ÉVOLUTION DU COEFFICIENT DE CONVERSION DE L’ÉLECTRICITÉ, QUELS SONT VOS RETOURS TERRAIN ? Profession
Le coefficient de conversion de l’électricité du DPE va passer de 2,3 à 1,9 au 1er janvier prochain, une mesure qui pourrait faire basculer du statut de passoires thermiques d’après le ministère. Entre pédagogie accrue, incompréhension et lassitude, voici quatre retours terrain.
Cabinet Bercy Expertise Creola, Caen : « J’ai eu plusieurs clients qui possédaient des logements classés en G et qui s’apprêtaient à faire des travaux. Avec la réforme du DPE, ils m’ont demandé de vérifier si ces travaux étaient toujours nécessaires en tenant compte du nouveau coefficient. Certains DPE projetés ont déjà été réalisés en appliquant cette réforme. Dans plusieurs cas, sans travaux, les logements restaient des passoires énergétiques : la réforme seule ne suffisait pas. J’ai aussi un autre cas : une maison en vente qui ne trouvait pas preneur. Les propriétaires envisageaient donc des travaux et m’ont demandé d’estimer l’impact de la réforme au 1er janvier. Là encore, j’ai réalisé un DPE projeté intégrant les nouvelles règles — mais désormais, je facture ce type de prestation. Il y a trois ou quatre ans, je ne facturais pas ce service, mais aujourd’hui, je le fais systématiquement, car ces demandes reviennent chaque semaine. Ce n’est pas ce que je préfère faire : souvent, le client est perdu, et cela ne contribue pas à la bonne image des diagnostiqueurs. Les gens ont l’impression que les règles changent sans arrêt. On se fait payer, certes, mais beaucoup de clients pensent que tout cela est politique et que l’aspect technique passe au second plan. Pour ceux qui auraient pu éviter les travaux avec l’ancienne méthode, c’est frustrant : ils ont le sentiment de dépenser pour rien. »
Cabinet Diag Innov, Agen : « Ce n’est pas forcément les clients qui se plaignent, mais beaucoup ne comprennent pas d’où viennent les changements. C’est surtout un manque d’information. Je dois souvent leur expliquer que c’est une décision politique, liée à la modification du coefficient sur les déperditions — ce pour quoi nos syndicats se sont battus. Personnellement, je n’ai pas d’avis particulier sur le sujet. Les clients ne sont pas mécontents, certains ne sont même pas au courant : pour eux, ce sera juste une mise à jour. Globalement, ils le prennent bien. Je ne constate pas de baisse des ventes à cause de la réforme, mais plutôt à cause de la conjoncture du marché immobilier. Notre logiciel indique automatiquement la nouvelle étiquette via une prévisualisation de la future note qui se grise à titre informatif. Parfois, la lettre change, parfois non — tout dépend du système de chauffage de toute manière. Globalement, les écarts restent faibles. Maintenant, reste à voir si les 850 000 passoires énergétiques annoncées correspondront vraiment à la réalité. »
Cabinet indépendant, Reims : « Pour l’instant, je n’ai pas beaucoup de retours : les gens attendent. L’activité est clairement plus calme en ce moment. Je reçois peu de questions, car l’arrêté n’est pas encore entré en vigueur. On verra bien. Ce que je sais, c’est qu’il faudra modifier nos rapports, et ça va représenter du travail pour nous. À force, les gens ne comprennent plus rien. Je les comprends : le DPE ne paraît plus fiable, il change trop souvent. Ce n’est pas bon, on ne sait plus comment s’y retrouver. Un changement tous les trois ans, à la rigueur, mais là, c’est tous les six mois ! Même les petits détails, comme le QR code, finissent par devenir pénibles. Cela fait vingt ans que je suis dans le métier, j’ai connu le tout début, et aujourd’hui, on ne sait plus à quoi se fier. Il faut sans cesse faire de la pédagogie avec les clients : leur expliquer ce qu’est le DPE, alors qu’il change tout le temps. Mais, pour l’instant, ils ne se posent pas trop de questions. Le DPE fait peur et il est devenu une priorité pour beaucoup. Cela dit, je trouvais injuste qu’un logement tout électrique soit moins bien noté qu’un logement au gaz, alors que l’électricité est une énergie plus propre. Cette réforme rétablit un certain équilibre : c’est un juste retour. »
Groupe « Solution Diagnostic Immobilier », région Sud-Ouest : « Aucun client ne m’a vraiment parlé de l’évolution de ce coefficient, à part quelques agents immobiliers, malgré la communication que nous avions faite sur nos réseaux sociaux. Nous avions publié l’information sur Facebook et LinkedIn avec une diffusion importante, mais cela n’a pas vraiment accroché : les gens n’ont pas compris ce que ça allait impliquer pour leur bien. Quand nous publions des informations, les réactions sont souvent confuses : les gens prennent note, mais ne savent pas quoi en faire. Aujourd’hui, nous faisons tout de même attention d’anticiper si cette évolution de note amènera un audit ou pas : si on estime que le bien ne se vendra pas avant la fin de l’année et qu’un audit était prévu, nous leur conseillons d’attendre 2026 pour vendre. Nous jouons la carte de l’honnêteté pour rester cohérents. La réglementation est devenue très complexe. Et en tant que diagnostiqueurs, nous nous nous devons d’appliquer la réglementation. À partir du 1er janvier, nous aurons certainement beaucoup d’appels nous demandant de modifier le DPE. Nous répondrons que tout se fera automatiquement via l’Ademe en utilisant le numéro du DPE. Ce n’est pas un problème : c’est notre rôle, et cela contribue à valoriser notre activité auprès des clients et le relationnel. »
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