STÉPHANE PROUZEAU : « TOUS LES DIAGNOSTIQUEURS QUI RÉUSSISSENT SONT DE GRANDS BOSSEURS » Technique

Publié le par Alain

Stéphane Prouzeau, président du réseau AGENDA, se dit serein mais combatif à l’orée d’une année 2020 qui devrait rester selon lui globalement favorable au marché des diagnostics immobiliers. Il s’est confié à DiagActu.

 

Stéphane Prouzeau, le réseau AGENDA est né à une époque où les diagnostics immobiliers n’existaient pas encore. Quelles sont les grandes étapes de son historique ?


Le réseau a en effet été créé en 1992 par deux hommes, Bernard Tardy et Jean-Louis Amédéo. L’entreprise ne faisait alors que des constats d’état des lieux qui sont des prestations à faible valeur ajoutée. Il a donc fallu se diversifier. C’est ainsi qu’en 1997, nous avons commencé à réaliser des mesurages loi Carrez, puis les repérages de l’amiante. A l’époque, Jean-Louis Amédéo a eu l’intelligence de comprendre que nous pouvions, nous, indépendants, effectuer l’ensemble de ces métiers et il fut l’un des tout premiers à réaliser, à grande échelle, ces différentes activités. L’enseigne s’est ensuite développée en concession, puis en 2002, au moment où j’ai rejoint le réseau, nous avons opté pour le régime de la franchise avec une rapide progression sur ce marché encore balbutiant. Depuis, nous observons une croissance régulière de notre chiffre d’affaires, si l’on excepte 2012 qui fut une année noire. En 2018, nous avons même fait notre meilleure année, en matière d’intégration de nouveaux partenaires, avec presque 20 ouvertures, tandis que cette année nous devrions compter une dizaine de nouveaux franchisés. Le réseau AGENDA est fort aujourd’hui de près de 150 cabinets et d’un peu plus de 400 collaborateurs.


Vous en êtes même devenu le principal propriétaire, ce qui démontre votre confiance au sujet de son développement sur le long terme.


ENGIE (qui s’appelait alors GDF-Suez, ndlr) est entré en 2010 au capital d’AGENDA, mais l’année suivante les pouvoirs publics ont interdit par arrêté à tout fournisseur d’énergie d’opérer avec les données d’un diagnostiqueur. C’est pourquoi ENGIE, après en outre avoir perdu beaucoup d’argent en 2016, a finalement décidé de se recentrer sur ses métiers de base. J’ai alors effectivement souhaité racheter AGENDA, ce qui fut fait le 21 décembre 2017.


Comment définiriez-vous les valeurs du réseau AGENDA ?


Pour moi, la confiance mutuelle entre franchisés et franchiseur est primordiale. Je rencontre systématiquement chacun de nos franchisés avant qu’ils ne signent le contrat, puis avant qu’ils n’intègrent le réseau, et je leur dis : « La confiance est la base de toute relation durable, bien entendu, elle doit être mutuelle. Bien entendu, elle ne se décrète pas, elle se construit, surtout, dans les premiers mois. Elle nous permettra de bâtir votre succès ». Cette confiance que j’essaie de cultiver, est un élément essentiel du réseau et elle participe à sa solidité. La deuxième valeur est l’écoute, car de nombreuses idées et actions viennent des franchisés. La troisième valeur est la durée, on ne fait pas des coups, on construit dans la durée, élément capital pour toutes les entreprises qui composent le réseau. AGENDA est d’ailleurs particulièrement stable en matière de développement ; nous observons moins de 5% de départ chaque année. D’autre part, chez nous, tous les franchisés, quelle que soit leur taille, sont traités de la même manière et exploitent les mêmes outils que nous mettons à leur disposition, même si, bien entendu, en fonction de leur ancienneté et de leur taille, tous n’utilisent pas les mêmes outils, au même moment.


Quels profils recherchez-vous parmi les candidats à la franchise AGENDA ?


