YANNICK AINOUCHE : « LA CERTIFICATION D’ENTREPRISE RENDRAIT L'ACCÈS À NOS MÉTIERS MOINS INÉGALITAIRE »

Publié le par Alain

Très confiant sur les potentialités de marché pour le diagnostic immobilier sur le long terme, le PDG des réseaux EX’IM/DEFIM considère que le manque de filières de formation nuit à son attractivité et relance le débat de la mise en place d’une certification d’entreprises.

Yannick Ainouche, dès septembre dernier vous aviez anticipé la bonne résistance du marché du diagnostic immobilier sur l’année 2020 en dépit de l’apparition soudaine de la crise sanitaire. Aujourd’hui, quelle est votre analyse du marché pour ce premier semestre 2021 ? 

Pour revenir à 2020, il faut rendre hommage au gouvernement qui a subventionné, avec le dispositif de chômage partiel, la plus importante charge dans nos entreprises qui est le poste salaire. En ce qui concerne 2021, les indicateurs sont au verts. Le marché de la rénovation repart à la hausse, au même titre que celui de la transaction, même si en terme de rentrées de mandats cela reste un peu plus difficiles dans certaines zones géographiques. Mais quand on interroge les grands réseaux immobiliers, sur la deuxième et troisième couronne parisienne, en province et sur le périurbain, le marché immobilier a le vent en poupe et les agences sont en pleine activité. En outre, les taux d’intérêts des prêts immobiliers restent toujours aussi stables à un niveau historiquement bas. Cette vigueur de l’activité immobilière, soutenue par les changements de vies et par les projets personnels et professionnels qui ont repris de plus belle depuis le déconfinement, donne aussi de bons espoirs en ce qui concerne le marché de la location.

Vous restez donc confiant sur les perspectives du marché du diagnostic immobilier à court et moyen terme ? 

Au fil des années et avec le contexte sanitaire, la prévention des risques devient aujourd’hui un élément fondamental des relations entre les personnes au sein de notre société. Dans le cadre des transactions immobilières, cette notion de prévention des risques constitue même un élément prépondérant dans la valorisation d’un logement. Le nouveau DPE qui entre en vigueur dans quelques semaines va devenir avec l’emplacement, l’un des deux principaux critères de prix d’un bien. D’ici 2034, la valeur des bien notés E, F et G va forcément décroître à l’approche des différentes échéances des dispositifs de discrimination des passoires thermiques. D’autre part, comme ce que l’on a pu observer depuis une vingtaine d’années dans le parc automobile avec les contrôles techniques périodiques obligatoires, la qualité des biens va progressivement s’améliorer et les gens aspireront toujours davantage à vivre dans des logements en meilleur état, mieux isolés, moins couteux en consommation énergétique et moins polluants.

L’importance cruciale de la transmission de l’information immobilière et de la transparence des données fait aujourd’hui du diagnostiqueur un acteur central du marché de l’immobilier, à la vente comme à la location, mais aussi sur les autres métiers comme l’avant travaux amiante et plomb et plus globalement encore, au sein même de notre société.

Le diagnostic immobilier a donc de beaux jours devant lui et vous estimez qu’il manque encore plus d’un millier de techniciens actuellement dans notre filière. Le marché de l’emploi y est en forte tension depuis plusieurs années déjà. Quelles en sont les raisons selon vous ? 

Nous sommes devenus aujourd’hui un métier à fort potentiel d’employabilité et nous avons besoin de bras, notamment de nombreux collaborateurs certifiés. L’emploi dans notre profession est en effet en forte tension, car nous en sommes encore aux balbutiements de la mise en place de véritables filières de formation. Nous n’avons notamment pas su créer nos propres filières universitaires, alors que nos métiers pourraient légitimement bénéficier de diplômes d’État, comme des BTS. Et donc on « galère » pour trouver des collaborateurs et pour les former car cela nécessite beaucoup de temps. Pourtant nos métiers sont réellement attractifs. Un collaborateur certifié gagne plus de 2000 € par mois, ils bénéficie d’une voiture de fonction, d’un ordinateur et d’un téléphone, il travaille seulement en semaine, et ses soirées et week-ends sont libres. Il est maître de son agenda et ne fait jamais la même chose dans une journée. Je pense que notre filière ne fait pas suffisamment la promotion de ces opportunités de carrières.

Vous militez aussi pour une certification d’entreprise.

On devrait faire davantage confiance aux entreprises. Je suis favorable et je milite en effet pour une certification d’entreprise qui pourrait coexister avec l’actuel dispositif de certification de personnes. Une certification d’entreprise présenterait l’avantage de permettre à certaines entités de former et de certifier leurs collaborateurs avec leurs propres référentiel qualité et mode opératoire sous accréditation Cofrac. Ce type de certification rendrait également nos métiers moins inégalitaires car aujourd’hui il faut 10 000 € pour s’y former ! Or ceux qui ont du talent mais pas l’argent, notamment parmi les jeunes, ne peuvent pas travailler. La certification d’entreprise permettrait ainsi à tout le marché de continuer à se développer en donnant accès à l’emploi aux gens qui n’ont pas les moyens de se former.

D’autre part, il faut aussi faciliter l’accès à l’entreprenariat dans nos métiers. A ce sujet, le réseau DEFIM va proposer dans les prochains jours un concept tout à fait novateur d’accès à l’entreprenariat sur nos marchés pour permettre à tous, même sans argent, de devenir chef d’entreprise.

Jeudi 10 juin, à partir de 9h, connectez-vous au Job dating des métiers du diagnostic immobilier.

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