QUE CHOISIR DÉNIGRE ENCORE LE DPE ET LES DIAGNOSTIQUEURS Technique

Publié le par Alain

Dans un article du 9 janvier, Que Choisir relate l’histoire de l’un de ses abonnés qui stigmatise, une fois encore, le DPE et les diagnostiqueurs immobiliers.

Le résumé des faits

Cette affaire concerne une maison divisée en deux appartements, un par niveau, proposés à la location. Un premier DPE de 2008 avait abouti à un classement en D avec une consommation d’énergétique de 224 kWh/m².an. Devant relouer l’un des appartements, le propriétaire fait réaliser un nouveau DPE le 30 novembre dernier, donc après la correction des bugs de la première mouture du DPE 2021. L’appartement revient classé en G avec une consommation d’énergie de 481 kWh/m².an.

Entretemps, le propriétaire a pourtant effectué des travaux censés améliorer la performance énergétique de sa maison (isolation des combles, portes d’entrée isolantes et étanches, double vitrage aux fenêtres, VMC double flux, isolant mince sur les murs, chaudière haut rendement).

Le propriétaire, présenté comme un ingénieur en génie climatique, s’étonne donc des résultats d’autant plus que, selon lui, sa maison consommerait 2 000 litres de fioul avec des locataires qui chauffent au-delà des 20°C, alors que le DPE mentionne une consommation de 3 550 litres. Il ne comprend pas non plus pourquoi certains éléments comme les robinets thermostatiques aux radiateurs ou l’isolant mince qui éviterait la sensation de paroi froide ne sont pas pris en compte dans le DPE.

Ce qui amène l’auteure de l’article à conclure que « ce DPE ayant été réalisé avec les corrections apportées aux aberrations constatées après sa réforme en juillet 2021, c’est à se demander si le but n’est pas de fabriquer des passoires énergétiques, à moins que certains diagnostiqueurs manquent des compétences requises. »

Des imprécisions qui laissent planer le doute

S’il l’on veut bien admettre que le nouveau DPE, même dans sa version corrigée d’octobre 2021, souffre encore de certains défauts, on ne peut cependant s’exonérer de relever le manque de précision de l’article. On ignore ainsi si le premier DPE a été réalisé selon la méthode sur factures ou selon la méthode conventionnelle, ou encore s’il a été fait de façon régulière et donc quelle est sa véritable valeur. Par ailleurs, on ne connait pas non plus certaines des caractéristiques de la maison qui pourraient éventuellement influer sur les résultats (ancienneté, situation géographique, etc.). L’article omet aussi de rappeler que ce diagnostic ne vise qu’à donner une estimation de consommation pour un usage standardisé et non à fournir un résultat définitif. Enfin, la plupart des produits minces réfléchissants (PMR) sont exclus du DPE.

Un article à charge et annonciateur de lendemains difficiles

Si l’hypothèse d’une erreur de diagnostic n’est pas à écarter, l’argumentation de l’article ne permet pas de se prononcer avec certitude. Pour autant, la question de la crédibilité du DPE (et des diagnostiqueurs) est une nouvelle fois posée sans complexe alors que la communication autour de la nouvelle version a été axée sur l’amélioration de la fiabilité de ce diagnostic. Faut-il y voir les prémices d’une énième campagne de dénigrement, appuyée par une grande enquête d’une association de consommateurs ? En laissant planer le doute sur les compétences des diagnostiqueurs, ce type d’articles n’incite-t-il pas les propriétaires à contester plus systématiquement les résultats d’un DPE devenu à la fois opposable et outil de référence pour la caractérisation des passoires thermiques ? Quoi qu’il en soit, Que Choisir donne encore une fois une image négative d’une profession qui doit composer, malgré elle, avec des moyens et des méthodes à parfaire… Mais ça, Que Choisir a bien choisi de ne pas en parler…

Mathias Lovaglio

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