POLITIQUES DE RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE ET REPÉRAGE AVANT TRAVAUX Technique

Publié le par Alain

Dans un article publié vendredi par nos confrères de Batiactu, Thierry Marchand et Luc Baillet évoquent la délicate question du coût du repérage amiante dans le cadre des offres de travaux à « 1 euro ». 

 

Depuis début 2019, le gouvernement a fait le choix d’élargir le dispositif d’économies d’énergies, en aidant les particuliers à isoler leur logement, et à diminuer leurs factures de chauffage. Tous les ménages peuvent ainsi bénéficier de l’offre « Coup de Pouce », mais les ménages les plus modestes bénéficient de primes plus importantes.

 

Or déjà difficilement appliquée pour les travaux ordinaires, l’obligation de repérage avant travaux devient presque économiquement incongrue dans le cadre des offres dites « à 1 euro ». Car pour une offre dont le principal intérêt est de ne rien coûter au client, le prix du repérage amiante s’avère pour le moins incompatible.

 

Avec l’accroissement exponentiel du dispositif financé massivement par les CEE, plusieurs centaines de milliers de chantiers par an, le repérage avant travaux sont pour la plupart « oubliés », avec toutes les conséquences sanitaires que l’on peut imaginer, notamment lors de travaux d’isolation des combles. « Sur ces quinze dernières années, j’ai remarqué que les produits en amiante posés dans les années 70 commençaient à vieillir », observe Thierry Marchand, président de la chambre des diagnostiqueurs immobiliers de la FNAIM, contacté par nos confrères de Batiactu. « Des fibres d’amiante chutent de vieilles toitures en fibrociment. ».

 

Même risque lorsqu’il s’agit d’utiliser la prime à la conversion des chaudières. Interrogé par Batiactu, Luc Baillet, architecte et secrétaire général du RésoA+, le confirme : « Lorsque l’on change une chaudière, il ne s’agit pas uniquement de remplacer un matériel par un autre, explique-t-il. Il faut changer le combustible, éventuellement démonter une cuve au fioul, ce qui n’est pas une mince affaire, car il faut parfois percer voire abattre une partie de cloison. » Autant d’opérations qui peuvent se faire en présence d’amiante, souvent utilisé, par exemple, pour du calorifugeage de canalisations.

 

La prise en charge par l’État du coût des diagnostics amiante ?

 

Le repérage avant travaux, document pourtant indispensable à l’entreprise dans le cadre de son évaluation des risques, n’est que trop rarement fait lors de ces travaux. Or, questionné par Batiactu à ce sujet, le ministère est formel : « Cette obligation concerne tous les types de travaux sans distinction. »

 

Dès lors, que faire ? Pour Luc Baillet, la solution serait la prise en charge par l’État du coût des diagnostics amiante, qu’il chiffre à 300 millions d’euros en partant sur une base de 500 euros unitaire. 

 

Avec le risque de diminuer drastiquement le nombre de travaux et donc de ne pas atteindre les objectifs politiques de rénovation énergétique. 

 

Selon Thierry Marchand, cette incompatibilité des politiques est « le résultat d’un cloisonnement des services les uns par rapport aux autres. La politique amiante se décide au ministère du Travail, et non de la Transition écologique et solidaire ou du Logement. Le président de la CDI FNAIM prône donc la mise en place d’un travail interministériel sur le sujet. « Il est urgent de prendre conscience du risque ! », considère-t-il, tout en émettant quelques doutes sur certains types de travaux effectués grâce aux CEE financés via les factures de chauffage de tout un chacun. « Cet argent est-il bien utilisé lorsqu’il finance l’installation de laine de verre sous des toitures amiantés ? ».

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