60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS FUSTIGE LA FIABILITÉ DU NOUVEAU DPE Profession

Esssai DPE 60 Millions de consommateurs
Publié le par Mathias LOVAGLIO

Dans un article de son numéro de juin 2022, 60 Millions de consommateurs s’en prend une nouvelle fois au DPE et aux diagnostiqueurs immobiliers. D’après une récente enquête, le DPE nouvelle version n’est toujours pas fiabilisé et le comparatif révèle des « erreurs encore nombreuses ». Un résultat dans le prolongement de la précédente enquête du magazine de juin 2018.

La méthode du comparatif

Pour ce comparatif, le magazine a demandé à 4 vendeurs de faire appel à 5 diagnostiqueurs différents (2 indépendants et 3 franchisés) pour effectuer le DPE de leur maison. Ces DPE ont été réalisés entre début février et la mi-mars 2022. Ensuite, un expert choisi par le magazine, et dont on ignore les compétences en matière de DPE, a analysé et évalué tous les diagnostics effectués.

Des erreurs de métrage ou de datation qui impactent les résultats

À plusieurs reprises, l’expert relève des erreurs, parfois importantes, de métrage. Par exemple, une maison mesurée à 95 m² est estimée à 120 m² par un diagnostiqueur pour lequel le magazine précise qu’il semble « tout faire pour réduire la consommation et donc améliorer le classement ». Même chose en ce qui concerne les dates de construction, plusieurs fois mal renseignées alors que l’information a été transmise aux diagnostiqueurs. Difficile de parler de complaisance puisque ces erreurs existent dans les deux sens, à savoir avantageuses (avec une date plus récente) ou pénalisantes (avec une date plus ancienne) pour l’estimation des consommations.

L’importance d’une documentation exhaustive

L’article met cependant en lumière qu’en règle générale, la fourniture d’un maximum d’informations aux diagnostiqueurs tend à améliorer la fiabilité du DPE. C’est notamment le cas d’une maison dans un village de Haute-Garonne pour laquelle le vendeur a pu communiquer les plans et toutes les factures de travaux réalisés (sauf les fenêtres). On note pour cette maison peu de différences sur la surface et, finalement, un seul DPE qui classe la maison en D alors que tous les autres aboutissent à un classement en C, conforme à l’évaluation de l’expert. Mais ce n’est pas toujours le cas.

Des saisies qui diffèrent selon les diagnostiqueurs

L’article fourmille d’exemples pour lesquels une même caractéristique de la maison ou de ses équipements n’est pas renseignée de la même façon par les différents diagnostiqueurs qui sont intervenus. Ainsi, un plancher est noté « inconnu » dans un DPE, « non isolé » dans un second, « isolé » dans deux autres, alors qu’il est tout simplement oublié par le dernier diagnostiqueur. 60 Millions de consommateurs relève ainsi des erreurs et incohérences pour de nombreux éléments (ventilation, menuiseries, surface des parois, chauffage et production d’ECS, performance des PAC, etc.).

Des différences de classe énergétique pour chaque cas testé

Bien évidemment, ce manque de cohérence dans la saisie des données produit inévitablement des écarts de classes entre les 5 DPE réalisés pour chaque maison. Dans deux cas, cet écart reste limité à une classe, mais pour les deux autres maisons, l’écart atteint deux classes : C à E (D d’après l’expert) pour la première, et B à D (B d’après l’expert) pour la seconde. C’est bien le volet énergie qui présente le plus de disparités, mais on retrouve également des écarts qui n’excèdent jamais une classe pour toutes les maisons sur les émissions de GES. Preuve que le moteur de calcul comporte des limites, l’article concède que « certains diagnostiqueurs sont parvenus à la même lettre que notre expert, mais avec plein d’erreurs ».

Des recommandations de travaux peu pertinentes

Dernier point qui interpelle enfin le magazine : les recommandations de travaux, absentes dans certains cas ou absurdes dans d’autres (préconisation d’installer une pompe à chaleur sur une maison déjà équipée d’une PAC). « À l’inverse, des recommandations essentielles ne sont pas faites » estime Fanny Guibert, cheffe de rubrique énergie et mobilité individuelle au sein du magazine.

