LES EPI, L’ENJEU CRUCIAL DU MOMENT POUR LES DIAGNOSTIQUEURS Technique

Publié le par Alain

85% des entreprises de diagnostic immobilier sont actuellement confrontées à de sérieuses difficultés de réapprovisionnement en EPI. Au point que certaines ne pourront reprendre une activité le 11 mai dans de bonnes conditions.


La chasse aux équipements de protection individuelle bat son plein chez les diagnostiqueurs. Alors qu’ils se sont délaissés de leurs EPI au cours du mois de mars au profit des personnels soignants, souvent avec un sens civique affirmé, 85% des entreprises de diagnostics immobiliers sont maintenant confrontées à de sérieuses difficultés de réapprovisionnement en EPI dans l’optique de leur reprise d’activité, selon notre sondage réalisé du 22 au 25 avril auprès de 562 professionnels. Les fournisseurs habituels de la filière sont en effet submergés de commandes et les délais de livraisons annoncés se comptent désormais en semaines. Au point que 63% des diagnostiqueurs estiment qu’ils ne seront pas en possession d’un nombre suffisant d’EPI pour une éventuelle reprise forte d’activité à partir du 11 mai.


Même si la situation semble s’améliorer ces derniers jours, il reste encore difficile de trouver des masques FFP3, tandis que les prix grimpent en flèche. « Certains fournisseurs d’EPI pratiquent des prix hallucinants », confirme en réponse à notre questionnaire un diagnostiqueur basé dans le département des Pyrénées-Atlantiques. Des masques FFP2 serait ainsi actuellement proposés à la vente au prix de 3 euros l’unité…


Une pénurie vécue avec un sentiment d’injustice pour ces professionnels. « Cette crise a été mal gérée, les services publics sont intransigeants vis à vis de nous alors que les professionnels de la gestion de crise ont été nuls, s’insurge par exemple un diagnostiqueur marseillais. Pas d’EPI, j’ai tout donné au SAMU (masques, blouses, gants, visière…) et maintenant je ne trouve plus rien ! ».

 

Les réseaux grands gagnants de la crise sanitaire ?


Pourtant les EPI sont plus que jamais indispensables à l’activité des diagnostiqueurs en ces temps de crise sanitaire.  Pour respecter les modalités du protocole d’intervention publié pour l’ensemble de la filière le 17 avril, il convient d’être en possession d’un nombre important de masques. « Et des masques, normalement, on n’en a plus, s’insurge ce professionnel expérimenté basé près de Rouen. Ou alors il faut m’expliquer : tout le monde les a donnés à grand renfort de pub sur LinkedIn et maintenant on en a, alors que personne n’a été livré ? On se moque de qui là ? ».


« La FIDI et la CDI FNAIM préconisent une reprise en adoptant toutes les mesures barrières nécessaires (masques, gants, lingettes désinfectantes, etc….) mais ne font rien pour trouver des EPI pour notre métier sachant que de nombreux cabinets n’ont plus de masques ou de gants car les ont donnés aux hôpitaux, médecins, etc… Et aujourd’hui il devient très compliqué de s’en procurer ! », écrit également un diagnostiqueur rennais.


Cette situation pourrait avantager les cabinets franchisés qui sont normalement accompagnés actuellement par leur franchiseur dans cette quête de matériels avec la possibilité le cas échéant de mutualiser les ressources au sein des réseaux. C’est en tous cas ce que redoutent plusieurs professionnels indépendants, comme ce diagnostiqueur installé dans le Rhône « Le déséquilibre va continuer à se creuser entre les grosses franchises et les petits. Les grosses entreprises vont être livrées en EPI avant les indépendants et c’est sans compter sur ceux qui n’ont pas joué le jeu et qui ont gardé des masques en stock ».

 

 Lire également : 

 

 – La perte de chiffre d’affaires pour le mois d’avril est estimée à 84%

 – Le redémarrage très partiel des entreprises de diagnostics immobiliers

–  Le protocole d’intervention en risque Covid-19 massivement adopté par la filière

 



La question des EPI des diagnostiqueurs à l’Assemblée nationale


Damien Pichereau, député LREM de la Sarthe, a interrogé le ministère du travail sur la spécificité de la filière amiante dans l’optique de la reprise de l’activité du secteur de la construction, et notamment sur le problème de réapprovisionnement en EPI. Dans une question écrite (n° 28546) publiée le 21 avril, le député observe que « la filière amiante rencontre actuellement des difficultés d’approvisionnement en équipements de protection individuelle : masques à cartouche P3, surbottes, combinaisons. Actuellement, ce secteur n’est pas considéré comme prioritaire, les stocks étant, à raison, fléchés en priorité vers les acteurs du domaine médical. Cependant, pour amorcer une reprise de l’activité de la filière construction, et en particulier de la filière amiante, il semble indispensable de prévoir un fléchage particulier de ces équipements indispensables, dans des délais raisonnables, vers les acteurs concernés ». Damien Pichereau, « soucieux de la reprise rapide de l’activité économique du pays », demande au gouvernement si cette problématique est à l’étude.

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