Aujourd’hui nous essayons de recruter des techniciens qui font preuve d’un véritable sens du commerce. Par expérience, nous savons que si nous recrutons une personne n’ayant qu’une seule de ces deux compétences, commerciale et ou technique, nous faisons un malheureux. Nous sommes un métier d’entrepreneurs avec une vraie opportunité de réussite à court terme. Chez AGENDA, au bout du troisième ou quatrième ou cinquième mois certains font plus de 5.000 euros de chiffre d’affaires par mois. Alors certes, on les accompagne efficacement, on les forme, on les suit, mais il existe peu de secteurs dans lesquels en moins de six mois on peut commencer à vivre de son métier. A condition cependant de travailler. Tous les diagnostiqueurs qui réussissent sont de grands bosseurs.


Aujourd’hui, près d’une quinzaine de réseaux de franchises de diagnostics immobiliers évoluent sur le marché des diagnostics immobiliers, sans compter bien sûr les nombreux autres acteurs du marché, réseaux intégrés et indépendants. Comment vit-on cette concurrence chez AGENDA ?


La concurrence nous challenge et elle nous interdit de nous endormir, ce que d’ailleurs nos franchisés ne nous permettraient pas. La concurrence actuelle me semble saine. Trois modèles coexistent plutôt bien aujourd’hui sur le marché, avec les gros réseaux intégrés, ou grandes entreprises, l’indépendant et le franchisé, qui est aussi indépendant. Mais si la conjoncture se retourne, l’indépendant qui exerce seul aura immédiatement beaucoup plus de difficultés et sera tenté de casser les prix pour ne pas disparaitre, avec pour conséquence une baisse généralisée des tarifs. Heureusement je constate que le métier a gagné en maturité tout au long de ces bientôt 25 ans, et que grâce notamment à l’obligation de certification, il y a de moins en moins de dérives manifestes. J’observe en outre que je n’ai aujourd’hui plus à justifier de mon utilité quand je rencontre les Pouvoirs publics et les grands acteurs de l’immobilier, et qu’on ne me dit plus que nous faisons n’importe quoi.


Pourtant certains acteurs du marché n’hésitent pas à vouloir contourner les règles communes voire même à les modifier.


N’oublions jamais que la réglementation a été salvatrice pour notre profession. Que certains, en raison d’un égo surdimensionné ou pour vouloir gagner plus d’argent, agissent pour leur propre intérêt, pourquoi pas. Mais cela ne doit pas porter préjudice à l’ensemble de la profession. On ne peut pas prétendre vivre du diagnostic immobilier sans la réglementation. Tout le monde a intérêt à ce que le métier du diagnostic immobilier soit respecté, les réseaux comme les petites structures. Un des grands défis de notre profession est de mieux communiquer entre nous pour faire en sorte que le métier soit exercé de la même manière, que l’on soit un franchisé ou un indépendant. C’est une question de confiance vis-à-vis du monde de l’immobilier et du bâtiment et bien sûr vis-à-vis de nos clients.


Comment voyez-vous le marché des diagnostics immobiliers en 2020 ?


Nous restons très dépendants de l’activité immobilière, or il ne serait pas anormal que les taux d’intérêt réaugmentent un peu, ce qui pourrait freiner un peu les transactions. Nous sortons d’une année record sur ce point avec plus d’un million de transactions. En 2020, on sera peut-être à 900 000 ventes, il s’agira davantage d’un tassement plutôt que d’une chute brutale. Nous avons aussi les locations qui nous apportent à peu près le même nombre d’affaires. En ce qui concerne les diagnostics liés aux travaux, la réglementation nous est très favorable à condition d’être vigilant sur la qualité de nos diagnostics. La qualité fait le marché. Plus on fait de la qualité, plus on fera d’affaires.


On est donc résolument optimiste chez AGENDA pour 2020 ?


Nous sommes sereins tout en restant combatifs. Nous continuons à travailler pour mettre en place de nouveaux outils et de nouvelles prestations pour que le diagnostiqueur AGENDA puisse toujours mieux exercer son métier.

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