AVANT TRAVAUX : UN MARCHÉ QUI PROGRESSE ET QUI SE STRUCTURE, SELON O. HÉAULME (ALÉA CONTRÔLES) VEILLE DÉCIDEURS

Publié le par Mathias LOVAGLIO

Olivier Héaulme, directeur général de Diagamter et d’Aléa Contrôles, livre son regard sur l’état du marché de l’avant travaux en France. En tant qu’animateur de la commission « Europe » chez Sidiane, il fait également le point sur les évolutions à venir suite à l’adoption récente des directives Amiante et performance énergétique des bâtiments (DPEB).

Olivier Héaulme, comment se porte le marché de l’avant travaux ?

Contrairement aux diagnostics transaction, nous n’avons pas constaté de baisse d’activité. Le marché du repérage avant travaux, pour les structures importantes, reste plutôt soutenu et même en progression et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le marché de la rénovation énergétique soutient celui de l’avant travaux. Par ailleurs, les maitres d’ouvrage privés comme publics (bailleurs sociaux, collectivités, grandes entreprises du BTP) ont désormais compris leurs obligations en la matière. Globalement, plus l’entreprise ou le donneur d’ordre est important, plus la réglementation amiante est respectée. Même si la réglementation existe depuis plus de 25 ans, cela n’est venu que progressivement. Aujourd’hui, ne pas savoir qu’un repérage avant travaux est obligatoire devient très rare si l’on excepte les particuliers qui n’ont malheureusement pas encore ce réflexe. Encore que, lorsqu’ils font appel à des grandes structures pour leurs travaux de rénovation énergétique, ces dernières vont demander des repérages avant travaux pour protéger leurs collaborateurs. La nouvelle directive européenne sur l’amiante fait d’ailleurs explicitement le lien entre rénovation énergétique et obligation de repérage avant travaux.

Tous ces facteurs font que la demande est en hausse. Après, reste à savoir si cela est bien fait. Nous constatons encore des dossiers dans lesquels le nombre de prélèvements est fixé préalablement par le donneur d’ordre, ce qui est interdit, et les maitres d’ouvrage, s’ils connaissent maintenant la réglementation, ne savent pas toujours en quoi consiste un repérage amiante avant travaux.

D’où la nécessité de mieux les accompagner avec des missions de conseil ?

L’AMO Amiante reste encore un marché peu visible. Ce qui est certain, c’est qu’il y a de plus en plus de structures qui en proposent. Les maitres d’ouvrage ont certes compris leurs obligations et pris l’habitude de faire des repérages, mais ils ne disposent pas encore des compétences pour comprendre la mise en œuvre de ces obligations. La réglementation amiante et la technicité du traitement de la gestion de la problématique amiante restent très complexes pour eux. Il y a de tels enjeux en termes de responsabilité et de coûts que certains donneurs d’ordre n’hésitent plus à s’adresser à un AMO, voire à un maitre d’œuvre. Et comme la plupart des AMO et des maitres d’œuvre sont compétents, les donneurs d’ordre en tirent de vrais bénéfices avec moins d’arrêts de chantier, une meilleure planification, une meilleure maitrise des coûts, etc.

Comment se portent les autres activités de diversification comme le diagnostic PEMD ou les dépistages du radon ?

Le marché du diagnostic PEMD est plutôt porteur, mais cela reste un marché de niche. Comme il ne concerne que les bâtiments de grande surface, les propriétaires et les maitres d’ouvrage de ce type de bâtiment sont bien souvent des grosses structures qui appliquent la réglementation. Et cette activité se concentre surtout dans des territoires industriels ou des villes en pleine mutation où le nombre de friches est important.

Je reste plus partagé sur les dépistages Radon. Les ERP ont tendance à respecter leurs obligations. En revanche, côté entreprise, même s’il existe des obligations pour les employeurs, les missions sont surtout réalisées dans des régions comme la Bretagne ou l’Auvergne, où un vrai travail de sensibilisation a été effectué.

Comment cette bonne dynamique du marché de l’avant travaux se répercute-t-elle sur les résultats d’Aléa Contrôles ?

