SERGE IVARS, PRÉSIDENT DE LA CNAB Technique

Publié le par Alain

Alors que les syndics de copropriétés et les agents immobiliers font l’objet de critiques récurrentes, notamment en raison des charges qui ont fortement augmenté en 2006, Serge Ivars, président de la CNAB (Confédération nationale des administrateurs de biens) propose une série de mesures pour moraliser la profession.

Henry Buzy-Cazaux, vice-président de Tagerim, propose la création d’un Ordre des administrateurs de biens et agents immobiliers. Qu’en pensez-vous?
Il parle d’or. On ne peut qu’être d’accord. Nous avons besoin d’une profession qui puisse s’auto surveiller, s’autoréguler, faire le ménage et sanctionner les brebis galeuses.

Quel serait l’avantage d’un ordre ?
Premièrement, toute la profession serait obligée d’y appartenir. Alors qu’aujourd’hui, une petite moitié des 25.000 titulaires d’une carte professionnelle adhère à une organisation syndicale.
Deuxièmement, un ordre permettrait d’édicter des règles applicables à tous. Il serait doté d’un conseil de discipline ce qui le rendrait plus efficace et plus rapide si des sanctions sont nécessaires. Et si l’un de ses membres ne fait pas correctement son travail, il serait exclu et interdit d’exercer.
Depuis longtemps, les pouvoirs publics rejettent notre proposition de créer un Ordre. Je crains aujourd’hui qu’ils ne se montrent pas plus favorables. J’applaudis donc à la proposition d’Henry Buzy-Cazaux, mais cela risque de rester un voeu pieux.

Que faut-il faire alors pour moraliser la profession ?
Une autre idée circule mais elle se heurte à une impossibilité juridique: celle qui consiste à rendre obligatoire, pour toute personne qui exerce, une compétence professionnelle, une assurance civile professionnelle, une garantie financière et l’appartenance à un syndicat, lui-même soumis à des règles de contrôle. Il aurait alors le choix entre 4 ou 5 organisations reconnues.

Ces organisations professionnelles ont-elles une action commune sur la déontologie ?
Notre code de déontologie date de 1999. La FNAIM en a un depuis un an. Ils sont assez comparables. Pour ma part, je suis prêt à faire évoluer ce code si on nous le demandait. Et je pense que les autres organisations ne se monteraient pas hostiles à cela.

Sur les travaux induits par les grandes causes nationales – comme le développement durable, la lutte contre le saturnisme ou la sécurité des ascenseurs – ne faudrait-il pas abandonner la rémunération des syndics au pourcentage des travaux ?
Je ne campe absolument pas sur le principe de la rémunération au pourcentage. Beaucoup de personnes estiment que c’est un système inflationniste. J’observe que plusieurs professions comme les architectes, les maîtres d’œuvre, les notaires… la pratiquent. Je suis ouvert à une rémunération au temps passé ou au forfait et à une discussion sur ce sujet là.

Seriez-vous prêt à ce que les pouvoirs publics fixent des seuils ?
Non. Je soutiens que c’est parce que les prix ont été bloqués trop longtemps – jusqu’en 1986 – que le travail des syndics s’est dégradé. Il faut que les consommateurs et les professionnels soient majeurs et discutent des prix des prestations.
Les professionnels doivent refuser de céder à la facilité et avoir le courage de dire face aux assemblées générales: pour bien faire mon travail, j’ai besoin d’être payé 100 et pas 50. D’expliquer que pour améliorer l’accueil des copropriétaires et le service rendu, ils ont besoin d’embaucher du personnel de qualité et donc bien payé. Il faut que le consommateur accepte de payer le prix du service. Sinon, il en aura pour son argent.

Ne croyez-vous pas que l’arrivée de grands groupes dans la profession va lui permettre de mûrir économiquement ?
Les grands groupes ont racheté des cabinets puis se sont posé la question de la rentabilité des prestations. Ils ont contribué à codifier les tâches, à calculer les prix de revient… Cette exigence de rentabilité n’est pas certes pas étrangère à la multiplication des prestations particulières, faisant éclater au grand jour la question de la rémunération du syndic.
Par ailleurs, il y a aussi la question du « turn-over » des collaborateurs. Faire le métier de syndic relève de la vocation et les professionnels ont du mal à tenir. Or, la qualité de la prestation repose souvent sur celle d’un homme. Il y a des bons et des moins bons dans les groupes comme ailleurs.

N’est-ce pas le mauvais moment de parler de hausse des prix des syndics, alors que les charges augmentent ?
Ce n’est jamais le bon moment. Mais, j’ai l’intention de disposer des dossiers nécessaires pour répondre aux attaques infondées. Il faut mettre en avant l’importance de notre rôle social : nous passons nos journées à arbitrer entre copropriétaires, entre locataires et propriétaires, à améliorer la qualité de vie dans les immeubles…

N’être-vous pas inquiet de la masse de travaux induits par le développement durable ?
Je suis convaincu qu’il faut trouver les montages bancaires innovants pour que les travaux puissent se faire vite, sans entraîner de surcoût pour les propriétaires, et en capitalisant dès le premier jour les économies induites. Et puis, il faut individualiser les dépenses en eau, chauffage… même si je sais qu’au bout d’un moment, les consommations remontent. Mais alors, le gaspillage est réparti équitablement.
Il est évident que si les administrateurs de biens s’engagent sur le développement durable, cela ne peut que valoriser l’image de notre profession.

Source Le Moniteur-expert

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