60 Millions de consommateurs milite pour le renforcement de la formation

Si les diagnostiqueurs en prennent pour leur grade, sans faire de distinction particulière entre franchisés et indépendants, l’article tempère ses critiques en pointant la complexité du DPE : « Le bilan n’est pas flatteur pour la profession. La réforme a changé les règles du jeu et sans doute complexifié la réalisation des diagnostics. Des simplifications pourraient être apportées et les logiciels peaufinés ». Finalement, l’article dresse le constat de l’échec d’une réforme dite de fiabilisation, première pierre d’un édifice réglementaire, devenu bien bancal, qui doit conduire à l’éradication des logements les plus énergivores. Mais c’est surtout sur le renforcement de la formation des professionnels que l’article insiste. « Nous allons le redire aux pouvoirs publics, car il y a urgence. Les erreurs sont significatives et laissent envisager un important contentieux devant les tribunaux ». Nul doute que ce type d’article contribuera à jeter l’opprobre sur le DPE et incitera certains acquéreurs à s’interroger sur la véracité des DPE qui leur auront été remis au moment de la vente. Sans parler des incidences sur les futures obligations et interdictions à venir (audit énergétique, gel des loyers, interdiction de location, etc.).

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11 commentaires

  • Pascal CLERC a écrit

    Quoi de plus normal ? Depuis la 1er plan de fiabilisation on a baisser les pré-requis, on a baissé les notes mini à avoir à la certif, il n’y a aucun contrôle du niveau des questions des OC qui les tirent vers le bas, les durées mini des formations sont toujours mini et enfin on a donner à tort et à tout des bras le droit à des OF de former des Bac + 2, 3, 4, 5 en 1 à 3 mois.
    Qu’est ce qui vous choque dans ces conséquences que l’on vit tous les jours ?

  • Jerome RAGOT a écrit

    Bonjour
    Malheureusement il ont raisons et cela ne vient pas des formations
    Ils veulent un DPE comme une étude thermique est cela n’est pas possible!
    Les résultats des DPE sont aberrants mais fait parfaitement (trop lourd, trop de données d’entrée pour un diagnostiqueur, quasiment aucun diagnostiqueurs ne connaît quoi que ce soit en bâti et les franchises 100%)
    Les clients ne veulent pas payer le prix pour faire une étude qui tien la route (un DPE devrait être facture dans les 400€)

    • José TESSIER a écrit

      aujourd’hui les dpe (1 logement) sont vendu 35 euros pour les grands comptes, beaucoup trop bas.
      sinon pour les ventes de maison 120 euros trop bas aussi voir 60 euros un appartement beaucoup trop bas

  • Stéphane DAPREMONT a écrit

    Comme pour le sujet forum que j’ai lancé, c’est surtout le système de certification et sa surveillance, donc en bref le contrôle du travail réalisé par les ODI qui n’est pas fait correctement.
    Qui gère tout ce brin: le COFRAC, seul responsable de ce résultat.
    Mais l’article jette surtout l’opprobre sur les diagnostiqueurs, encore, et encore …
    MOI, j’attends surtout les demandes de contre expertise pour pouvoir enfin démontrer qui travail correctement et qui n’a, de ce fait, quasiment plus de demande (moi)…

  • Claude WEINZAEPFLEN a écrit

    Les égarrements de certains de nos confrères datent et ne sont que le reflet de nos concitoyens. Ce Nieme article n’apportent rien de neuf à part que rien ne change depuis 15ans.
    Tant que le vendeur n’aura besoin que d’un bout de papier pour le Notaire et payer le moins cher, le problème sera effectivement récurent.
    Beaucoup de salarié se retrouve chef d’entreprise et ne savent pas ce qu’est un prix, puis décrouvrent qu’il faut faire du volume.
    A qui la faute, nous sommes toujours et encore dans du comportemental, malheureusement.

  • Jean-Louis VARLET a écrit

    Le diagnostiqueur n’est pas incompétent, ni mal formé. En plus des certifications, des contrôles documentaire et du contrôle sur site, iln est dorénavant obligatoire de passer une formation de 3 jours pour l’Amiante et idem pour le DPE! C’est lourd et coûteux et comme d’habitude en France, il suffirait d’en rajouter encore une couche?

    Le diagnostiqueur est comme un automobiliste. Une fois le permis (Certification, etc…) en poche, rien ne peut empécher l’automobiliste (Diagnostiqueur) de ne pas respecter le code de la route (Règlementation, procédures)!

    Diagnostiqueur, moi-même, je suis confronté à des clients qui pour beaucoup recherchent le prix (Vous vendez le kilo de diagnostic à combien?… Oh, vous êtes cher… J’ai trouvé moins cher, etc…).

    Donc, certains n’hésitent pas à « bâcler » pour rétablir un coût horaire correct et rentabiliser leur journée… D’où des erreurs, de l’à peu près, et cela ne concerne pas que le DPE!

    J’ai dû récemment défendre mon DPE classé en « F » contre un DPE classé en « D » il y a 11 ans! descriptif erroné à l’époque avec des isolants plus épais que réalité, des robinets thermostatiques alors qu’il n’y en a pas, erreurs sur le nombre de fenêtres et de murs!

    Une maison de 1953, murs pas isolés et sans vmc, chauffée au gaz, non mitoyenne, sur sous-sol complet, classée en « D »? Gros doute quand même! Cabinet toujours en activité, au passage!

