NOUVEAU DPE : UNE RÉFORME MAL NÉE ET À LA FINALITÉ PARFOIS CONTESTÉE Technique

Publié le par Alain

Face aux nombreuses difficultés rencontrées sur le terrain et au manque de fiabilité des nouveaux DPE, les diagnostiqueurs portent un regard extrêmement critique sur la mise en œuvre de la réforme, mais aussi parfois son utilité, imputant la responsabilité première de ce fiasco au ministère en charge du Logement.

 

Le ministère sur le banc des accusés

 

95% ! Le chiffre est sans appel ! Selon notre dernier sondage réalisé entre les 17 et 21 octobre*, les diagnostiqueurs sont quasiment unanimes quant il s’agit de désigner le ministère du Logement comme principal responsable des couacs du DPE. Absence de phase test du moteur de calcul, manque de temps pour s’approprier le nouvel outil et la nouvelle méthode, la réforme a été précipitée et les diagnostiqueurs dénoncent un manque de concertation avec le terrain.

 

Preuve de la défiance vis-à-vis du ministère : plus de la moitié des diagnostiqueurs ont continué à réaliser leur DPE et n’ont pas suivi la recommandation du 24 septembre appelant à la suspension sauf urgence. Ils sont encore plus partagés quant à la légitimité de devoir rééditer, automatiquement ou sur demande, les DPE des logements antérieurs à 1975 mal notés, 46% trouvant cette réédition légitime soit autant que ceux la jugeant illégitime.

 

Mais la perte de confiance semble encore plus profonde. Certes, les correctifs apportés par l’arrêté du 4 octobre sont jugés indispensables par de nombreux diagnostiqueurs, mais ils ne résoudront pas tous les problèmes comme l’accès aux données d’entrée souvent difficiles à récupérer. Beaucoup de diagnostiqueurs expriment donc leurs réserves et préfèrent attendre avant de se prononcer définitivement sur la fiabilisation.

 

Dans la défense de leurs intérêts, leur jugement de l’action des fédérations dans la mise en œuvre du nouveau DPE est partagé. En effet, ils se montrent très satisfaits ou plutôt satisfaits à 56%, chiffre qui monte à 63% pour les adhérents d’une fédération (51% pour les « non-fédérés »). On note cependant des différences en fonction de l’affiliation, les adhérents FIDI jugeant l’action de l’ensemble des fédérations satisfaisante à 73%, là où ils ne sont plus que 48,5% chez LDI.

 

Les diagnostiqueurs partagés sur la valeur ajoutée de la réforme

 

Autre preuve de perte de confiance, seulement 30% des sondés estiment qu’une fois stabilisé et fiabilisé, ce nouveau DPE constitue une opportunité pour la profession. Certains y voient un outil plus clair, plus complet et plus précis, appelé à devenir une vraie aide à la décision pour l’acquéreur. De quoi, à terme, redonner confiance aux consommateurs dans l’utilité du DPE et apporter une reconnaissance nouvelle aux diagnostiqueurs immobiliers dans leur aptitude à devenir des acteurs de la transition énergétique du parc immobilier. Mais pour d’autres, le mal est fait ! Usine à gaz, incohérences des résultats, décrédibilisation de la profession, la légitimité du DPE est abîmée pour longtemps. Au point que quelques-uns estiment même ne pas être à la hauteur de la mission qui relèverait plus des compétences des thermiciens.

 

Plus pragmatiques, de nombreux diagnostiqueurs restent optimistes pour l’avenir en dépit des réserves qu’ils émettent actuellement. Pour cette catégorie de diagnostiqueurs, la réussite à terme du nouveau DPE dépendra de la capacité de l’ensemble des acteurs immobiliers à jouer le jeu pour un meilleur accès aux informations techniques, mais aussi à la profession à se montrer plus responsable et à la hauteur des enjeux environnementaux, en faisant le vœux qu’un tri se fasse en son sein.

 

Mathias Lovaglio

 

Lire également : Nouveau DPE : les diagnostiqueurs confrontés au terrain et à ses difficultés

 


 

* Sondage réalisé entre les 17 et 21 octobre 2021 sur un échantillon de 533 participants.

11,63% des sondés appartiennent à une franchise et près d’un tiers se déclarent adhérents à une fédération (31,36%).

En termes d’implantation géographique, les régions Auvergne (Rhône-Alpes (16,57%), Île-de-France (14,48%) et Nouvelle-Aquitaine (11,05%) sont les plus représentées. A l’inverse, aucune réponse n’est parvenue des territoires ultra-marins moins concernés par les problématiques du DPE.

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