LES DIAGNOSTIQUEURS FACE À LA MONTÉE EN RÉGIME DE L’AUDIT ÉNERGÉTIQUE Profession
Au 1er janvier 2025, la demande d’audits énergétiques va inéluctablement augmenter avec l’application de l’obligation pour les maisons individuelles et les monopropriétés classées E. L’achèvement de la convergence entre les audits incitatifs et réglementaires pourrait aussi constituer un réservoir de missions supplémentaires avec le durcissement des critères de décence des logements. Reste à savoir comment la profession sera en capacité d’absorber cet accroissement de la demande.
Achèvement de la période transitoire pour l’harmonisation des audits énergétiques
La période transitoire visant à la convergences des différents audits énergétiques avant vente et incitatif vers un audit énergétique unique et harmonisé s’achèvera le 1er octobre 2024. À compter de cette date, tous les audits énergétiques utilisés pour justifier de la réalisation de travaux devront en effet être réalisés selon la méthodologie définie dans l’arrêté du 4 mai 2022 (moteur 3CL, trame réglementaire, au moins deux scénarios de travaux obligatoires de rénovation performante, etc.). Dès le mois prochain, ne seront donc déclarés recevables que les dossiers de demande d’aide à la rénovation accompagnés d’un audit énergétique harmonisé (MPR Parcours accompagné, CEE Rénovation globale BAR-THE-174 et 175, etc.).
Vers une stagnation du nombre de diagnostiqueurs auditeurs énergétiques ?
Au cours de la conférence « DPE et Audit énergétique : être au RDV à l’aulne d’un marché de la rénovation énergétique émergeant » du 18 septembre 2024 au Salon des professionnels de l’amiante (SPA), la DHUP a dévoilé quelques statistiques intéressantes. Tout d’abord, 3 700 diagnostiqueurs immobiliers sont formés à l’audit énergétique, alors que nous en mesurions autour de 3 500 en mars dernier. Ils sont accompagnés par environ 1 800 bureaux d’études qualifiés et 1 000 architectes formés.
Mais, d’après notre dernier sondage, tous les diagnostiqueurs habilités pour l’audit énergétique n’ont pas l’intention de poursuivre cette mission au-delà de la période transitoire : 9,5% s’interrogent sur l’opportunité de basculer vers l’extension de certification audit énergétique et 14 ;5% semblent décidés à stopper cette prestation. Inversement, parmi le petit tiers de diagnostiqueurs sondés qui n’ont pas encore été formés à l’audit énergétique, 28% envisagent de passer l’extension de certification, tandis que 67,5% semblent avoir définitivement tourné le dos à cette mission.
Au final, entre ceux qui envisagent d’arrêter l’audit énergétique et ceux qui étudient la possibilité de s’y former enfin, on pourrait bien aboutir à une équation à somme nulle. Outre les arguments déjà constatés lors de nos précédents sondages (manque de missions sur le secteur d’intervention, prestation trop risquée ou hors du champ de compétences des diagnostiqueurs), beaucoup de sondés qui se détournent de l’audit énergétique avancent un système trop contraignant et trop couteux.
La profession sera-t-elle au rendez-vous du 1er janvier 2025 ?
Toujours selon les chiffres de la DHUP, 200 000 audits énergétiques ont désormais été déposés à l’Observatoire Ademe, ce qui représente environ 10 000 audits/mois.
Comme nous l’avons déjà évoqué, la demande d’audit énergétique dans le cadre des ventes devrait doubler avec l’obligation élargie à la classe E à compter du 1er janvier 2025. Les effets devraient commencer à s’en faire ressentir dans les toutes prochaines semaines. La demande pourrait aussi être stimulée par le durcissement des critères de décence des logements en entrainant une augmentation des projets de rénovation énergétique aidés nécessitant la réalisation d’un audit énergétique.
L’éventuelle stagnation du nombre de diagnostiqueurs/auditeurs suggérée par les résultats de notre sondage pourrait donc se révéler problématique à l’heure d’absorber la deuxième phase du déploiement de l’audit énergétique avec la classe E. D’autant plus, qu’avec le nouveau dispositif de l’extension de certification, les diagnostiqueurs débutants devront patienter deux ans après l’obtention de leur certification DPE pour se positionner sur l’audit énergétique. Réponse d’ici quelques semaines…