DPE ET AUDIT ÉNERGÉTIQUE : LE PROBLÈME N’EST PAS DÉONTOLOGIQUE Profession

Publié le par Mathias LOVAGLIO

Lors de notre précédent sondage, beaucoup d’entre vous nous ont fait part de leurs interrogations déontologiques quant à la possibilité de réaliser l’audit énergétique obligatoire d’une maison dont ils auraient précédemment effectué le DPE. Inversement, certains se demandaient s’ils accepteraient de prendre en charge cet audit rendu obligatoire par les résultats d’un DPE réalisé par l’un de leurs confrères. C’est pourquoi nous avons souhaité connaitre vos avis sur ces questions en vous soumettant un nouveau sondage.

 

Accepterez-vous de réaliser l'audit énergétique d'un bien dont vous avez fait le DPE ?

Pas de problème d’impartialité, mais plutôt un problème de confiance

66% des sondés ne comptent pas refuser de prendre en charge l’audit énergétique réglementaire d’un bien dont ils auraient fait le DPE. Quelques-uns (10,5%) considèrent qu’il y a un problème éthique, mais ils s’estiment dans leur bon droit puisque, juridiquement, rien ne les empêche de réaliser la fois le DPE et l’audit énergétique d’un même bien. Mais pour une très large majorité d’entre eux, cette possibilité ne porte pas atteinte aux règles déontologiques de la profession (82,5%). Au contraire, ils évoquent de nombreux avantages aussi bien commerciaux que techniques. « Le coût et les délais pour le client seront forcément bien meilleurs », argumente l’un d’entre vous. Partant du principe que le bien est déjà connu et qu’ils auront une vision claire et précise des données saisies, nombreux sont ceux qui s’estiment être bien placés pour assurer la prise en charge de l’audit énergétique à la suite du DPE. « Un gage de qualité » même, dès lors que le DPE est correctement effectué. « Il faut toujours se mettre à la place du client qui ne souhaite pas avoir un défilé d’interlocuteurs qui fassent quasiment la même chose ! En tant que professionnel et sachant, je ne vois pas, si l’on fait les choses comme elles doivent être faites, pourquoi l’on ne pourrait pas réaliser et le DPE et l’audit. Ça n’est pas comme si l’on faisait le DPE, l’audit et les travaux ! »

Pas de problème d’impartialité donc, dès lors que le DPE est bien réalisé et si « le client estime que nous sommes « juge et partie », il pourra toujours demander l’audit énergétique à un autre diagnostiqueur ».

En revanche, s’ils se montrent confiants quant à la qualité de leur travail, ces sondés se montrent beaucoup plus réticents à assurer une mission d’audit sur la base d’un DPE qu’ils n’auront pas réalisé : « Qui va prendre le risque de faire un audit sur la base du DPE d’un confrère ? Inexorablement, on va vérifier, ressaisir un nouveau DPE, qui deviendra notre base de travail. » Un manque de confiance dans le travail d’autrui que la récente enquête de 60 Millions de consommateurs a probablement renforcé « Au vu de certains DPE incomplets ou bâclés, je n’utiliserai pas le DPE d’un confrère pour réaliser l’audit ». C’est même, pour certains, une future « source de litige entre diagnostiqueurs » : « Si je fais un audit pour un bien et que je le classe en E alors qu’un autre diagnostiqueur l’a classé en F juste avant, quel va être le sentiment du client ? Devait-il faire un audit ? Qui va payer ? N’allons-nous pas vers une vague de procès ? », s’inquiète l’un d’entre vous.

1 diagnostiqueur sur 5 prêt à décliner l’audit énergétique après son DPE

19,3 % des sondés déclarent qu’ils n’accepteront pas de réaliser l’audit énergétique obligatoire d’une maison classée en passoires énergétiques par leur propre DPE. Si pour un tiers d’entre eux, la raison en est simple puisqu’ils n’envisagent pas de se former à l’audit, ils sont 80% à considérer que réaliser le DPE puis l’audit énergétique d’un même bien est contraire à l’idée qu’ils se font des règles déontologiques de leur profession. « Question d’objectivité » pour les uns, « suspicion du client » pour les autres, ces diagnostiqueurs estiment qu’ils ne peuvent être à la fois juges et parties et craignent même que « cette possibilité contribue à détruire un peu plus notre image déjà déplorable ».

Pour éviter d’être confrontés à ce qu’ils estiment être une atteinte à leur déontologie, 1/3 envisage de nouer des partenariats avec d’autres diagnostiqueurs, voire avec des bureaux d’études thermiques, quitte à « effectuer uniquement la prise de relevé et la restitution de l’audit énergétique ». Alors que la question de l’harmonisation des pratiques est posée, cette option pourrait d’ailleurs s’avérer bénéfique aux partenaires en favorisant les échanges et les partages de connaissances.

Certains doivent néanmoins faire preuve de pragmatisme : « Lors de la mise en place de l’audit énergétique, je n’étais pas favorable à cette prestation par notre profession, pour cette raison de déontologie. Sur mon secteur, après l’absence de contact de bureaux d’études, et ce malgré mes nombreuses relances, je ne pouvais à ce jour proposer à mes clients une entreprise extérieure pouvant réaliser cette opération. Je me vois donc dans l’obligation de proposer cette prestation. »

Encore 15% d’indécis

15% des sondés ont déclaré ne pas encore avoir décidé s’ils réaliseront à la fois le DPE et l’audit énergétique d’un même bien. Les raisons en sont assez hétérogènes. Les uns hésitent « à cautionner une obligation qui ne sert à rien » car proche du DPE et/ou ne permettant pas d’accéder aux aides, d’autres préfèrent attendre la mise en route et les outils pour se positionner ou non sur cette mission, tandis que les derniers estiment que cette prestation relève d’un autre métier. On retrouve aussi, parmi ces indécis, des diagnostiqueurs qui se questionnent sur l’impartialité à « faire un audit qui est rendu obligatoire par un DPE qu’on a soi-même fait ».

La rédaction de Diagactu répond…

L’un des sondés nous a demandé si nous comptions faire « une enquête sur le ressenti des diagnostiqueurs à la veille de faire ce travail pour lequel nous ne sommes pas prêts » et sur « la justesse de la mise en œuvre de l’audit énergétique ». Notre précédent sondage portait justement sur ces sujets et nous invitons donc les lecteurs qui souhaitent en connaitre les résultats à consulter nos différents articles de restitution :

Ce qui nous permet de répondre à un second commentaire qui nous reprochait de ne jamais donner les résultats de nos sondages. Chaque sondage que nous réalisons donne systématiquement lieu à un ou plusieurs articles de restitution.

Sondage réalisé du 7 au 10 juin 2022 auprès d’un panel de 450 répondants.

 

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