LES FUTURS AUDITEURS ÉNERGÉTIQUES PARTAGÉS ENTRE OPPORTUNITÉ ET RISQUES Profession

audit énergétique
Publié le par Mathias LOVAGLIO

Véritable challenge ou mission à risques, opportunité ou nouveau fiasco pour la profession, selon notre sondage, les diagnostiqueurs formés à l’audit énergétique réglementaire affichent des sentiments partagés. Une attitude bien compréhensible à l’amorce d’une prestation qui va au-delà du cadre habituel de leurs interventions lors des transactions et qui témoigne d’une prise de conscience des enjeux pour la profession déjà sous le feu des projecteurs avec le DPE.

49,5% des sondés déclarent être déjà formés pour l’audit énergétique et un certain nombre de diagnostiqueurs envisagent encore de se former d’ici le 1er avril ce qui porterait la proportion de sondés formés à un peu plus de 61% du panel au moment de l’entrée en vigueur de l’obligation. Cette proportion parait cependant nettement surévaluée par rapport informations en notre possession puisqu’on évoque entre 700 et 1 000 diagnostiqueurs formés (sur environ 9 000 certifiés DPE). Sur ce point, notre panel n’est donc pas représentatif de la proportion d’auditeurs formés au sein de la profession et nous reviendrons, dans un second article, sur les raisons de cet engouement, pour le moment, mitigé.

Pour autant, notre sondage nous permet tout de même d’analyser l’état d’esprit des futurs auditeurs à l’approche de l’entrée en vigueur de la mission.

Un prix moyen autour de 750 € TTC

En mai dernier, lors d’un précédent sondage, le tarif TTC envisagé par les diagnostiqueurs pour l’audit énergétique variait du simple (150€) au décuple (1 500€). La plus forte proportion de réponses se situait cependant entre 600 et 800€, avec une moyenne globale à 690€ TTC. Peu de diagnostiqueurs étaient alors formés à la mission.

Notre dernier sondage montre une légère hausse du prix moyen envisagé par les personnes déjà formées à 760€ TTC et l’on constate surtout beaucoup moins de tarifs sous la barre des 500€ (7,5% contre 21% il y a un peu moins d’un an). Une fois formés au déroulement et aux enjeux de l’audit énergétique réglementaire, un certain nombre de diagnostiqueurs semblent avoir pris conscience qu’ils sous-évaluaient le coût de la prestation, ce qui, mécaniquement, a entrainé une hausse du tarif moyen. Certains envisagent de moduler leur tarif en fonction de la complexité du bien, sa surface ou encore s’ils n’ont pas réalisé eux-mêmes le DPE. Ce dernier point constitue d’ailleurs une source d’inquiétude pour plusieurs diagnostiqueurs : « ma crainte principale est de repasser derrière un confrère qui a réalisé le DPE initial, refaire le DPE avant de s’engager sur l’audit énergétique et trouver une note très différente de la sienne ! Cela va encore nuire à l’image de la profession ».

39% des personnes formées n’ont cependant pas encore décidé de leur tarification, probablement pour observer le temps qu’ils consacreront à la mission et/ou sonder le marché local.

Des diagnostiqueurs prêts, mais aussi inquiets

Parmi les diagnostiqueurs déjà formés à l’audit énergétique réglementaire, 53% s’estiment prêts à réaliser cette mission, mais seulement 25% se déclarent confiants. Au contraire, ils sont un tiers à se dire inquiets et 42% émettent des craintes quant à de futures mises en cause de leur responsabilité professionnelle. « Un nouveau fiasco se profile à l’horizon » a-t-on pu lire parmi les très nombreux commentaires laissés par des diagnostiqueurs formés à l’audit.

Une grande partie des futurs auditeurs semble donc juger la prestation à risque. La preuve aussi que les couacs de la réforme du DPE sont encore bien présents dans l’esprit des diagnostiqueurs : « il est dommage que l’État n’ait pas, lors de son projet d’audit, réunit l’ensemble des professionnels concernés (notaires, agents immobiliers, diagnostiqueurs, assureurs, OF, OC…) pour travailler en étroite collaboration et établir un cahier des charges. Je crains qu’il y ait de nombreux « couacs » comme pour la réforme du DPE, seulement c’est encore sur le diagnostiqueur que tout va retomber…», craint l’un d’entre vous. D’autres se montrent cependant plus optimistes et trouvent que la mise en place de l’audit énergétique est « finalement plus organisée que celle du DPE 2021 ».

51% des diagnostiqueurs déjà formés estiment enfin que l’audit constitue une véritable opportunité pour la profession. Pour certains, « l’audit va permettre de faire monter le niveau des DPE », voire faire monter en compétence la profession même si « la marche est haute et cette prestation risque d’être très chronophage et peu rentable, notamment sur les biens « abîmés » ».

D’ailleurs, si les trois quarts des sondés d’ores et déjà formés envisagent de réaliser l’intégralité de la mission par eux-mêmes, 23% songent à suivre des formations complémentaires pour renforcer certains points. Seulement 20% d’entre vous projettent en revanche de développer des partenariats avec d’autres professionnels du bâtiment (économistes, artisans) pour estimer le coût des travaux, la majorité semblant préférer s’appuyer sur des bases de données de chiffrage des travaux. Enfin, peu comptent recourir à un recrutement pour s’attacher les compétences d’une personne expérimentée en économie de la construction (2,5%). Un chiffre à analyser au regard de la proportion d’indépendants solos dans nos panels habituels de sondés (50% et plus).

« Un saut dans l’inconnu »

Finalement, et c’est bien normal à l’arrivée d’une prestation nouvelle, beaucoup de diagnostiqueurs sont dans l’expectative. « Dur pour les propriétaires qui vendent une passoire énergétique et qui se retrouvent avec un diagnostic supplémentaire à réaliser qui va être cher. On nous demande beaucoup de connaissances pour ce nouveau diagnostic et 5 jours de formation me semblent léger. On va voir en pratiquant et en se rodant sur le terrain. Ce sera comme pour le DPE, un saut dans l’inconnu », résume l’un d’entre vous. Les formations, jugées trop légères ou inadaptées, reviennent d’ailleurs à plusieurs reprises dans vos commentaires. Et quelques-uns appellent aussi à un nouveau report afin de leur permettre de s’approprier les outils, notamment les logiciels.

Si l’appréhension est là à quelques jours de l’entrée en vigueur, certains font preuve d’enthousiasme pour une mission différente, par son approche, des autres diagnostics : « Il va falloir sortir de sa bulle de confort mais c’est un nouveau challenge ! » estime ainsi l’un d’entre vous tandis qu’un autre renchérit : « l’audit énergétique est une vraie valeur ajoutée pour notre profession car il ne se limite pas à de simples constatations mais oblige à la réflexion. C’est toujours intéressant de pouvoir réfléchir dans son travail ».

Sondage réalisé par Diagactu du 7 au 14 mars 2023 sur un panel de 486 répondants

RVDI 2023 : une table ronde consacrée au futur audit énergétique aura lieu à 14h30 lors des Rendez-vous du Diagnostic immobilier, jeudi 30 mars à Paris.

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