RVDI 2025 : CE QU’IL NE FALLAIT PAS MANQUER Profession

Les RVDi 2025 ont une fois de plus prouvé leur statut de temps fort de la profession. Un temps de rencontre entre diagnostiqueurs, mais aussi avec la quarantaine d’exposants. Un temps d’échange avec les 4 tables rondes dont le programme a été adapté en raison des annonces ministérielles. Rendez-vous est déjà pris pour l’édition 2026.
La 20e édition des Rendez-vous du Diag’immo (RVDi) qui s’est tenue le jeudi 20 mars à Paris a rencontré un vif succès, rassemblant plus de 600 professionnels ou futurs professionnels présents sur une journée. Cette forte participation de tous les acteurs du secteur, diagnostiqueurs immobiliers, indépendants ou franchisés, chefs d’entreprises de petites et de plus grandes tailles, salariés, organisations professionnelles, etc., témoigne de l’intérêt lié aux enjeux actuels et futurs du diagnostic immobilier.
À noter également la présence du COFRAC et de la DHUP, parmi d’autres institutionnels, venus écouter avec beaucoup d’attention les professionnels évoquer les différentes problématiques liées à l’exercice concret de leur métier.
L’édition 2025 a en effet mis en lumière les grands défis à venir pour la profession et cet événement, coorganisé par Concio Prod (Leslie Queyraud) et Diagactu depuis 2009, a une fois encore démontré son importance en tant que moment d’échanges, d’information et de rencontres. Un évènement essentiel pour une profession qui a plus que jamais besoin de travailler ensemble.
Plus de 40 entreprises, dont plusieurs nouvelles venues, ont aussi pu présenter leurs solutions, qu’il s’agisse de formation, de certification, d’assurance, de logiciels et d’équipements de mesure ou de services d’accompagnement pour les professionnels. Les échanges entre exposants et visiteurs ont été encore une fois fructueux.
Le compte-rendu des tables-rondes
Le programme des conférences a été particulièrement apprécié, avec des interventions de professionnels reconnus autour des principaux sujets d’actualité du métier et une animation toujours aussi dynamique de Thierry Eon. Les thèmes abordés ont en effet permis d’évoquer l’actualité liée au DPE avec un programme quelque peu bouleversé en dernière minute pour tenir compte des récentes annonces du ministère du Logement et de la diffusion d’un reportage sur le DPE dans l’émission Complément d’enquête sur France 2 en fin de soirée.
Les diagnostiqueurs « solos », espèce en voie de disparition ?
Thomas Gomez, co-gérant du cabinet Pôle expert et expert de justice, Vincent Delaroche, formateur et gérant de DIT·Formation, Frédéric Obled, diagnostiqueur( SIBANE Diagnostic) et adhérent de l’Alliance du diagnostic immobilier, et Paul Domaradzki, directeur du développement de Diagamter, ont débattu de l’avenir des diagnostiqueurs solos dans un contexte réglementaire et économique de plus en plus complexe. Ils ont ainsi pu partager leur expérience reposant sur des stratégies différentes.
Tous quatre ont été unanimes à entrevoir un avenir aux solos et aux TPME, à condition de respecter certains impératifs comme la nécessité d’être accompagné dès l’installation (expertise comptable, aide juridique ou administrative, communication) afin de structurer le cabinet. Ils ont également insisté sur l’importance de la formation, de la montée en compétences et de la veille afin de se tenir au fait des enjeux aussi bien réglementaires qu’économiques. Ils ont aussi évoqué la diversification des activités pour les diagnostiqueurs expérimentés.
« Un entrepreneur doit avoir une vision pour son entreprise. La clé de la réussite c’est de ne pas être seul », selon Paul Domaradzki. « Il va falloir de plus en plus spécialiser les cabinets parce qu’il devient difficile de tout absorber, éventuellement par du recrutement si c’est l’ambition du chef d’entreprise ». « Je me suis spécialisé petit à petit alors que celui qui arrive aujourd’hui sur le marché a l’inconvénient de devoir tout apprendre en une seule fois » a constaté Frédéric Obled.
