pouvoirs publics ont sollicité les diagnostiqueurs pour les inviter à rééditer les mauvais DPE des logements antérieurs à 1975, c’était pour corriger des erreurs qui conduisaient à une dévalorisation de la classe énergétique pour ces biens. Force est de constater que les modifications apportées par l’arrêté du 8 octobre 2021 n’ont eu que des effets restreints. C’est en tout cas le ressenti de nos sondés. Pour 64% d’entre eux, les DPE réédités n’ont majoritairement entrainé aucun changement de classe. Seuls 28,5% ont noté, pour une majorité de réédition, une amélioration de la classe. Quelques-uns ont même constaté une majorité de dégradations de la classe (4,5%).

« Ce n’est pas à moi de corriger les approximations et erreurs des responsables »

Lorsqu’on les interroge sur les raisons pour lesquelles ils n’ont pas encore effectué de réédition de DPE, nos sondés avancent en premier lieu le manque de temps comme l’explique l’un d’entre eux : « Dans la pratique, reprendre l’ensemble des dossiers sur la période représente une charge de travail très lourde et demande beaucoup de temps. Pour l’instant, je n’ai pas pu arrêter mon activité sur le terrain pour me consacrer à la réédition des DPE, ressortir chaque dossier, les relire et comparer les résultats obtenus est très chronophage ». Ils pointent aussi l’absence de demande de la part de leurs clients ou prescripteurs et une organisation complexe avec des biens déjà vendus dont ils ignorent tout du nouveau propriétaire : « Les biens concernés ont déjà été vendus et je n’ai pas les coordonnées des acquéreurs. Refaire des DPE pour personne ? Ce n’est pas une question d’argent mais d’utilité et de logique ».

Enfin, certains sondés ne cachent pas le côté volontaire de leur démarche, en faisant parfois une question de principe, et tiennent aussi à montrer leur opposition à une indemnisation de 60€ qu’ils considèrent en inadéquation avec la charge de travail demandée. Voici un florilège des commentaires de nos sondés : « Ce n’est pas à moi de corriger les approximations et erreurs de gens responsables », « C’est de la résistance de principe, changer le moyen de mesure ne change pas la réalité », « Pas envie de me replonger dans le dossier pour 60 euros et de perdre du temps en explication », ou encore « C’est une démarche volontaire. Je pense que ce n’est pas en modifiant le moyen de mesure que l’on change la réalité. D’autre part les diagnostiqueurs n’ont pas à subir la mise en place mal préparée (tests, évaluation des résultats, conséquences sur la classification des biens, etc.) de cette réglementation. J’ai déjà passé beaucoup de temps à me préparer : nouveau logiciel (plusieurs formations et webinaires professionnels), réglage des différents bugs de communication avec la base ADEME, mise en place de la version modifiée en novembre, explications à mes clients, sans possibilité de facturer réellement ce temps. Je suis un diagnostiqueur expérimenté (15 ans d’activité et certifié DPE mention), je déplore le manque de préparation encore une fois de cette réforme. D’autre part, je n’ai eu aucune demande de mes clients, qu’ils soient notaires, agences immobilières ou particuliers ».

Cette résistance se résume en un chiffre : 55% des sondés n’ayant pas encore réédité de DPE n’envisagent pas de rééditer l’ensemble des DPE à rééditer obligatoirement.

Un montant d’indemnisation qui déçoit

Le montant de l’indemnisation est l’un des arguments avancés par les sondés récalcitrants. 37,5 % des sondés jugent son montant juste, contre 52% qui ne le trouvent pas convenable (10,5% ne se prononçant pas).

On constate cependant une différence entre ceux qui ont déjà procédé à des rééditions et ceux qui n’en n’ont pas encore fait.

Appréciation du montant de l'indemnisation

Résultats à la question : « L’indemnisation de 60€ par réédition de DPE vous parait-elle en adéquation avec le travail demandé ? »

Probablement qu’avant même de se lancer, ceux qui ont déjà réédité des DPE étaient une plus forte proportion à juger l’indemnisation convenable. Mais la pratique ne semble pas les avoir totalement fait changer d’avis. Et, même parmi eux, ils sont encore majoritaires à estimer que l’indemnisation est insuffisante.

 

Sondage réalisé du 25 février au 10 mars 2022 sur un panel de 220 sondés

 

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2 commentaires

  • Stéphane DAPREMONT a écrit

    Vous dites « DPE à rééditer obligatoirement », je n’ai pas vu de texte réglementaire m’y contraignant.
    D’où sortez vous cette notion d’obligation?
    Il me semble que les obligations, dans ce pays, doivent être formalisées selon un protocole bien défini par la loi.
    Nous ne sommes pas aux ordres de petits et gros fonctionnaires planqués et verreux, donc …

    • Mathias LOVAGLIO a écrit

      Bonjour Stéphane. Merci pour votre commentaire et votre vigilance. Effectivement, le terme employé par le ministère est réédition « automatique » et non « obligatoire ». Nous avons été un peu trop loin dans notre interprétation.

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