    Et là, ce n’est pas un problème de formation, de certification!

    Le client est-il vraiment convaincu qu’un diagnostic électricité sur un appartement T2 puisse être fait en 7mn et facturé 25€ (Vu de mes propres yeux en intervenant en état des lieux de sortie en même temps)? Pack complet DPE, Electricité, gaz, Erp, Amiante pour 125€ ttc?

    Et des exemples sur des diagnostics où je suis intervenu en renouvellement derrière un autre cabinet, j’en ai pas mal d’exemples! Bizarement, c’est toujours à moi d’expliquer mon travail et le pourquoi de mes constatations… !

    Il y a de bons diagnostiqueurs, sérieux, professionnels et d’autres moins bons, voire mauvais comme dans beaucoup d’autres activités!

    Et puis, il y a la qualité de l’algorythme du DPE sur lequel sont basés les logiciels… Et là le diagnostiqueur ne peut rien faire!

    DPE 1er Juillet 2021 : + de 3 mois de remontées d’anaomalies avant d’avoir la consigne du ministère de la transition énergétique et de l’ADEME d’arrêter de faire des DPE jusqu’au 1er Novembre 2021, date de mise en production d’un logiciel corrigé… Comment être sûr de sa fiabilité? Inutile de s’en prendre aux diagnostiqueurs… Ce n’est pas là qu’il faut taper!

    Bonne journée

  • Laurent DESMARES a écrit

    Le nouveau DPE est fiabilisé et représentatif des biens expertisés. La surface ne peut-être estimée (interdit) donc mesurée si absence d’une information précise et l’année de l’habitation est une donnée connue. Ces 2 paramètres sont la base d’un bon DPE. D’autre part, les informations demandées pour réaliser le DPE sont clairement identifiées et précises. Conclusion, c’est l’humain qui fait la différence par ses compétences, sa rigueur, sa compréhension, sa formation initiale et ses connaissances techniques. On doit également regarder la cohérence d’un DPE réalisé, faire de l’auto-contrôle afin de détecter des erreurs éventuelles de saisie. Le logiciel est un outil, l’humain se doit de bien l’utiliser.

  • Jean LUKES a écrit

    Diagnostiqueur indépendant installé depuis 2014 je rejoins les avis précédents sur la problématique des prix tirés vers le bas, mais il n’y a pas que ça ! Les professionnels de l’immobilier, agent immobiliers et notaires sont les premiers responsables de cette situation. Pour eux le plus important est de vendre et encaisser le chèque ! Ils privilégient les diagnostiqueurs les moins chères et les plus rapides car ils n’ont aucune considération de notre travail. Pour eux les diagnostics ne sont qu’une formalité obligatoire qui ne sert à rien. En tout cas qui ne doit surtout pas venir interférer dans leur vente !! Du coup ces « prescripteurs » nouent des relations commerciales avec les plus mauvais d’entre nous ! c’est à dire ceux qui acceptent d’exécuter ce qui leur est demandé : du rapide et du pas chère, sans point négatif et sans anomalie …… autre point fondamentale, …… c’est facile de tirer sur tous les professionnels …. c’est même insultant pour celles et ceux qui tentent de faire correctement leur travail. Mais qui serait capable de dire aujourd’hui comment s’appellent les responsables abrutis et incompétents qui au niveau de l’état ont été les maîtres d’oeuvre de ce nouveau DPE …. Dire « c’est l’état » … c’est trop facile ! il y a des personnes en chair et en os derrière tout cela !!! Qui sont-ils. ? Quels sont leurs noms et prénom ???? Ils sont les responsables de tout ce bordel … sans parler de celui qui arrive avec l’audit !! Qui sont ils ?? Cela serait bien de les entendre et de les montrer du doigt, ou tout simplement de les virer !!! car ils sont LES responsables invisibles et intouchables qui brillent par leur incompétence et qui sont payés par nos impots … et je l’imagine à un autre niveau de rémunération que celui d’un diagnostiqueur qui lui doit subir au quotidien les fruits de leur incompétence. Alors qui sont-ils ?

  • Jimmy GALLAND a écrit

    Juste deux petites questions, qu’est-ce qu’une installation photovoltaïque pour l’eau chaude ? (page 52 maison haute garonne), et qu’elles doivent être les qualifications pour être un « EXPERT DPE », y a t-il des critères spécifiés ? Cet expert est-il contrôlé par d’autres experts ? Et surtout, 60 millions de consommateurs ne donne pas le PRIX de la prestation de cet expert, ce qui pourrait enfin mettre le doigt sur le problème majeur. La moyenne des prix annoncés est presque la moitié de ceux que je pratique, et qui sont difficiles à maintenir, car il y a toujours moins chère et plus rapide …

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