Les intervenants sont aussi revenus sur les enjeux de tarification. « Se diversifier était une solution qui permettait de développer notre chiffre d’affaires, mais aussi de défendre notre tarification sur le diagnostic », estime Thomas Gomez. « Quand on voit ce que pèse aujourd’hui la certification sur un diagnostiqueur, il faut savoir défendre son prix, ce qui est plus facile quand on a d’autres activités à côté ». « Il faut être capable de diversifier sa stratégie et être capable de vendre un tarif » a ajouté Vincent Delaroche. « Il faut faire comprendre aux agences immobilières et aux notaires qu’ils ont plus besoin de nous que nous d’eux. Le diagnostiqueur solo doit avoir plusieurs cordes à son arc dont des compétences pédagogiques ».
Certification DPE/audit : bilan et perspectives du nouveau régime
Lionel Janot, coprésident de l’Alliance du diagnostic immobilier, Séverine Micheau, responsable de la certification de personnes chez Afnor Certification, Jean-Marc Verney, président de l’AFIDEN et Patrick Gombaud, président de l’Onedi, étaient invités à tirer les premiers enseignements des nouveaux dispositifs de certification pour le DPE et l’audit énergétique, mais aussi à commenter les mesures annoncées la veille par la ministre du Logement.
Lionel Janot et Patrick Gombaud ont dressé un bilan similaire des difficultés que posent les CSO, en termes d’organisation, de coût et surtout de conséquences alors que l’objectif attendu de montée en compétences ne semble pas atteint. Un constat qui suscite l’incompréhension des diagnostiqueurs. « Nous sommes sur un système purement punitif et qui ne fait pas progresser les gens. II est urgent de revoir le système du contrôle sur ouvrage », a ainsi estimé Lionel Janot. « Le plus inquiétant, ce sont les errances des organismes de certification » a ajouté Patrick Gombaud. Il a ainsi cité diverses situations qui lui ont été remontées : des écarts qui n’existent pas, des contrôleurs qui se contentent de quelques questions et n’assistent pas à la réalisation du diagnostic, et surtout des CSO fantômes, validés sans avoir jamais eu lieu. Il a tenu à adresser un message fort aux OC : « Vous contrôlez les diagnostiqueurs, et bien nous allons vous contrôler ! », provoquant les applaudissements de la salle. Lionel Janot est aussi revenu sur le rendez-vous avec la ministre du Logement et les mesures annoncées la veille. « Le ministère a confiance en nous. Les dix points du plan d’action sont sujets à remontées de notre part. Il faut s’en saisir et surtout travailler d’une seule voix pour que les pouvoirs publics n’aient pas d’autres choix que de nous suivre», une intervention également saluée par des applaudissements.
Séverine Micheau a réagi : « Il ne faut pas mettre tous les OC dans le même panier. S’il y a un problème avec un OC qui ne respecte pas le dispositif, il faut que le diagnostiqueur dépose une réclamation auprès du Cofrac ». Jean-Marc Verney a souhaité ensuite rebondir : « Ceux qui me connaissent savent que je suis un peu cash. C’est un débat un peu stérile depuis plusieurs années. Tout le monde sait très bien comment cela se passe dans certains OC. Tout le monde connait les noms et des remontées ont été faites par les diagnostiqueurs, par les fédérations, par les centres de formation… Mais que fait le Cofrac ? »
Séverine Micheau a alors repris la parole pour expliquer que les audits du Cofrac mobilisent beaucoup les OC. « Je parle de mon OC avec un système qualité mature, qui joue le jeu depuis le début, qui défend la norme internationale sur laquelle repose notre métier, avec des verrous en matière d’impartialité, des exigences sur la qualification des examinateurs… ».
Patrick Gombaud a fait part de sa propre expérience : « Le Cofrac est un véritable labyrinthe. Quand un diagnostiqueur s’adresse à nous, il y a une urgence. On n’a pas six mois. C’est pour cela que nous avons choisi une autre solution : la plainte en référé et la presse, systématiquement. On donnera les noms, on n’hésitera pas ». S’adressant à Séverine Micheau. « Il y a certains organismes comme le vôtre qui continue à privilégier les outils adéquats. Pourquoi n’y a-t-il pas un modèle unique imposé ? On parle de DPE de complaisance, mais pourquoi on ne parle pas de certification de complaisance ? Il y en a aussi. Certains OC nous ont dit : on suit le système, on n’a plus de gradation comme on en avait dans le système précédent. Vous le subissez, vous n’avez pas le choix parce que ça a été mal fabriqué. La première chose que nous avons à faire, c’est de faire tomber cet arrêté car il ne marche pas ».
