P. GOMBAUD : « L’ONEDI VEUT PROMOUVOIR L’ÉTHIQUE ET LA QUALITÉ AU SERVICE DU GRAND PUBLIC » Profession

ONEDI
Publié le par Mathias LOVAGLIO

Après l’annonce de la création de l’Organisation nationale d’éthique du diagnostic immobilier (ONEDI), Patrick Gombaud, son président, nous présente ce nouvel acteur. Il revient sur les raisons qui ont motivé la création de l’ONEDI. Il nous dévoile les objectifs de l’organisation et ses actions pour restaurer la confiance dans le diagnostic immobilier et ses professionnels au service de l’intérêt général.

Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer les prémices de la création de l’ONEDI ?

Je suis certifié depuis 2008 et je dirige le cabinet EFIDIAG à Toulouse. Tout au long de ces 17 années d’exercice du métier, j’ai dressé plusieurs constats. Les diagnostiqueurs de ma génération ont accédé au métier à l’issue d’un cycle long de formation avec des formateurs compétents qui nous ont briefés sur le volet santé publique et sur l’aspect juridique. Ce n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui avec les formations de 3 jours. Je trouve également aberrant que, sous prétexte qu’il n’y a pas de critère de diplôme sauf pour le DPE, France Travail continue d’envoyer des personnes non qualifiées vers le diagnostic immobilier et les OF et les OC ont tout intérêt à organiser un turn-over au sein de la profession. Dans le même temps, c’est à l’ensemble de la profession de payer les conséquences des pratiques d’une infime minorité avec des renforcements de la formation et de la certification. L’accès à ce métier n’est pas assez verrouillé et si l’on constate qu’il y a des diagnostiqueurs défaillants sur le terrain, c’est parce que ceux qui les ont formés et certifiés sont eux-mêmes défaillants. L’État aurait mieux fait de faire porter la charge sur eux.

« Si l’on constate qu’il y a des diagnostiqueurs défaillants sur le terrain, c’est parce que ceux qui les ont formés et certifiés sont eux-mêmes défaillants »

Le deuxième constat que je dresse, c’est la défaillance des fédérations actuelles. Les seules vraies fédérations de diagnostiqueurs ont disparu, à savoir l’UNDI et LDI. Les gens qui nous représentent aujourd’hui ne défendent que des intérêts privés, les leurs, sans se préoccuper de l’intérêt général.

Enfin, la profession est devenue la cible d’attaques médiatiques régulières et l’on ne compte plus les articles et les reportages dévastateurs sur la fraude aux DPE, avec parfois une volonté manifeste de tromper les gens. Mais quand on me dit « regardez là-bas, il y a des tricheurs », je regarde d’abord celui qui me dit de regarder. On nous a enfumés depuis trop longtemps, on s’en est aperçu et maintenant, ça suffit !

Cette situation a provoqué un ras-le-bol grandissant au sein de la profession. À l’origine, notre intention était de rédiger un guide de bonnes pratiques et très rapidement sont venues se greffer des personnes qui avaient tenté de créer un ordre professionnel en 2010. C’était une bonne idée et nous avons entamé des démarches en ce sens. Mais entre le Covid, les élections, la dissolution, tout est passé à la trappe. Il a donc fallu changer notre fusil d’épaule, d’autant plus qu’il nous paraissait indispensable de réagir à l’étude Krno qui a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Pouvez-vous nous présenter l’organisation et le fonctionnement de l’adhésion à l’ONEDI ?

La gouvernance de l’ONEDI repose sur un comité d’éthique qui se réunit au moins une fois par semaine. Il est constitué des 4 membres du Conseil d’administration* et de trois adhérents tirés au sort qui sont renouvelés chaque mois.

Il y a un impératif pour adhérer à l’ONEDI : être diagnostiqueur certifié et venir en personne. Aucune société ne peut être adhérente. Pour le moment, il y a une inscription permanente d’un montant de 40 €. Lorsque nous aurons une idée plus précise de nos besoins et de notre budget de fonctionnement, nous fixerons le montant d’une cotisation annuelle. En attendant, nous allons fonctionner par appels de fonds.