Diagamter est numéro 1 sur la vente et la location, mais nous partions de loin sur l’avant travaux par rapport à certaines grosses structures, comme ADX ou AC Environnement, positionnées depuis plus longtemps sur ce segment. Néanmoins, nous progressons chaque année et Aléa Contrôles réalise plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Nous avons connu une progression de 5% en 2023 et même autour de 20% sur les quatre premiers mois de l’année 2024. La demande est là, même si le marché global des travaux en 2023 était relativement faible pour les entreprises du bâtiment. Comme la promotion immobilière est en chute, nous assistons à un basculement du marché. Les entreprises ont dû repenser leur modèle économique et réorienter leurs activités, notamment sur la rénovation globale des bâtiments qui reste un segment porteur, en partie poussé par la rénovation énergétique.

Mais ces bons résultats sont aussi la conséquence de notre politique interne. Nous avons toujours prôné la diversification pour prévenir la variabilité des différents marchés. Il y a quelques années, nous étions encore très ancrés sur la transaction et nous nous sommes diversifiés sur les copropriétés et les repérages avant travaux. Il est plus facile pour des structures qui ont préparé cette diversification de rebondir, de la même façon que les entreprises du BTP rebondissent avec la rénovation.

Grâce à cette activité dynamique, nous continuons à nous développer et à recruter pour les missions avant travaux, y compris pour les examens visuels après travaux et les diagnostics PEMD. Nous recherchons tout aussi bien des profils « avant travaux » que des profils expérimentés dans le domaine du bâtiment, notamment pour le PEMD.

Vous êtes animateur de la commission « Europe » chez Sidiane. Que faut-il attendre des directives amiante et performance énergétique des bâtiments (DPEB), récemment adoptées ?

Sur la directive Amiante, la réglementation française est déjà bien avancée et il ne devrait pas y avoir de grande révolution en la matière, même si ce pourrait être l’occasion de revoir certains textes. Chaque état membre va être consulté pour la transposition de la directive en droit national et la Direction générale du travail (DGT) voudra peut-être revoir certains points. Nous pouvons surtout en attendre des opportunités économiques pour les entreprises françaises puisque le repérage avant travaux va devenir obligatoire dans l’ensemble de l’UE. Cela ne veut pas dire que l’on va partir facilement à la conquête de ces marchés, mais la France possède désormais 25 années d’expérience dans le domaine, ce qui est loin d’être anecdotique. Bien évidemment, tout le monde n’a pas la capacité de se positionner sur les marchés étrangers, mais de grandes structures peuvent l’envisager.

Pour la DPEB, en revanche, il va y avoir beaucoup plus d’évolutions, en premier lieu avec l’instauration d’un modèle de rapport pour le DPE qui n’existait pas auparavant. Il faut savoir que dans certains pays, le certificat de performance énergétique (CPE) ne comprend qu’une étiquette, sans aucun rapport. Ce modèle de rapport commun comporte des nouveautés par rapport au DPE et chaque pays pourra décider d’y ajouter des options. D’ici deux ans, le DPE devra donc évoluer.

Sidiane et ses membres ont activement travaillé à l’élaboration de ces deux directives. Cela fait 20 ans que je suis dans le diagnostic et c’est la première fois que nous sommes associés à des travaux au niveau européen, qu’il s’agisse des travaux préparatoires avant la parution des directives, ou des travaux pratiques avec le CSTB et la DHUP pour leur transcription.

Aléa Contrôles en bref

Aléa Contrôles est une marque de la SAS Koalys qui détient aussi Diagamter. Créée au début des années 2010, elle regroupe les activités de repérage avant travaux en franchise, mais aussi des activités en propre comme un centre de formation SS3/SS4 et des missions de conseil et d’ingénierie (maitrise d’œuvre et AMO dans le domaine de l’amiante et du plomb). La très large majorité des franchisés Diagamter sont également franchisés Aléa Contrôles (150 agences en France). Koalys possède aussi une filiale en Espagne, ACM, qui réalise l’ensemble des activités Aléa Contrôles sur le marché espagnol, principalement en Catalogne, soit en appliquant la réglementation locale, soit en appliquant la réglementation française qui peut se révéler plus appropriée dans certains cas. ACM intervient ainsi dans le métro de Barcelone et au Camp Nou, stade du FC Barcelone, en cours de réhabilitation.

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