Présent dans la salle, le Cofrac, représenté par Olivier Bayol, responsable d’accréditation, a souhaité prendre la parole sous les applaudissements. « il y a beaucoup d’incompréhensions. Que fait le Cofrac ? C’est la bonne question à laquelle je dois vous répondre. On contrôle à partir des éléments qu’on nous fournit. Les cas que vous avez cités sont à porter à notre attention. La bonne personne à solliciter, c’est moi et mon adresse mail. Je vous répondrai systématiquement. Mais je précise que le Cofrac n’a pas de pouvoir de police. Notre rôle est d’accréditer la compétence d’un organisme de certification. Si vous voulez que le Cofrac agisse, il nous faut des preuves et des éléments tangibles. Un coup de téléphone ne sert à rien. Et vous imaginez bien qu’on ne me remonte jamais le cas d’un CSO fantôme. Vous disposez de deux moyens pour agir auprès de votre OC : l’appel de décision et la réclamation. Si cela ne fonctionne pas, il faut alors en référer au Cofrac ».
En conclusion, Jean-Marc Verney a tenu à remercier le Cofrac d’être intervenu. « Il y a dans cette assemblée d’autres entités ministérielles qui n’interviennent pas… Nous avons les diagnostiqueurs, les OF, les OC, mais par rapport aux remontées des médias concernant les différences de classes du DPE, il y a aussi les éditeurs de logiciels dans cette boucle. Ils sont les oubliés du débat et pourtant je pense qu’ils ont une part de responsabilité ». « Cette transition est difficile pour tout l’écosystème. Nous avons été sollicités de nombreuses fois par les pouvoirs publics pour réfléchir ensemble. Il faut rester positif car ce dispositif est jeune. Il faut rester dans une démarche de positionnement du diagnostiqueur au cœur du système et travailler à son amélioration » a ajouté Séverine Micheau. « Il va vraiment falloir s’inquiéter de la porosité entre les organismes de formation et les organismes de certification. Si on veut que la filière puisse répondre aux demandes de DPE, il faut que les pouvoirs publics comprennent qu’on est à un point de bascule et si cela ne va pas mieux, le marché va se bloquer avec des effets collatéraux » a conclu Lionel Janot.
DPE de complaisance : les diagnostiqueurs au banc des accusés
Cette table ronde promettait de vifs échanges autour de l’étude Krno dénonçant une proportion importante de « DPE de complaisance » sur la base Ademe. Il faut, à cet égard, saluer la présence de Ruben Arnold, fondateur de la start-up, qui a assumé sa démarche devant un auditoire très critique et des intervenants qui lui ont répondu d’une même voix.
En introduction de la table ronde, Ruben Arnold a présenté la méthode et les résultats de son étude, étude remise en cause sur le plan méthodologique et sur ses conclusions par Thierry Marchand, Yannick Ainouche, respectivement administrateur et coprésident de l’Alliance du diagnostic immobilier, Jean-Christophe Protais, président de SIDIANE, mais aussi Patrick Gombaud, président de l’ONEDI, et David Brutin, professeur des Universités et expert judiciaire, qui sont intervenus depuis la salle. Ils ont aussi critiqué une opération de communication réalisée sur le dos des diagnostiqueurs et du DPE. « Faire sa publicité sur une filière, c’est un petit peu facile, surtout pour une start-up qui débute » a ainsi déclaré Yannick Ainouche. « Notre propos n’est pas de jeter l’opprobre sur une profession mais d’essayer de comprendre les problématiques des utilisateurs de DPE », s’est défendu Ruben Arnold.