Quelles missions et quels objectifs se fixe l’ONEDI ?

Nous sommes persuadés d’une chose : disposer de dossiers de diagnostics fiables, impartiaux, répondant aux références réglementaires, faits par des personnes parfaitement compétentes et conscientes de ce qu’elles font, et destinés à un public qui comprend ce qu’on lui dit, passe par la formation et par l’information, mais ne passe surtout pas par le contrôle répressif et la pression financière. L’ONEDI veut promouvoir l’éthique et la qualité au service du grand public et de l’intérêt général et nous avons plusieurs objectifs pour y parvenir et faire taire la dépréciation du métier qui repose sur les pratiques d’une minorité de diagnostiqueurs souvent eux-mêmes soumis à une pression hiérarchique préférant la quantité et le chiffre d’affaires à la justesse de l’information délivrée.

Pour cela, nous allons tout d’abord ouvrir un portail au grand public et faire de la pédagogie, ce que les pouvoirs publics n’ont jamais fait. Aujourd’hui, un propriétaire qui ne comprend pas son DPE ou qui a un litige avec un diagnostiqueur ne peut s’adresser à personne sauf au juge. Certes, il y a le médiateur, mais est-il suffisamment compétent ? L’une des raisons d’être du comité d’éthique et de la possibilité offerte aux particuliers de le saisir, c’est de répondre au phénomène de judiciarisation et de devenir un interlocuteur pour le grand public, chose qui n’existe pas. Nous voulons aussi exercer un rôle d’arbitre dans les litiges impliquant les diagnostiqueurs avec leur OC, leur OF, leur assureur, leur éditeur de logiciel, etc.

« Nous voulons nous attaquer aux quelques pirates du diagnostic immobilier »

Par ailleurs, pour stopper la fuite des assureurs, nous souhaitons mener une action qualitative afin de leur redonner confiance. Notre objectif est le « zéro sinistre » pour les adhérents de l’ONEDI, parce qu’ils sont compétents et parce que les éventuels problèmes, qui ne sont souvent que des incompréhensions, seront résolus à l’amiable et par de la pédagogie.

Toujours sur le volet juridique, nous voulons nous attaquer aux quelques pirates du diagnostic qui rémunèrent les agents immobiliers, qui font du renouvellement termites sans visite, qui imposent des rythmes de production indécents à leurs salariés, etc. Nous voulons épurer le métier en les trainant en justice et notre organisation est prévue pour cela. Inversement, nous voulons aussi défendre notre profession quand elle est attaquée. Nous ne transigerons pas tant que tout le monde ne sera pas revenu à la raison. Dire tout et n’importe quoi sur tout le monde et personne, ça suffit !

Enfin, sur le plan de la montée en compétences, nous souhaitons pallier les lacunes de la formation continue au travers d’ateliers dynamiques qui auront lieu une fois par semaine pour nos adhérents.

Pour remplir tous ces objectifs, nous allons nous appuyer sur une charte éthique et qualité, un code de déontologie et un guide des bonnes pratiques.

L’ONEDI entend-elle également mener des actions auprès des pouvoirs publics afin de faire évoluer la législation ?

Il est clair que nous souhaitons être assis à la table des négociations avec la DHUP le plus rapidement possible. J’ai deux exemples concrets sur lesquels nous voulons agir : le contrôle documentaire sur le DPE qui n’a plus lieu d’être car le rapport est formaté de A à Z et les CSO à postériori qui sont inconstitutionnels car ils rendent notre certification dépendante d’un tiers autre que le diagnostiqueur et son certificateur.

Enfin, au niveau législatif, nous militons pour introduire un système de bonus/malus pour l’assurance RC PRO, avec une modification du code des assurances spécifique au diagnostic si nécessaire.

* Le Conseil d’administration est composé de Patrick Gombaud, président, Bernard Verlière, vice-président, Fabrice Davensac, trésorier, et Dominique Kajsza, secrétaire.

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