LA CONFIANCE DES DIAGNOSTIQUEURS CONTINUE DE S’ÉRODER Profession

Restitution sondage - Rentrée 2024
Publié le par Mathias LOVAGLIO

Marché immobilier en berne, renforcement des coûts de la certification, le moral des diagnostiqueurs n’est pas au plus haut. Notre sondage réalisé en cette rentrée 2024 le montre, même s’il existe quelques motifs ouvrant des perspectives plus positives.

61,5 % des participants à notre sondage se déclarent plutôt inquiets au moment d’aborder cette rentrée 2024. Une proportion qui ne cesse de croître depuis maintenant près de deux ans (46,1 % en janvier 2024 et 37,4 % début 2023). Comme dans nos précédents sondages, cette inquiétude est encore plus prononcée parmi les diagnostiqueurs solos (72%). Les autres questions de notre sondage permettent d’esquisser plusieurs explications à cette morosité ambiante.

Un marché immobilier toujours en berne

À l’heure actuelle, les diagnostiqueurs immobiliers ne ressentent pas encore les effets de la reprise du marché immobilier évoquée depuis quelques semaines. Près de 59 % de nos sondés constatent toujours un ralentissement des mises en vente sur leur secteur d’intervention, un ralentissement qui frappe aussi, dans une moindre mesure, les mises en location (45 % contre 28 % qui constatent une stagnation de ce marché et 5,5 % une augmentation). Difficile de garder confiance en l’avenir quand l’activité est au plus bas.

Des renforcements qui pèsent dans la balance

82 % des sondés se déclarent par ailleurs inquiets des conséquences du durcissement des certifications DPE et Audit énergétique. Réforme vertueuse pour certains (« La réforme va permettre de sortir les casseurs de prix et un ODI travaillant correctement pourra tirer son épingle du jeu »), elle apparait surtout comme un « rackett organisé » pour une majorité, peu convaincue qu’elle produise les effets escomptés de montée en compétences. Au contraire, certains y voient le point de départ de la « disparition future des petits diagnostiqueurs indépendants ». Au-delà des coûts supplémentaires induits, le nouveau régime de certification préoccupe les diagnostiqueurs, avec « la peur, même si on fait bien son boulot, de devoir faire des formations et recontrôles (payants !!) pour des écart mineurs… ».

Cependant, et malgré un contexte concurrentiel souvent difficile, les diagnostiqueurs semblent peu hésiter à répercuter ces charges supplémentaires : 80 % des sondés ont déjà ou envisagent en effet d’augmenter leurs tarifs pour compenser les frais consécutifs au durcissement de la certification.

Une conjonction malvenue

C’est donc cette conjonction d’un marché immobilier morose et d’une augmentation des charges pesant sur eux (formation/certification, assurance, etc.) qui est à l’origine de l’inquiétude actuelle des diagnostiqueurs immobiliers. Les commentaires laissés par les sondés le confirment : « Les charges relatives à la réalisation du métier de diagnostiqueur sont devenues trop importante par rapport au chiffre d’affaires réalisé en indépendant. Les prix étant tirés vers le bas » ; « Le marché immobilier va-t-il vraiment reprendre ? Si non, comment financer les formations, certifications, contrôles pour tous les salariés ? Ce qui va nous sauver, ce sont les audits pour les maisons en E mais obligés de licencier un technicien… En tant que chef d’entreprise non salarié quasiment aucune aide financière sur les formations… ».

Quelques motifs d’espoir tout de même…

L’élargissement de l’obligation de réaliser un audit énergétique aux maisons et immeubles en monopropriété classés E à compter du 1er janvier prochain pourrait bien sauver une partie des meubles, tout comme la poursuite de la diversification des activités avec les missions sur les immeubles collectifs (DPE) et les copropriétés (3PT). 30 % des chefs d’entreprise sondés envisagent ainsi de se positionner sur de nouvelles missions dans les prochains mois (27 % pour les solos, 35 % pour les entreprises avec plusieurs techniciens certifiés).

Est-ce pour ces raisons qu’un léger frémissement de reprise est tout de même perceptible au niveau des intentions de recrutement ? 10,5 % des chefs d’entreprise envisagent ainsi l’embauche d’un technicien certifié dans les 6 prochains mois (5,5 % chez les solos, 21,5 % chez les entreprises avec déjà plusieurs techniciens certifiés), soit une progression de 1,5 % par rapport au début de l’année.

Mais, en tout état de cause, ces quelques signaux positifs ne suffisent pas à masquer le sentiment diffus, au sein de nos sondés, d’une profession en crise de confiance, voire de vocation, comme détaillé dans un autre article de restitution.

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