Les échanges ont aussi porté sur les dix mesures annoncées par la ministre du Logement. « Nous avons des pouvoirs publics qui ont entériné l’existence de notre filière. Ces annonces sont probablement un contre-feu intelligemment allumé pour parler avant tout de la réunion plutôt que de la diffusion du reportage ce soir » a estimé Hervé Pogam, président de l’AOCP. « Ce que le ministère attend de nous, c’est qu’on contrôle plus, mais surtout, et c’est une nouveauté, qu’on élimine les professionnels qui ne jouent pas le jeu ». Yann Vogel, président de l’AOFDI, a rappelé l’importance de la montée en compétences des diagnostiqueurs et de choisir des formations de qualité. Il a aussi tenu à préciser que finalement, 1,7% de DPE erronés était un bon résultat comparé à d’autres professions ou d’autres secteurs pourtant moins stigmatisés.
Sinistralité : conseils de prévention des risques
Pour débuter cette table ronde, Richard Morin, administrateur de SIDIANE, et Ying Liang, CEO de Klarity Assurance, ont dressé un état des lieux de la sinistralité dans la profession. « Nous constatons une accélération des réclamations qui, si elles ne sont pas suffisamment traitées en amont, vont engendrer de la sinistralité » a ainsi expliqué Richard Morin. « Deux activités, l’avant travaux et l’état parasitaire, sont particulièrement exposées », selon Ying Liang. « Mais on note la montée en fréquence du DPE, avec cependant moins d’intensité que les deux autres ».
Yann Vogel, président de l’AOFDI, a tenu à tordre les idées reçues sur la sinistralité des débutants qui serait plus élevée que celles des plus expérimentés. (voir notre interview). « Le devoir de conseil manque énormément dans les rapports », a-t-il aussi expliqué. « Si le juge estime que vous n’avez pas été assez clair, il retiendra votre responsabilité. Attention aussi aux logiciels qui sont sur-automatisés et peuvent vous enfoncer. Il faut y renseigner votre propre bibliothèque de phrases et de réserves et y piocher selon les circonstances ».
Pour l’avocat Guillaume Desmure (cabinet De Angelis), « Il y a une fréquence de sinistres qui est largement due à la méconnaissance de la profession » entrainant un nombre non négligeable de réclamations qui, bien souvent, aboutissent à une décision favorable au diagnostiqueur. « Je constate une augmentation phénoménale de la sinistralité qui est inquiétante pour les assureurs et pour toute la filière », a ajouté Maitre Damien Jost, avocat spécialisé dans l’immobilier. « Il faut mieux se protéger avec des réserves, des conseils, des explications sur la mission et son déroulement ». Les deux avocats sont aussi revenus sur le récent arrêt de la Cour de cassation, source d’inquiétude quant aux montants des indemnisations, un dossier dans lequel aucune réserve ne figurait dans le rapport.
David Brutin a pu faire part de ses retours d’expérience en tant qu’expert judiciaire. Il a dressé un constat similaire : « Dans tous les DPE que j’ai eus entre les mains, il n’y avait aucun commentaire, aucune photo. Ce travail permettrait pourtant à l’expert, sur lequel le juge s’appuie, de voir que le diagnostiqueur est de bonne foi ».
Rendez-vous en 2026
Chaque année, les RVDi s’inscrivent un peu plus comme le rendez-vous incontournable de la filière du diagnostic immobilier. Cette édition 2025 a mis en lumière les enjeux majeurs du secteur et les défis à venir, défis qui exigent plus que jamais l’unité. Si la montée en compétences des diagnostiqueurs apparait comme l’un des leviers essentiels pour structurer et faire évoluer la profession, elle ne pourra se faire sans un écosystème mature et à la hauteur des enjeux. Le plan ministériel présenté la semaine dernière par Valérie Létard a posé les jalons pour sanctionner plus efficacement tous les acteurs de la filière qui ne respectent pas encore les règles du jeu. La filière devra veiller à ce que ce discours de fermeté ne se traduise pas par une nouvelle accumulation de contraintes, mais par des actions concrètes et efficaces. Ce sera bien là l’un des enjeux des douze prochains mois et nous aurons probablement l’occasion de faire le point lors de l’édition 2026 des RVDi, une édition dont le format pourrait évoluer. À suivre…
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